La RSE dans sa PME : par où commencer ?

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE), n’est-elle qu’une contrainte de plus pour les PME ? Loin de cet a priori, les expériences réussies de valorisation du développement durable dans les TPE et PME se multiplient. Brigitte Thieck Regal, chef de file Développement Durable pour la CGPME Ile-de-France, et fondatrice du cabinet EcoEthic, nous fait part de son expérience en conseil et formation des PME dans ce domaine.

Où en est-on actuellement de la RSE dans les PME ?

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est une déclinaison dans l’entreprise des principes du Développement durable. Cela se traduit par des actions concrètes dans les domaines de la préservation de l’environnement, de l’équité sociale/sociétale et de la rentabilité économique. La plupart des PME et TPE se sentent concernées par ces questions. Certaines tentent désormais de s’adapter pour répondre aux nouvelles contraintes réglementaires, aux demandes croissantes des donneurs d’ordre publics et privés et aux nouveaux marchés potentiels qui s’ouvrent concomitamment (« green business »…). La prise en compte de la RSE par les PME est donc devenue un facteur de différenciation et de pérennité. La démarche de RSE réduit à terme les risques juridiques et économiques. Les PME ne disposent malheureusement pas souvent des ressources suffisantes en interne pour pouvoir adapter leur organisation et répondre à ces nouvelles demandes.

Quels arguments donneriez-vous à un dirigeant qui pense que la RSE est une démarche trop lourde pour sa petite entreprise ?

Il faut apprendre à regarder la RSE au travers de ce qu’elle peut rapporter en termes de maîtrise des dépenses, d’économies directes, de nouveaux produits et/ou services innovants qui répondent à de nouveaux marchés. S’il existe encore aujourd’hui de nombreuses idées reçues sur le sujet, il commence à y avoir des retours d’expériences de PME qui ont su transformer « ces nouvelles contraintes » en de véritables opportunités économiques. Les PME mènent déjà des actions liées à la RSE, mais elles n’en ont pas toujours conscience et ne savent pas comment les valoriser. Une PME peut agir dans un premier temps en mettant en œuvre des actions simples et peu coûteuses. Elle pourra ensuite mettre en œuvre des actions plus « complexes », soit parce qu’elles nécessitent des changements de comportement individuel, des investissements, soit parce qu’elles conduisent à remettre en cause le business model.

Les enjeux en termes de RSE sont liés non seulement à l’entreprise, sa culture, son contexte, mais dépendent aussi beaucoup du secteur d’activité dans lequel elle opère. Je conseillerais enfin au chef d’entreprise de s’appuyer sur le savoir-faire et la connaissance de ses salariés en lançant un projet d’entreprise autour de la mise en œuvre de la RSE. Cela permettrait à l’entreprise de devenir autonome dans la construction de sa démarche et d’en faire un véritable projet fédérateur et mobilisateur. Les bénéfices pour les salariés seraient multiples : savoir répondre aux nouvelles attentes des clients (acquérir les nouvelles compétences) ; devenir un acteur du changement organisationnel, culturel lié à la prise en compte de la RSE et participer à un projet d’entreprise porteur de progrès social, sociétal et environnemental.

Quels types d’actions les PME pourraient-elles mettre en œuvre simplement ?

Je leur conseillerais de commencer par exemple par le pilier environnemental à travers des actions d’identification et d’analyse des impacts de chacune de leurs activités sur l’environnement :

  • Que « prélève » l’entreprise dans l’environnement : consommation d’eau, d’énergie, de matières premières ?
  • Que « rejette » l’entreprise dans l’environnement : nature et quantité de déchets générés, polluants atmosphériques, gaz à effet de serre, bruit émis, atteinte à la biodiversité (faune, flore et santé de l’Homme) ?

Ce diagnostic pourrait aboutir à la mise en place d’éco-gestes et de procédés plus propres pour améliorer certaines pratiques actuelles.

Pourriez-vous citer un exemple réussi de « plan RSE » mis en œuvre dans une entreprise ? Quel est l’élément qui a porté cette réussite ?

Je pourrais citer une entreprise du secteur de la logistique, secteur très concurrentiel (vente à distance) qui a su, il y a cinq ans, lancer un projet d’entreprise autour de la RSE en y associant l’ensemble de son personnel. Cela s’est notamment traduit par le référencement dans son catalogue de produits plus respectueux de l’environnement et de la santé/sécurité des travailleurs (ces produits étaient fabriqués dans des pays émergents). Ils ont su monter des partenariats avec leurs fournisseurs et des associations qui leur ont délivré des attestations démontrant le respect des principes de la RSE dans le cycle de fabrication des produits. Ces nouveaux produits qui ne représentaient au départ que quelques références, représentent aujourd’hui près du tiers de leur chiffre d’affaires. Leurs concurrents peinent aujourd’hui à rattraper leur retard.

De quoi ont besoin les PME pour faire le pas vers plus de RSE ?

Etre accompagnées dans la montée en compétence nécessaire pour intégrer la RSE dans leur organisation afin de pérenniser leur activité en créant de la valeur ajoutée sur le long terme. Cet accompagnement les aidera à identifier les enjeux et les priorités d’actions et à structurer leur démarche de RSE, en y associant leurs salariés, leurs clients et leurs fournisseurs tout en bénéficiant du retour d’expériences d’autres entreprises plus avancées dans ce domaine.

En quoi consiste l’accompagnement de la CGPME Ile-de-France ?

La CGPME Ile-de-France et ses partenaires vont proposer aux entreprises d’accompagner le dirigeant et son équipe dans l’acquisition de compétences en matière de RSE, dans sa dimension valorisation des ressources humaines et des compétences. D’ici quelques mois, un outil d’autoévaluation et d’autoformation sera mis en ligne sur www.cgpme-idf.fr, permettant aux PME d’évaluer leurs pratiques et d’identifier des axes de progrès en matière de RSE. Des ateliers thématiques et un cycle de formation (autodiagnostic, management, valorisation…) seront proposés, avec la possibilité pour une vingtaine de PME de s’inscrire dans une démarche pilote d’accompagnement par des experts

Article par CGPME ILE-DE-FRANCE

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