Jours fériés de mai : la hantise ou l’aubaine des entrepreneurs ?


Jours fériés de mai 2024, un cru exceptionnel ! Héritage de notre histoire et de notre tradition religieuse, les jours fériés abondent en mai : fête du travail (le 1er mai), armistice 1945 (le 8 mai), ascension (le 9 mai) et lundi de Pentecôte (le 20 mai). Lorsque ceux-ci tombent à proximité d’un week-end, ils donnent lieu à une tradition bien française, le pont. Pour les entrepreneurs, c’est soit le casse-tête incontournable, soit la divine aubaine.

Les ponts du mois de mai semblent bienvenus pour les salariés mais aussi dans le secteur du tourisme. Et pourtant dans ce contexte morose, ils vont apporter une bouffée d’air frais et redonner l’espoir.

Un cru 2024 exceptionnel

Cette année, la mécanique calendaire réduit à 19 jours ouvrés, 12 jours non ouvrés, dont 4 jours fériés non ouvrés par les Français en mai. Cette situation exceptionnelle ne manque pas de ranimer le débat entre partisans et opposants de ces jours chômés. Ce serpent de mer, typiquement français, tend à opposer productivité et art de vivre à la française. L’entrepreneuriat est au cœur de ce débat. Néanmoins, tous les entrepreneurs ne sont pas perdants, loin de là ! Le bonheur des uns fait le malheur des autres !

Les heureux : tourisme, loisirs et bricolage

Les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, des loisirs, de certaines formes de distribution, ne peuvent que se réjouir de cette avalanche de week-ends à rallonge. Pour peu que le soleil soit au rendez-vous, les Français ne manqueront pas de garnir les terrasses de cafés, les salles de restaurants, les chambres d’hôtels, d’arpenter les sites touristiques et de dévaliser les rayons des enseignes de bricolage. Pour ces secteurs, ce mois de mai est synonyme de chiffre d’affaires !

Les malheureux : les entrepreneurs des secteurs de production

Gagner des marchés dans une économie mondialisée, et donc fortement concurrentielle, ne se fait pas sans compétitivité. Que l’on appartienne au CAC40, que l’on soit une PME ou une TPE, cette réalité économique s’impose à tous. Nombre d’entreprises, soucieuses de répondre de manière personnalisée à leurs clients, travaillent désormais en flux tendu. Dans ce contexte, honorer une commande, sans stock préalable, nécessite un maintien des cadences de production. Pour ces entrepreneurs, l’approche du mois de mai est vécue avec hantise. L’accumulation de jours chômés anéantit la productivité et brouille l’image de l’entreprise française à l’étranger. Celles qui luttent contre des concurrents pour qui le mois de mai n’est que le cinquième mois de l’année, sont les grands perdants de cette spécificité française.

Un problème réel cependant à relativiser

Selon les calculs de l’INSEE, les jours fériés coûtent 0,1% de point de croissance à la France. L’impact en termes d’image est non quantifiable même s’il n’est pas négligeable. Il convient cependant de relativiser le problème lorsqu’on l’aborde à l’échelle annuelle. En termes de nombre de jours fériés par an, avec ses 11 jours, la France se situe en milieu du peloton européen : entre les 8 du Royaume-Uni et les 15 de la Slovaquie. Notre principale partenaire, l’Allemagne, se situe à 9, tandis que nos voisins espagnols sont à 14 ! Si cela peut vous consoler au Japon le mois de mai est appelé le « Golden Week ». Eh oui ces travailleurs infatigables en profitent pour visiter leur famille, apporter les incontournables cadeaux, utiliser les transports, visiter les sites touristiques…bref, ils font marcher l’économie comme les Français et peut-être choisiront-ils la France pour dépenser toutes leurs économies !

Parce qu’on ne refait ni l’histoire ni les saintes écritures, gageons que le mois de mai en France restera encore longtemps celui du muguet avant d’être celui des records de production. Ce constat fait, il est permis d’espérer qu’un dialogue social intelligent, dans les secteurs les plus impactés, puisse à l’avenir offrir des solutions négociées et acceptables par tous. En attendant, il reste, à ceux qui le peuvent, le plaisir de rejoindre une terrasse ou une bonne table de restaurant pour refaire le monde… économique !

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