L’Estonie. Ce pays communément connu pour son tourisme, situé au fin fond de l’Europe au cœur d’une région au développement des plus dynamiques et au fort potentiel économique : la mer Baltique.
L’environnement est très favorable pour les investissements étrangers, tout l’indique. Comme quoi ? Un budget équilibré (garanti par la Constitution), un pays de l’Union européenne et donc sans aucune barrière, le premier pays balte à avoir adopté l’euro en 2011, ou encore un secteur concurrentiel pour les opérations bancaires.
Comme tous les pays aux économies modestes, l’Estonie a particulièrement besoin d’un flux constant d’investissements étrangers afin de maintenir sa croissance économique. Et malgré son histoire et sa proximité géographique, elle se rapproche davantage des pays du nord de l’Europe (Suède, Finlande, Norvège) que de la Russie.
Des possibilités égales entre Estoniens et étrangers
Estonien ou étranger, même règle ! En effet, la politique économique de l’Estonie repose depuis des années sur le principe constitutionnel d’après lequel il convient de traiter de manière identique tous les entrepreneurs et les investisseurs, indépendamment de leur origine, et ce à tous les niveaux. Ne vous attendez donc pas que l’on vous demande des papiers différents car vous êtes de nationalité française : les processus sont aussi simples.
Ce principe a permis, au fil du temps, d’obtenir des résultats étonnants. D’après le rapport Doing Business 2013 de la Banque mondiale, qui évalue la situation des entreprises du monde entier, l’Estonie est placée en 21e position sur 185 pays et régions. Selon cet indice, qui évalue à partir de différents indicateurs la réglementation des entreprises, les pays de l’Union européenne ayant accédé à une meilleure position que l’Estonie sont l’Allemagne (20e), le Royaume-Uni (7e), le Danemark (5e), l’Irlande (15e), la Finlande (11e) et la Suède (13e).
D’après l’indice de compétitivité du forum économique mondial (World Economic Forum Global Competetiveness Index 2010-2011), l’Estonie était 33e sur 139 pays. Le calcul de cet indice prend en compte les données statistiques ainsi que les enquêtes d’opinion des leaders menées tous les ans en collaboration avec le Forum économique mondial, avec les principaux instituts de recherche économiques et les organisations économiques. Les trois pays les plus compétitifs du monde sont, d’après cet indice, la Suisse, la Suède et Singapour.
Question « facilité de faire des affaires », le doing Business 2013 a mis en exergue des points intéressants. Par exemple, savez-vous qu’en sept jours en moyenne, votre entreprise est créée, alors qu’il vous en faudrait 14 en Europe de l’Est et en Asie ? De plus, vous n’en aurez que pour 85 heures de formalités administratives, quand on vous en demande en moyenne 207 en Allemagne, 175 aux USA, et 260 en Europe de l’Est et Asie centrale.
Mais il y a plus étonnant. D’abord, l’index de transparence des transactions : il est de 8 points en Estonie, meilleur qu’aux Etats-Unis, qu’en Allemagne et qu’en Europe de l’Est. Ensuite, les index de pouvoir des actionnaires et de protection des investisseurs, respectivement de 6 et de 5,7 ; alors que l’Allemagne stagne à 5.
Un pouvoir d’achat en constante progression
Le pays connaît depuis quelques années une progression constante de son pouvoir d’achat. Ses indicateurs macroéconomiques parlent d’eux même : +3,2 % de croissance en 2012, une consommation privée qui augmente, des investissements en hausse, idem pour les investisseurs et des finances publiques solides. Des pays baltes, l’Estonie est le pays qui détient le salaire moyen le plus élevé : 900 euros, contre 700 chez ses voisins Lettons et Lituaniens. Aussi, toutes les activités qui touchent aux biens de consommations alimentaires et non alimentaires trouveront naturellement des débouchés.
Sans surprise, les produits gourmets, la mode et les cosmétiques, savoir-faire français traditionnels, sont également très appréciés des Estoniens. À côté de cela, le secteur de la construction dynamise l’ensemble de l’économie estonienne. Sur la période 2014-2020, les Fonds européens ont prévu d’investir 5,9 milliards d’euros en Estonie. Une information très intéressante pour les PME françaises exportatrices sachant que les entreprises françaises ont remporté récemment (Alstom Power, CNIM, etc.) des contrats qui représentent l’équivalent de 8% du PIB estonien. Les entreprises de sous-traitances devraient ainsi en profiter.
La moins « Est » des pays de l’ex-URSS
Comme l’explique Marit Maks, attachée aux affaires économiques de l’ambassade d’Estonie à Paris, le pays a gardé les principes à l’origine de la réussite économique du pays : un budget national équilibré et une législation libérale en matière de commerce et d’investissements. L’économie estonienne est ouverte et stable. Elle se caractérise par sa capacité d’adaptation et d’innovation. Le commerce extérieur connaît des conditions favorables de développement grâce à l’égalité des chances qui est garantie pour les entreprises et au capital indépendamment de leur origine.
