Nicolas Savin, dirigeant de Kaonet, est un entrepreneur passionné. Pourtant pas issu d’une formation spécifique à sa profession actuelle, il est la preuve qu’il est possible d’entreprendre, par la force des choses, mais surtout avec de la conviction. Et entreprendre, oui, mais ce que l’on aime faire …
Un concept particulier
Kaonet, qu’est-ce que c’est ? « Une agence web avec cette image et cette notion de l’agence un peu 360°, c’est-à-dire qu’elle s’attache à faire des sites internet, des boutiques en ligne sur mesure pour ses clients, mais aussi de la vidéo, de la rédaction de contenu, de l’accompagnement et du conseil marketing », expose Nicolas Savin. L’idée émanant de ce concept n’est, en réalité, pas d’accompagner les clients uniquement sur la création de leur site internet brut, si l’on peut dire. L’agence les accompagne également dans le temps pour à la fois essayer de trouver les bons outils adaptés à leur budget pour la création de leur site, et surtout, leur permettre d’acquérir de la visibilité, les renseigner sur leur positionnement, et sur le type de réseaux sociaux à utiliser en fonction de leur activité.
Ce qui peut paraître simple de prime abord pour la majeure partie des entrepreneurs recèle toutefois des difficultés notables. « La plupart des gens dispose d’un bon produit, sont des experts dans leur domaine, savent vendre particulièrement un produit mais par contre, quand il s’agit de transposer sur internet, ils montrent d’énormes difficultés », explique Nicolas Savin. C’est là que Kaonet intervient en conseils et en analyse. Kaonet n’est pas là juste pour partager des conseils, mais surtout pour les mettre en application, pouvoir accompagner les clients pendant toute la durée de la création et pouvoir les suivre dans le temps afin d’améliorer leurs outils. Il est question aussi d’apprendre à vendre de plus en plus efficacement, d’essayer d’obtenir une meilleure rentabilité, et ainsi, de grandir petit à petit. « Un client qui fonctionne bien chez Kaonet, c’est un client qui, normalement, restera de très nombreuses années ».
Un parcours atypique puisqu’une formation quelque peu éloignée
Nicolas Savin est, de base, développeur de formation et a fait un BTS en Informatique Industriel. Il y apprend des choses très éloignées de ce qu’il fait aujourd’hui. Selon lui, l’apprentissage qu’il reçoit n’est, à l’époque, pas interactif. Il ne relève pas du graphisme, et ne présente pas de notion d’animation, de communication, mais seulement du développement.
Dès son premier emploi, il a la chance de rentrer chez un éditeur de logiciel par la « toute petite porte », confie le dirigeant, en tant qu’hot liner (personne travaillant sur une plateforme électronique depuis laquelle il répond à des demandes d’utilisateurs). Rapidement, il démontre son savoir-faire à l’équipe de développement. Maîtrisant le travail donné, il consacre la moitié de son temps disponible à développer des outils pour son service. Il démontre ainsi un esprit d’initiative conférant une certaine valeur ajoutée, et ce, pas forcément dans les domaines sur lesquels on l’attendait. Il se voit offrir une place au développement.
Les débuts
C’est à partir de là que tout commence, formé pas des gens qu’il estime très compétents, il apprend le métier du développement et de l’analyse, mais surtout, à être capable de rendre un projet dans un délai imparti et sous pas mal de contraintes. Embauché ensuite dans une SSII, société d’experts en développement informatique, il travaille en tant que consultant.
Nicolas Savin, détient cette formation de développeur au départ, mais pourtant, ne s’épanouit peu. Plutôt efficace dans son travail, à titre personnel, il n’aime pas vraiment ce qu’il fait. Ce qu’il aime c’est « réaliser de jolies interfaces, des boutons qui gigotent quand on clique dessus, de jolis dessins, et apporter un esprit ludique ». Et ce, même avec des métiers qui ne sont pas franchement amusants au départ ou qui n’ont aucune vocation à être jolis ou intuitifs. « Pourtant c’est plus fort que moi, j’ai amené cette touche là et me suis aperçu que cela fonctionnait bien. J’ai eu l’opportunité un peu plus tard de me spécialiser dans ce métier-là. Maintenant, chez Kaonet, je fais du commercial et en cela, on peut parler de grand écart puisque j’étais développeur mais aujourd’hui je ne fais quasiment plus que du commerce ».
Démarches et coups de chance
Nicolas Savin et ses associés ont de la chance. Ils rachètent une société existante, que le dirigeant a déjà fortement contribué à créer, les aspects administratifs ne font toutefois pas partie intégrante de ce qui lui plait. A l’époque, « c’est la partie qui réellement me plait le moins. Je ne m’y suis intéressé qu’au moment du rachat uniquement », avoue le dirigeant. L’un de ses associés, au poste de DAF (Directeur Administratif et Financier) à temps partiel, et qui s’occupe de la partie administrative et comptable, détient toutes les notions nécessaires. C’est lui qui a monté tout ce qu’il fallait sans avoir besoin de faire appel à des structures externes.
