La valorisation de l’entreprise par la méthode des actifs immatériels

La valorisation de l’entreprise s’avère indispensable lors d’une augmentation de capital, tant pour les créateurs (valeur pré monnaie) que pour les investisseurs (valeur post monnaie) afin qu’ils connaissent leur(s) futur(s) pourcentage(s) respectif(s). Elle permet notamment de « camper le paysage » en termes de négociation sur la valeur de l’entreprise entre ces deux parties et d’objectiver ainsi la transaction.

Les méthodes traditionnelles de valorisation de l’entreprise, de nature comptable et financière, sont généralement peu adaptées et pertinentes pour la valorisation : des entreprises innovantes de création récente, des PME « classiques » de moins de cinq ans d’existence et des firmes leaders dans leur secteur.

Des méthodes classiques qui ne conviennent pas pour les start-up

La méthode comparative, consistant à apprécier une entreprise par rapport à ses concurrents ou à des entreprises comparables, en prenant comme référence les multiples de chiffre d’affaires ou de résultat d’exploitation n’est plus applicable dans un contexte « déboussolé » ou n’a pas beaucoup de sens quand elle compare des entités disparates. De même, pour une jeune société n’ayant généralement pas encore de chiffre d’affaires significatif, la méthode dite du multiple de chiffre d’affaires n’est pas applicable.

Il en est de même pour la méthode du multiple de résultat net du fait qu’une start-up n’aura pas de résultat net positif sur les premiers exercices. La méthode financière, qui consiste à actualiser la valeur de l’entreprise, calculée à partir des flux de trésorerie que va générer son exploitation dans les années à venir en examinant son Business Plan, est la plupart du temps inapplicable ou théorique. L’analyse DCF (« Discounted Cash Flow ») n’est applicable que dans les cas d’entreprises déjà ou en passe de devenir bénéficiaires et où le futur prolonge ou amplifie un passé véritable dans les comptes historiques. L’absence de continuité explique d’ailleurs que la méthode DCF soit parfois décevante quand elle a servi à définir une valeur d’entreprise au moment de son introduction en Bourse.

Les bases de la méthode de valorisation de l’entreprise par les actifs immatériels

La valorisation du capital immatériel des entreprises publiques et privées est devenue un sujet majeur pour analyser la dynamique et la compétitivité des économies modernes. Le capital immatériel englobe la propriété industrielle détenue par l’entreprise (brevets, licences, marques …), l’ensemble du savoir-faire technique et managérial de la société et enfin la qualité des relations de celle-ci avec ses clients, fournisseurs et partenaires. L’appréciation de ces intangibles peut se révéler très utile pour valoriser une entreprise innovante ou/et leader.

Les enjeux du capital immatériel

Depuis plus de deux décennies, on insiste sur l’importance des enjeux stratégiques relatifs aux actifs immatériels qui prennent de plus en plus de poids dans l’économie en général et lors de la valorisation d’entreprises, en particulier.

La valorisation des actifs immatériels

Il est d’usage d’inclure globalement l’ensemble de ces actifs intangibles dans une masse opaque, nommée Goodwill qui représente la différence entre la valeur d’une société (cotée ou non) et le total de ses actifs nets (ou valeur transactionnelle dans le cadre d’une firme non cotée incluant des actifs immatériels non inscrits au bilan).
• Société cotée : valeur d’une entreprise = capitalisation boursière
Goodwill = capitalisation boursière – total des Actifs nets
• Société non cotée : valeur d’une entreprise = actif net réévalué – passif exigible
Valeur transactionnelle = capitaux propres « corrigés » + Goodwill

Le calcul de la valeur d’une entreprise à partir de ses immatériels

On achète en quelque sorte la capacité à créer de la rentabilité dans le futur. La valeur d’une société est rarement égale à sa valeur comptable, d’autant que la comptabilité ne retient que les facteurs de création de valeur tangibles : immobilisations corporelles, (voire incorporelles juridiquement protégés : brevets & marques), actifs circulants, cash. Bref, le bilan ne permet pas de cerner la qualité des facteurs de production de la richesse future.

Qu’est-ce qu’un Actif Immatériel ?

Il existe 2 catégories d’actifs immatériels : ceux qui sont juridiquement protégés et ceux qui ne le sont pas.

On distingue les actifs intangibles disposant de droits et quasi-droits en termes de protection. Il s’agit des actifs incorporels, par exemple, des brevets, marques, modèles, dessins. Ces actifs immatériels possèdent les mêmes attributs que les autres actifs, c’est-à-dire : identifiables ou/et matérialisables, échangeables ou/et exploitables, valorisables. La plupart de ces actifs constituent des outils de coopération/exclusion, véritables barrières à l’entrée et rentes de situation. Mais dans le contexte de l’hyper compétition, les transgressions à ces droits de propriété intellectuelle s’accélèrent pour déstabiliser le(s) compétiteur(s).
D’autres actifs incorporels que ceux traditionnellement encensés par les juristes et surtout par les comptables, tels que :

  • les savoir-faire,
  • la communication,
  • la R&D,
  • la formation,
  • l’organisation de la production et les relations de travail,
  • les structures de gestion,
  • l’élaboration de relations commerciales et/ou technologiques avec d’autres firmes,
  • les réseaux relationnels (en particulier, sociaux),
  • l’investigation des marchés, etc.

Les autres facteurs de valorisation

Le capital humain, qui est le cœur du capital immatériel, représente la ressource la plus significative, car elle est mesurable via les critères suivants : recrutement pour la constitution de l’équipe, formation, intégration, évolution, dextérité, productivité, efficacité, et enfin motivation, compétence, climat social… Le capital clients se mesure à partir de la relation avec les clients : directs ou distributeurs, solvabilité, rentabilité, en liaison avec le système d’information (bases de données, e-CRM…). C’est la capacité à faire croître le business via de nouveaux clients ou/et des clients récurrents (part de marché, fidélisation des clients, prospects qualifiés…).

Quant au capital innovation, il se mesure grâce au niveau de la R&D plus ou moins performante, aux secrets de fabrication, aux brevets… C’est la capacité à maîtriser ses dépenses fournisseurs et d’en sourcer de nouveaux. Enfin, le Business Model est tout aussi un actif immatériel, car il creusera ou pas l’écart avec les compétiteurs actuels et à venir. Il permet de mesurer l’avantage compétitif tel que la mise au point du concept par exemple.

D’autres Actifs Immatériels peuvent être matérialisés financièrement selon la typologie et le secteur de la société considérée : capital IT, capital réseau, capital sociétal, capital organisationnel…

Article par MIRANDA NALLY & JACKY OUZIEL | MEMBRES ASSOCIÉS | INVESTESSOR

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