De l’intérêt d’échouer… avant de créer !

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En 2009, après avoir passé une quinzaine d’années au sein de groupes internationaux (Sony, Motorola, Texas Instruments) à des postes de marketing et business développement, je décide de m’offrir une nouvelle vie professionnelle – crise de la quarantaine oblige … Une opportunité se présente, je la saisis. Le projet (multimédia dans les avions) se révèle ambitieux et je décide de foncer.

Il est porté par un associé qui a travaillé 25 ans dans le secteur et un autre dans les médias et qui fournissait en contenu les compagnies aériennes. En quelques semaines, on se met d’accord : la répartition du capital est fixée, les fonds déposés, les statuts signés ; ne reste plus qu’à les déposer… C’est à ce moment-là que les difficultés commencent.

Le début des difficultés

Bien qu’ayant vocation à développer une solution innovante à base d’électronique, la maintenance et la réparation font partie intégrante de l’activité de la société en création. Néanmoins, le CFE (Centre de Formalités des Entreprises) voyant ces 2 mots dans les statuts nous impose l’inscription à la CMA (Chambres des Métiers et de l’Artisanat) ; ce que nous refusons. La rédaction des statuts par un avocat et son intervention n’y font rien. Comment négocier avec l’administration ? Ce contretemps a eu des conséquences bien plus importantes qu’originellement envisagées.

Au fil des semaines, des divergences de vues stratégiques mais aussi dans la façon de fonctionner, de travailler – seul et ensemble – se font jour entre les associés. De même, le projet se révèle par trop ambitieux eu égard aux ressources disponibles et mobilisables à court terme. Avant donc que d’avoir pu déposer les statuts de la société, le trio d’associés vole en éclat… le projet aussi !

Problème : des frais ont déjà été engagés, la capital social amputé… et sans entrer dans les détails, défaire ce qui venait d’être construit pris bien du temps, un peu de sueur… et de sang ;-(

Les enseignements de l’expérience

A l’aune de cette expérience, je me suis aperçu que ma volonté d’entreprendre était à l’époque « trop forte » : réelle envie d’entreprendre, peur de l’inaction et l’anticipation de problèmes financiers à venir m’empêchait de prendre le recul nécessaire par rapport au projet lui-même et aux conditions de mise en œuvre, notamment au niveau de l’équipe. S’interroger sur ses vraies motivations est une étape essentielle dans la construction d’un projet entrepreneurial.

Ma connaissance des deux associés était peut-être trop limitée pour l’un voire inexistante pour l’autre. Autant créer avec son meilleur ami ou la famille peut s’avérer périlleux, autant ne pas connaître suffisamment les personnes avec qui, à l’avenir, nous allons passer le plus de temps peut être très dommageable. Il faut s’assurer :
• de partager la même vision du projet, son ambition et sa mise en oeuvre
• d’avoir des personnalités et des modes de fonctionnement au moins compatibles sans être identiques bien évidemment.
• s’assurer d’une bonne répartition tâches : qui fait quoi ? Qui est responsable de quoi ?
• comprendre les motivations de chacun et s’assurer des investissements des uns et des autres, en temps, ressources et implication. Dans le même esprit, si tous les associés n’ont pas les mêmes impératifs financiers, la question de la rémunération (combien se payer ? et quand ?) se posera rapidement et peut être source de conflit à venir. A défaut d’avoir les mêmes exigences au même moment, se mettre d’accord sans arrière-pensée est critique pour la cohésion de l’équipe et donc la réussite du projet.

Personnellement, cette première expérience entrepreneuriale a été des plus instructives. Premièrement, j’ai pu aborder ce monde nouveau de la création d’entreprise ; venant de grands groupes, le choc est assez violent : moyens limités, gestion du temps millimétrée, polyvalence absolue, perte de l’aura et du soutien du nom d’une grande société… J’ai pourtant persévéré en créant une seconde entreprise puis en fondant mon propre cabinet conseil en stratégie et développement opérationnel (UpSO Conseil) et prenant la direction d’un Master… « Entrepreneuriat » à EDC Paris Business School.

Aujourd’hui, j’aime à penser que cette expérience m’aide dans mes relations avec mes interlocuteurs actuels – étudiants du Master Entrepreneuriat à EDC, futurs ingénieurs de l’école Centrale, dirigeants de start-up (via Scientipôle et Paris Incubateurs), TPE et PME : les guider, les conseiller mais aussi les comprendre pour cheminer ensemble sur le chemin plein de détours de l’entrepreneuriat.

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