Que ce soit en tant que salarié ou en tant que chef d’entreprise, réussir sa vie professionnelle est certes pour un handicapé un parcours plus difficile mais la conscience de la valeur de sa vie est primordiale. « Je ne suis pas comme les autres. Je suis mieux. ». Cette publicité vous rappelle-t-elle des souvenirs ? C’est à l’occasion des jeux paralympiques, que les campagnes en faveur des handicapés se sont multipliées. L’intégration des handicapés est une véritable question pour les entreprises, d’autant plus si c’est le chef d’entreprise qui est concerné. Voici quelques renseignements pour vous aider à devenir le meilleur salarié ou le chef d’entreprise de demain.
Qui est concerné par le statut de travailleur handicapé ?
Par définition, un travailleur handicapé est une personne qui éprouve de la difficulté à obtenir ou garder un travail en raison de ses déficiences physiques ou sensorielles. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé répond à une procédure.
Pourquoi recruter un travailleur handicapé ?
Une personne handicapée reste prioritaire sur le marché de l’emploi. Si votre employé souffre d’un handicap physique, n’hésitez pas à lui parler des aides et services offerts par l’Etat. Dans le cadre d’un contrat d’assistance, celui-ci pourra bénéficier d’importantes rémunérations ainsi que d’éventuels stages de rééducation ou de réadaptation. De votre côté, vous pourrez bénéficier d’aides particulières.
Comment faire reconnaître le handicap d’un salarié ?
La démarche s’effectue auprès de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées. Il en existe une par département.
Le salarié devra remplir un formulaire de demande unique. Il sera examiné auprès des maisons départementales spécialisées. Il lui est aussi possible de vous adresser à la MDPH ou à l’AGEFIPH. Ces associations pourront vous renseigner.
Et si vous êtes patron ET handicapé ? Des réussites à vous couper le souffle !
Tout d’abord sachez que si vous êtes créateur d’entreprise, des aides et subventions existent. Si vous doutez que votre handicap puisse être surmonté, voici 5 exemples de réussites qui sont les preuves vivantes qu’il est possible de concilier un désavantage physique avec une gestion de société.
Rodolphe Achard
Il exerce une activité dans le bâtiment. A la suite d’un accident du travail, il se retrouve amputé d’une jambe. Devant porter une prothèse, il déclare aujourd’hui que cette expérience constitue aujourd’hui sa force professionnelle. Sa société emploie cent cinquante collaborateurs dont dix-sept d’entre eux sont handicapés. Il admet que cela n’est pas toujours simple et met en avant l’importance du dialogue afin de favoriser les synergies. Il invite à intégrer des personnes handicapées dans l’entreprise :
« J’ai longtemps ignoré en quoi consistait l’obligation d’emploi et je ne m’en suis jamais préoccupé. …Lorsqu’on se réveille tout d’un coup avec l’idée de recruter des personnes handicapées, forcément, c’est difficile, parce qu’on ne s’est jamais intéressé à la question et qu’on n’a pas anticipé. Je crois aussi qu’une personne motivée peut réussir pour peu qu’on veuille bien lui en donner la possibilité, qu’on la respecte telle qu’elle est et qu’on la confronte aux mêmes exigences que n’importe quel salarié. »
Olivier Prêtre et Nicolas Tomaskovic
Atteints de déficience visuelle ont, eux aussi, réussi à diriger leur entreprise en dépit de leur handicap. Le premier, Olivier Prêtre, fondateur de Dialogues et Solutions avoue avoir traversé des expériences difficiles. Pour développer sa société, il utilise son propre matériel pour lire et n’hésite pas à demander de l’aide à l’une de ses cinq collaboratrices et explique sa manière de concevoir son travail : « Mon statut me permet de déléguer les missions opérationnelles délicates pour moi et de me concentrer sur la stratégie où mon handicap n’a rien… d’handicapant. »
Le second, Nicolas Tomaskovic, pour sa part, est atteint de cécité, provoquée par un cancer de la rétine. Après un master en droit des entreprises et des affaires, Il décide de créer son propre emploi dans le secteur … de l’emploi des personnes handicapées. Aujourd’hui, il met en avant que ces obstacles l’ont rendu plus fort.
Quant à Louis Van Proodisj, tétraplégique, il met en avant qu’il n’est dépendant que deux heures sur vingt-quatre et précise que cela n’a jamais nui à sa carrière professionnelle.
« Pour ma part, j’oublie si aisément mon handicap, que lors de certains rendez-vous, il ne m’arrive de réaliser qu’à la dernière minute qu’il s’agit de me rendre au 4ème étage sans ascenseur. Ce n’est pas par négligence, mais simple omission. Par ailleurs, je n’ai jamais usé de mon handicap comme d’une potentielle excuse envers mes collaborateurs. »
Vincent Ferry, Clair de Lorraine
En 2008, Vincent Ferry est patron de Clair de Lorraine, une PME qui fabrique et distribue des produits régionaux. Il est alors victime à 38 ans d’une chute à moto qui lèse ses vertèbres cervicales et le rend tétraplégique. Depuis l’hôpital, il adresse une vidéo à ses 45 salariés pour les rassurer sur leur emploi et leur annoncer qu’il reste à la tête de l’entreprise. Il apprend à déléguer et développe un sens aigu du management. Son énergie et son talent lui permettent de développer son entreprise qui compte désormais 76 collaborateurs et réalise 11 millions de chiffre d’affaires.
Denis Marliac, Lilial
Une simple partie de ballon sur une plage du Médoc laisse Denis Marliac, alors âgé de 22 ans, tétraplégique. Obligé d’abandonner son métier de commercial itinérant, Denis Marliac reprend ses études et obtient une maitrise de gestion. A l’issue d’un passage à la Banque Populaire, il devient directeur départemental chez les Paralysés de France. En 2001, il perd pied et sombre au plan psychologique. Il en ressort plus fort et crée sa société en 2003. Lilial se spécialise dans la livraison de fournitures médicales adaptées aux handicapés. Le bébé de Denis Marliac, né à Anger dans un petit local décrépi compte aujourd’hui une centaine de salariés et réalise près de 9 millions d’euros de chiffre d’affaires.
A savoir !
À compter du 1er janvier 2021, dans la continuité de la réforme sur la formation professionnelle, le coût du contrat d’apprentissage pris en charge par les Opérateurs de Compétences (OPCO) prend en charge le coût de la compensation du handicap de l’apprenti dans le montant du contrat qui pourra ainsi être majoré jusqu’à 4 000 euros, quelle que soit la branche professionnelle. Le montant de cette majoration, déterminé par le référent handicap au sein du CFA permettra l’adaptation de l’environnement du centre de formation et du parcours au plus près des besoins de l’apprenti. Ces aménagements peuvent consister aussi bien en des aides humaines, animalières, techniques, qu’en un soutien pédagogique renforcé.