On découvre parfois, par le biais de la recherche scientifique, des parallèles intéressants entre le comportement des animaux et celui des êtres humains. Comme la meilleure manière de vous le prouver est de vous en faire la preuve, petit flash-back…
L’étude universitaire sur les macaques berbères femelles
J’ai découvert une étude menée par des chercheurs des universités de Liverpool et Manchester sur le stress des macaques berbères femelles. Cette étude publiée dans la revue General and Comparative Endocrinology, sous le titre “Associations between social behaviour and adrenalactivity in female Barbary macaques », s’intéresse aux comportements individuels des macaques berbères face au stress selon le rang qu’ils occupent au sein de leur groupe.
L’équipe de chercheurs s’est rendue dans la forêt de singes de Staffordshire à Trentham, au Royaume-Uni pour observer leurs différents comportements liés au stress. Les scientifiques ont ensuite mesuré chez les femelles macaques ayant subi des événements stressants, leur taux d’hormone de stress, le fameux cortisol à partir de prélèvements de leurs excréments.
Les résultats obtenus valident le lien entre le nombre d’événements vécus comme stressants tels que les menaces, les conflits, les gifles ou bien les comportements de soumission et le niveau de stress. Plus les singes subissent des tensions et plus le taux de cortisol s’élève.
Au-delà du simple fait que nous pouvons nous réjouir ou pas …que les humains ne soient pas les seuls à subir les effets du stress dans un cadre bien hiérarchisé, il apparaît de manière flagrante dans cette étude, que ce sont les macaques qui se situent au milieu de cette hiérarchie qui sont les plus stressés. Ils doivent en effet faire face à plusieurs conflits en même temps soit pour défendre leur position dans le groupe en faisant face aux singes de classe inférieure soit en subissant les foudres de l’autorité des classes supérieures qui détiennent le pouvoir et qui en abusent par des comportements de domination parfois violents.
Vous voyez sûrement ou je veux en venir, n’est-ce pas ?
Selon la directrice de cette étude, Katie Edwards du Liverpool’s Institute of Integrative Biology, « Il est raisonnable de penser que ces observations sont transposables à l’homme. Les personnes occupant les niveaux hiérarchiques intermédiaires dans les organisations convoitent les rangs supérieurs, mais doivent aussi exercer leur autorité sur les personnes des rangs inférieurs, ce qui les oblige à intervenir sur plusieurs fronts à la fois. »
Et si nous faisions la même expérience au sein d’une entreprise et que nous analysions les résultats entre le taux de cortisol des salariés, celui des managers et enfin celui des dirigeants, pensez-vous que nous arriverions à la même conclusion ?
Dans cette étude, c’est la hiérarchie dans le groupe et les relations entre les individus (pouvoir, domination, soumission) qui engendrent le stress. Dans les entreprises, il serait difficile de porter un jugement uniquement fondé sur ces observations et ces prélèvements. En premier lieu, il conviendrait de rappeler que le stress résulte d’un déséquilibre entre la perception d’une demande et celle que l’individu a de ses ressources pour y répondre. C’est également un sentiment de perte de contrôle face à une situation. Il ne peut donc pas être associé uniquement aux middle management, un salarié qui se sent dépassé et qui n’a pas les ressources ni les moyens nécessaires pour prendre une décision sera autant stressé que son manager à qui la direction imposera des objectifs impossibles à atteindre par manque de moyens ou de personnels.
Les facteurs de stress extérieurs
Les facteurs extérieurs peuvent être des sources de stress importants au sein des organisations. Si une mauvaise organisation du travail ou un manque de communication entre les différents services laisse les salariés dans l’impossibilité de fournir un travail correct, alors il y aura immanquablement des conséquences sur les salariés autant au niveau individuel que collectif.
Les facteurs de stress intrinsèques
Il ne faut pas non plus minimiser l’impact des facteurs individuels dans le niveau de stress des managers. Ceux-ci tiennent à l’histoire de l’individu et à ses expériences passées. Ce sont ces expériences qui vont influencer les réactions et les comportements en situation de stress. Le manager doit faire face à de multiples situations où son autorité et ses décisions peuvent être remises en cause. Il est nécessaire qu’il soit parfaitement armé pour y répondre sans créer de conflits ni rajouter des tensions inutiles.
Le niveau de latitude décisionnelle dans la prise de décision
Le niveau de stress dépend également de la latitude décisionnelle que chaque individu détient dans le cadre de sa sphère de travail. Selon Karasek (1979), quand le niveau d’exigence est élevé et qu’il est associé à une importante marge de manœuvre alors les situations de stress sont vécue comme des expériences dynamisantes, c’est ce que certains appellent« le stress positif ».C’est en effet le cas des postes de directions qui ont de fortes exigences mais qui ont les moyens tant humains que financiers d’atteindre leurs objectifs, ils sont dans la maîtrise de leur environnement et ne le subissent pas. Dans le cas contraire ou un salarié est soumis à de fortes contraintes professionnelles avec une marge de manœuvre faible, son stress va être plus difficile à gérer et sera ressenti comme négatif. Si cette situation persiste, il vivra alors une dégradation de son bien-être et de sa santé. Généralement, son niveau de stress augmentera avec le temps.
Hommage aux macaques berbères
Je tiens à rendre un hommage particulier à ces macaques berbères qui vont malheureusement encore subir pendant de nombreuses décennies les mêmes schémas comportementaux. Notre chance, c’est notre prise de conscience car contrairement aux macaques, les humains, peuvent décider d’agir face à ces comportements de stress en mettant en place une politique de prévention et de gestion du stress à tous les niveaux hiérarchiques.
Comme quoi, l’évolution a du bon parfois …..