La diplomate est heureuse des 90 % d’exportations inter-UE que connait son pays. Pour elle, l’effet de l’entrée dans l’Union européenne suivie de l’adoption de l’euro le 1er janvier 2011 a donné une réelle « crédibilité » du pays aux investisseurs étrangers. L’Estonie est aussi devenue le 9 décembre 2010 le 34e membre de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE).
Pour elle, les avantages à s’installer en Estonie sont indéniables : un impôt sur le revenu à taux unique, une politique budgétaire conservatrice, une exonération de l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis localement et une ouverture aux solutions innovantes.
Un entrepreneur a la possibilité de créer sa société en Estonie sans aucune bureaucratie, directement à partir de son ordinateur personnel. Le record pour la constitution et l’enregistrement d’une société sur le portail des affaires en ligne est de 18 minutes. Pour créer une entreprise par Internet, il suffit d’avoir une carte d’identité électronique estonienne. Le système reconnaît également les cartes d’identité belge, portugaise, lituanienne et finlandaise, et des travaux sont en cours pour permettre à un nombre croissant de citoyens d’autres nationalités d’enregistrer en ligne leurs sociétés en Estonie. Pas de panique si vous vous installez avec votre carte française : il vous sera possible de demander une ID Card dès votre installation sur place, et vous profiterez des mêmes avantages que tous les investisseurs.
Un gouvernement français très présent
Les relations économiques entre la France et l’Estonie connaissent un développement régulier. Les entrepreneurs français sont principalement intéressés par le climat favorable à l’investissement et les procédures de démarrage d’activité qu’ils rencontrent en Estonie. Les domaines concernés sont par exemple la vente de parfums, la construction et la coopération dans le secteur des technologies de l’information.
En 2012, la France est le 13ème fournisseur du pays : les exportations françaises progressant de 37,3% pour s’établir à 329,4 millions d’euros. Les importations d’Estonie, elles, augmentant de 8,8% et se situant à 191,5 millions d’euros. Notre solde bilatéral s’établit à 137,9 M€
Les principaux articles importés en sont des produits minéraux (35,6 %), des produits manufacturés (14,6 %) et la pâte à papier et produits dérivés (12,8 %). Les principaux articles d’importation en provenance de France sont plutôt des produits alimentaires finis, des boissons et le tabac (20,4 %), les moyens de transport (20,3 %) et les machines et équipements (15,9 %).
La présence de poids lourds français en Estonie conforte la place des deux nations : Saint-Gobain, TDF. Mais ce n’est pas tout. Alstom emploie actuellement près de 700 personnes sur le chantier de la centrale à schistes bitumineux en construction à Narva, dans l’est du pays. JC Decaux dispose d’un contrat pour la gestion du mobilier urbain dans la capitale. La CNIM a inauguré en juin 2013 une usine d’incinération de déchets à Tallinn.
Un savoir-faire réputé dans le numérique
Les secteurs florissants ne manquent pas dans le pays. « C’est une véritable entrée sur l’économie
des Scandinaves », atteste Marit Maks, pour qui l’Estonie n’a plus à
faire ses preuves dans le domaine du transport, de la logistique ainsi que du
transit terrestre et maritime dans l’aire baltique. Les liens de transport et de
télécommunication sont étroits avec tous les pays de la région.
Mais là où on ne s’attend pas à trouver ce petit pays que l’on met trop souvent (et à tort) dans la case des pays pauvres de l’Europe, sachez que l’Estonie est réputée pour son savoir-faire numérique. Le sobriquet « E-stonie » revient d’ailleurs très souvent. Le plus bel exemple restant Skype, un projet né d’une équipe de chercheurs estoniens. Racheté depuis par le géant Microsoft, le projet a prouvé la créativité et le savoir-faire technique des Estoniens en matière de numérique. Les innovations techniques ne se comptent plus, et l’Estonie prend le virage de l’économie verte.
Par exemple, l’Estonie est le premier pays à être recouvert intégralement de bornes de rechargements de voitures électriques. Le pays est également très actif sur le marché des crédits carbones. Et les moyens électroniques sont omniprésents : la possibilité de payer les parkings à l’aide du téléphone portable, la e-prescription (prescription de médicaments en ligne), l’utilisation des cartes d’identité en tant que ticket d’autobus, la déclaration d’impôt en ligne et bien d’autres solutions électroniques sont autant de preuves qui témoignent de la réceptivité de la société estonienne à l’égard des nouvelles technologies. Les bonnes conditions de transport et la qualité des liens de télécommunications donnent aux entrepreneurs des possibilités pratiquement idéales pour opérer à partir de l’Estonie dans toute la région.