L’entreprise n’a pas besoin non plus d’une levée de fonds. Etant une société « qui tournait déjà un petit peu quand on l’a reprise, on a aussi eu l’aide de Pôle Emploi ». Bénéficiant de cette aide pendant un an et demi, elle leur permet de mettre la société sur de bons rails avec un seul salaire à payer au départ, ce qui n’est pas négligeable.
Parce qu’entreprendre, c’est savoir gérer les difficultés, et parfois, se remettre en question …
Le dirigeant de Kaonet l’avoue : « Des difficultés, quand on est entrepreneur, on en a tout le temps ». Nicolas Savin et ses 3 associés, reprennent la société et essayent dans un même temps de faire fonctionner un modèle, inventé par les anciens dirigeants, qui n’est pas viable. Ce modèle aurait pu fonctionner mais en acquérant très rapidement des milliers de clients. Or, dans le métier du web, cela est très difficile. La confiance est quelque chose de difficile à obtenir. C’est le cas dans beaucoup de métiers de vente mais encore plus dans celui-là puisqu’il vendait du « site vitrine » dont les clients projetaient énormément d’image et d’égo. Les négociations sont longues. Nicolas Savin décide de ramener ce modèle sur des choses plus concrètes, qu’il connait pour les avoir déjà pratiquées en SSII, qui s’attribue réellement à du service sur mesure.
Une vision de développement élargit à l’humain
L’ouverture d’une autre agence à Nice l’année dernière laisse à présager qu’à moyens termes, Nice devienne le point névralgique de toute la société. Il est prévu qu’ils déménagent là-bas si tout va bien. « Toutefois, un contact commercial sera gardé à Paris parce que le business est à Paris », explique Nicolas Savin.
Pour ce qui est du développement à l’international, l’ambition du dirigeant, en tant que chef d’entreprise, n’est pas de devenir une société multinationale. Il se consacre plutôt à avoir une équipe soudée, composée de collaborateurs sur qui il peut compter, qu’il a choisi personnellement, avec qui il s’entend bien et avec qui il est possible de travailler dans un cadre nettement plus agréable que le cadre parisien. Le développement est plus axé que leur réseau Côte d’Azur, leurs projets seraient plutôt de ce côté-là.
3 questions à Nicolas Savin, dirigeant de Kaonet
Si un ou plusieurs de vos associés arrêtent l’aventure, continueriez-vous ?
« Un seul oui, sinon ce n’est pas certain parce que Kaonet est monté dans un esprit d’équipe. Si j’ai aidé à créer la société au départ et que je la porte du mieux que je peux aujourd’hui, comme mes associés, je revendique très peu de propriété de la société. Mais si je perdais mon bras droit et mon bras gauche en assez peu de temps je pense que le projet complet pour le coup s’arrêterait. Parce que je le fait avant tout pour les hommes, j’ai envie de travailler avec ce gens-là au quotidien. S’ils ne sont plus là, est-ce que ce sera la même histoire ? Honnêtement je n’en sais rien, mais il y a des chances que je passe à autre chose. L’entrepreneuriat c’est vraiment quelque chose de passionnant mais qui est très coûteux au niveau personnel ».
Un conseil pour de futurs ou jeunes entrepreneurs ?
« La passion, la passion, réellement, puisqu’on monte tous des sociétés pour lesquelles nous avons une idée au départ. Pour nous, c’était la volonté de travailler ensemble. Nous avons vécu des expériences qui nous ont blessés potentiellement, dans le passé, ou de nombreuses choses qui nous ont empêchés de nous épanouir, on les a trouvés dans l’entrepreneuriat, et on les trouve tous les jours. Beaucoup de bonheur aussi. Par contre, il faut vraiment être passionné car on y laisse une grande partie de sa vie, privée en partie. Donc le conseil c’est la passion très clairement, il faut adorer ce qu’on fait ! Si on fait cela en dilettante, cela ne fonctionnera jamais ».
Pour finir, une anecdote à raconter ?
« A vrai dire, j’en ai plein. Comme on travaille avec les TPE, on a un peu de tout. Qu’il s’agisse par exemple d’un client très malpoli qui arrive en réunion, enlève ses chaussures et posent ses pieds sur la table. Ou encore d’un autre qui prend en photo une des associés, comme ça, sans demander !
La meilleure : pour signer un contrat avec un restaurant « dîner-spectacles » basé sur le thème de la piraterie, je me suis retrouver dos à une planche en bois, avec un pirate les yeux bandés qui me jetait des haches dessus !
Outre cela, le statut d’entrepreneur nous ferme beaucoup de portes administratives (crédit, etc). Je me suis quand même fais refuser ma carte Galery Lafayette il y a peu de temps avec le statut d’entrepreneur. C’était juste pour avoir 10% sur une veste, je ne demandais pas un crédit ! Mais c’est le genre de choses qui fait qu’on a de quoi se poser des questions ».