Pour faire bouger son entreprise, le dirigeant doit avant tout donner envie à ses salariés de prendre en main le changement. Croire qu’il peut tout faire tout seul est une illusion et on va plus loin à plusieurs. Une nouvelle vision du management qui donne à tous la mission de la réussite de l’entreprise a émergé depuis quelques années.
Qui n’a jamais entendu un dirigeant d’entreprise animé des meilleures intentions expliquer que, malgré les précautions prises, la transformation qu’il appelait de ses vœux n’aurait pas lieu. En cause, les équipes n’ont pas adhéré au sens que leur patron trouvait, quant à lui, d’une absolue évidence…
Changer notre vision du leadership
Comment se fait-il alors que les projets de transformation soient aujourd’hui encore l’épine dans le pied des leaders ? N’y a-t-il pas là un problème de compréhension du rôle à jouer dans la conduite de projets de transformation ?
En effet, le dirigeant se perçoit (et a le sentiment sincère d’être attendu par son entourage direct) comme l’homme providentiel. Celui par qui le changement doit arriver. Il serait le dépositaire unique de la vision. Il en va de sa légitimité de patron !
Et si l’on changeait notre regard sur le leadership et humilité ? Et si l’on imaginait un monde où le dirigeant à la tête d’un projet de transformation aurait pour mission de permettre – au sens de donner la liberté, de libérer le pouvoir de faire et le pouvoir de dire – à ses équipes et aux collaborateurs qui les composent, de créer ensemble ce fameux Graal pour eux et pour ceux qui les entourent…
Faire émerger les intrapreneurs
Le dirigeant serait alors celui qui autorise et orchestre un processus de co-construction d’une ère nouvelle. Celle qui libèrerait la parole dans l’entreprise, amenant chacun à exprimer en confiance ses idées et à s’affranchir de ses pesanteurs personnelles. On voit par exemple se créer dans des entreprises des « chambres d’expression libre ». Ce sont des espaces réservées et sécurisés dans lesquels les collaborateurs sont invités à écrire ouvertement et sans autocensure, sur des grands murs vierges tapissés de papier blanc, leurs peurs, leurs réticences mais également leurs aspirations et leurs besoins.
Un processus au travers duquel se révèleraient « les intrapreneurs » qui sommeillent en chacun. Chaque collaborateur, animé par la confiance en sa capacité de proposer, d’innover, de faire « bouger les lignes ». Il se vivrait alors non seulement comme un acteur de « sa » transformation, mais aussi comme un élément solidaire de la chaîne de transformation, recherchant le meilleur pour lui et pour l’autre. Il ferait ainsi évoluer ses pratiques et ses comportements dans le sens de l’intérêt commun.
Jouer collectif pour faire bouger l’entreprise
Il s’agit de mettre en place n processus de changement dans une entreprise qui ferait le pari de la décision collective. La voix du dirigeant ne s’imposerait pas urbi et orbi. Ce processus soutiendrait le développement de la coopération en interne et au-delà, avec l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise, notamment par la mise en place d’outils conversationnels (plateforme communautaire, wiki, forum, etc.). Le dirigeant ne chercherait plus à maîtriser les diverses initiatives prises par ses équipes mais plutôt à favoriser l’émergence de communautés vivantes au service de l’adaptation permanente de son entreprise…