Le marché du droit est depuis quelques années en pleine transformation, avec l’essor des nouvelles technologies et du numérique. De nouveaux acteurs sont ainsi venus directement impacter les professionnels de ce secteur comme les avocats. Ces start-up sont issues de la LegalTech, terme créé aux États-Unis dans les années 2000. Elle désigne des entreprises qui utilisent la technologie, les logiciels et les applications pour proposer des services juridiques. Objectif : automatiser et simplifier certaines tâches ainsi que rendre le droit plus abordable auprès du public. En France, ces start-up ont mis du temps à s’imposer, mais bousculent le secteur aujourd’hui. Zoom sur quelques-unes d’entre elles.
Quatre cents milliards de dollars… C’est ce que représente le marché du droit aux États-Unis. Les start-up américaines de la LegalTech sont au nombre de trois cents aujourd’hui et représentaient plus de 254 millions de dollars d’investissement en 2014. En France, l’industrie du juridique pesait plus de 31,1 milliards d’euros en 2017 selon une étude de l’Observatoire des acteurs économiques du marché du droit. Actuellement, 75 entreprises françaises de la LegalTech existent dans l’Hexagone. 12,8 millions d’euros de fonds ont été levés en 2017 pour ces sociétés. 38 % de celles-ci interviennent dans la rédaction d’actes et de documents juridiques, 22 % dans l’information juridique et 19 % dans la mise en relation entre les acteurs du droit et les particuliers. Ces start-up françaises de la LegalTech proposent ainsi des solutions intéressantes pour venir en aide aux clients, mais aussi aux professionnels de la justice.
Captain Contrat, plateforme qui facilite la vie juridique des entreprises
Créée en novembre 2013 par deux frères, Maxime et Philippe Wagner, la start-up Captain Contrat propose aux entreprises une plateforme qui offre des contenus et services pour les aider dans des démarches juridiques variées comme la création d’une société ainsi que la rédaction de contrats de travail et commerciaux. Leur mission est d’accompagner l’entrepreneur dans sa réussite en rendant le juridique accessible. Le dirigeant est ainsi suivi et accompagné par un référent unique dans la constitution de son dossier et par des avocats spécialisés directement depuis la plateforme. Des articles, des témoignages et des guides sont mis à disposition pour l’aider. Leurs démarches administratives sont alors déléguées aux experts qui les traitent rapidement et échangent les informations via un espace client. Plus de cent avocats sont disponibles et le programme propose grâce à un algorithme de recommandation, la personne la plus adaptée aux besoins de l’entrepreneur et de son entreprise. La prestation peut ensuite être délivrée en moins de 72 h. Les tarifs sont forfaitaires et garantis sans dépassement d’honoraires. Si par exemple, une personne veut créer une SAS (société par actions simplifiée, ndlr), elle déboursera 519 euros en plus des frais administratifs, pour la gestion des formalités et la mise en place des statuts effectués par un avocat. La start-up revendique 20 000 prestations réalisées auprès de 6 000 clients et a levé quatre millions d’euros en décembre 2017 pour renforcer son effectif et sa plateforme.
Call A Lawyer, une application de mise en relation clients/avocats
Créée en 2015 par Mathieu Davy, Nicolas Rebbot, Benoît Raphaël, François Pekly et Julien Tauvel, la start-up Call A Lawyer offre une application mobile de mise en relation entre des clients et des avocats. Une personne qui a besoin d’un avis juridique rapide peut ainsi entrer en contact au téléphone et recevoir une réponse directe et précise pendant vingt minutes, en déboursant vingt euros. L’utilisateur doit juste sélectionner, via l’application, dans quel domaine il souhaite poser sa question. Une liste d’avocats lui est alors présentée selon la spécialité choisie. Le membre peut ainsi consulter leurs fiches détaillées avec le nombre de dossiers qu’ils ont pu traiter, leurs années d’expérience ainsi que leur localisation. La demande sera ensuite envoyée et il recevra un appel de l’avocat sous cinq minutes. À l’issue de cet entretien téléphonique, les deux parties pourront se rencontrer. La mise en relation peut être effectuée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. L’application compte 500 avocats dans toute la France et plus de 2.000 clients aujourd’hui.
Doctrine, le moteur de recherche pour les professionnels du droit
Lancée en 2016 par Raphaël Champeimont, Nicolas Bustamante et Antoine Dusséaux, la start-up Doctrine a mis en place un moteur de recherche juridique à destination des professionnels du droit. Souvent dénommé le « Google » des avocats, il met à disposition un fonds de plus de sept millions de décisions de justice, émanant des institutions juridiques comme les cours d’appel et les tribunaux de grande instance. Pour 129 euros par mois, les juristes peuvent alors consulter ces nombreux documents. Afin de mettre en place ce fonds, plusieurs sources sont utilisées comme les juridictions partenaires et des robots de l’entreprise, qui naviguent sur Internet pour trouver ces fichiers. Doctrine utilise l’intelligence artificielle, via des algorithmes pour faire fonctionner plus rapidement le moteur de recherche et le mettre à jour régulièrement. Les utilisateurs cherchent ainsi facilement les documents selon un mot-clé, un thème, une société ou une date. Ils disposent également d’un outil d’aide à la décision, le « Legal Intelligence » qui leur permet d’analyser et de suivre l’activité juridique d’une entreprise. Selon la start-up, plus de 8 000 juristes utilisent leur site au quotidien pour préparer leurs affaires et conseiller leurs clients. Des grandes entreprises comme Free ou des services publics comme la mairie de Paris s’en servent également. La start-up vient de lever en juin dernier, dix millions d’euros auprès d’Otium Venture et de Kima Ventures, fonds d’investissement de Xavier Niel.
Pour soutenir ces start-up françaises qui se lancent dans le secteur du droit, un salon intitulé le Village de la LegalTech, est organisé chaque année, pendant deux jours pendant lequel des conférences, des expositions et des ateliers sont mis en place. Cet événement est à l’initiative de « OpenLaw*le droit ouvert » (association qui propose un espace de travail et d’expérimentation pour l’ensemble des acteurs du monde du droit, ndlr) et du média spécialisé « Le Village de la Justice ». L’occasion de rencontrer, d’échanger, de se former et trouver des solutions innovantes avec tous les acteurs du secteur, comme les juristes, les notaires, les étudiants ainsi que les entrepreneurs. La 3ème édition sera lancée les 27 et 28 novembre prochains.