A la rencontre de Xavier du Boÿs, un dirigeant qui a navigué entre les fonctions de direction et celle d’entrepreneur.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis diplômé de l’ESSEC et d’un DEA de Finance à Paris-Dauphine. J’ai beaucoup alterné entre des fonctions de salarié et d’entrepreneur. En 1981, j’ai été recruté chez Safic-Alcan en tant que trader puis chez Deloitte&Touche en conseil en management. En 1987, j’ai créé et développé avec deux associés le cabinet de conseil Orige. Puis en 1994, j’ai rejoint ensuite le groupe G7 en tant que directeur général de Magasins Généraux de France et de HomeBox. En 1997, le groupe G7 me confie la direction générale de ADA. En 2000, je crée une société de presse électronique. Et enfin en 2002, je prends la direction de Kiloutou.
Pourquoi cette envie d’alterner entre la création d’entreprise et la fonction de salarié ?
Mon parcours s’est construit grâce aux occasions rencontrées. J’ai démarré en tant que salarié, mais toujours avec l’idée de monter mon entreprise. Ainsi, dès que j’ai pu, j’ai créé ma société de conseil. Quelque temps plus tard, alors que j’en avais assez du conseil, j’ai souhaité racheter une entreprise. Mais on était en 1993, en pleine période de crise économique, et ce n’était pas la meilleure période pour se lancer dans un projet de reprise. Au bout d’une année de recherche n’ayant rien donné, je suis retourné vers un poste de salarié afin de subvenir aux besoins de ma famille. Finalement, même au sein du groupe dans lequel je travaillais, j’ai fini par créer des entreprises ! Puis, est arrivée l’époque d’Internet. J’ai foncé sur Internet en tant qu’entrepreneur. Cependant lors de l’effondrement de la bulle Internet, j’ai perdu de l’argent, alors j’ai à nouveau décidé de m’orienter vers une fonction de dirigeant salarié dans l’entreprise Kiloutou.
La fibre entrepreneuriale est très présente au sein de Kiloutou, notamment à travers l’actionnariat salarial, et c’est pour cela que j’ai choisi de m’orienter vers cette entreprise. Je me suis offert un petit morceau de Kiloutou par LBO.
Vous parlez de création d’entreprise dans le groupe, peut-on parler d’intrapreneuriat ?
Oui tout à fait, c’est un mode de fonctionnement que nous cultivons beaucoup chez Kiloutou. J’ai beaucoup cultivé l’intrapreneuriat dans les nombreuses sociétés dans lesquelles j’ai travaillé. Kiloutou est une société que je veux très décentralisée, très proche du terrain et des clients, organisée par région. Chaque région est dirigée par un directeur régional qui est un véritable chef d’entreprise de l’intérieur et donc un intrapreneur. Il est responsable de sa « PME » en quelque sorte : il exploite Kiloutou sur un territoire, mais avec un esprit entrepreneur très fort. Il dirige ses hommes, son parc de matériel, ses agences, son commerce, sa technique. Nous lui fournissons de l’intendance sous forme d’achat de matériel, de fourniture informatique, de financement, de service comptable… Chez Kiloutou, le directeur régional est un homme clé. Ils bénéficient des moyens du groupe, de l’organisation, de la structure, tout en ayant les avantages de l’entrepreneur individuel qui reste maître de son business. Chacun bénéficie directement de sa performance et il peut ainsi voir le lien entre le travail effectué et le résultat.
Comment motivez-vous vos équipes ?
L’organisation est assez simple. En dessous de l’équipe de direction il y a le directeur régional qui est lui-même patron de son territoire et de ses équipes composées des patrons de groupes d’agences. Ces derniers dirigent des responsables d’agence qui ont eux-mêmes des équipiers. La rémunération est structurée en deux parties : une rémunération fixe et une variable, elle-même calée sur les performances de l’agence, du groupe d’agence, de la région et sur la satisfaction des clients de la région. La satisfaction et la performance sont régulièrement mesurées.
Nous avons choisi de rémunérer la performance car notre philosophie est celle du partage des fruits de la réussite qui s’exprime par des variables : prime individuelle, prime d’intéressement, prime de participation ou prime annuelle, qui permettent de bénéficier de rémunérations importantes si la performance est là. En parallèle, nous ouvrons l’accès à l’actionnariat à n’importe quel équipier de Kiloutou. Un dispositif d’évaluation annuel de l’entreprise a été mis en place pour vérifier le gain ou la baisse de valeur. Au départ, tous les équipiers recevaient même des stocks options. L’entreprise grandissant, ce dispositif est devenu impossible à tenir. Nous avons gardé cela uniquement pour les cadres et mis en place d’autres dispositifs pour les équipiers.
3 conseils :
- Miser sur les hommes et leurs faire confiance. Par expérience, je peux dire qu’on est très rarement déçu, et que, au contraire on est souvent surpris par ce que les hommes savent faire.
- Écouter les clients et respecter ce qu’ils ont à vous dire.
- Partager la réussite entre les acteurs. Dans un métier de service, ce sont les hommes qui réalisent la performance. Quand je parle de performance, j’entends bien sûr résultat financier, mais aussi satisfaction client.