Gérer son énergie plutôt que son temps : la clé de la productivité ?

Les dirigeants d’entreprise sont constamment à la recherche de méthodes pour optimiser leur efficacité. Agendas surchargés, réunions à la chaîne, décisions stratégiques à prendre en permanence : l’impression de courir après le temps est omniprésente. Pourtant, malgré une organisation rigoureuse, nombreux sont ceux qui finissent par s’épuiser, avec la sensation frustrante de ne jamais en avoir fait assez. Et si la clé de la productivité ne résidait pas dans la gestion du temps, mais plutôt dans celle de l’énergie ? Longtemps ignorée dans le monde du travail, cette approche comme une alternative séduit.

L’épuisement : l’ennemi invisible des dirigeants

L’obsession de la gestion du temps conduit trop souvent les entrepreneurs à négliger un facteur essentiel : leur niveau d’énergie. Travailler plus d’heures ne signifie pas forcément être plus performant. Selon une étude menée par le cabinet Empreinte Humaine, 53 % des dirigeants français déclarent ressentir une fatigue intense, un chiffre en nette augmentation ces dernières années. Le phénomène s’explique par des journées de travail trop longues, une pression constante et un manque de récupération.

Gilles Babinet, entrepreneur et co-président du Conseil national du numérique, a lui-même fait face à cette réalité. Habitué aux journées à rallonge, il a dû revoir son mode de fonctionnement après plusieurs épisodes d’épuisement. Plutôt que de chercher à maximiser son temps de travail, il a choisi d’organiser ses journées en fonction de son niveau d’énergie, réservant ses moments de forte concentration aux décisions stratégiques et évitant les réunions énergivores à ces moments précis.

La productivité en fonction des rythmes biologiques

Plutôt que de tenter de tout faire rentrer dans un emploi du temps rigide, certains dirigeants choisissent d’adapter leur manière de travailler aux fluctuations naturelles de leur énergie. Cette approche, inspirée de la chronobiologie, repose sur l’idée que notre niveau de concentration et de performance varie au cours de la journée. En identifiant les moments où l’esprit est le plus alerte, il devient possible d’optimiser la qualité du travail accompli.

C’est cette logique qui a été adoptée par Alan, la start-up française spécialisée dans l’assurance santé. Ses équipes sont encouragées à identifier leurs pics de performance pour se consacrer aux tâches complexes, et à planifier des pauses stratégiques pour éviter la surcharge mentale. Ce mode de fonctionnement, loin d’être une simple tendance, s’appuie sur des recherches scientifiques démontrant qu’alterner entre phases d’intense concentration et moments de récupération améliore significativement la productivité.

Les quatre piliers d’une gestion optimale de l’énergie

La gestion de l’énergie ne se limite pas à la simple répartition des tâches en fonction des horaires de la journée. Elle repose sur quatre piliers fondamentaux :

  • L’énergie physique, qui dépend du sommeil, de l’alimentation et de l’activité physique. Un dirigeant fatigué ou mal nourri verra inévitablement ses capacités de concentration et de prise de décision diminuer.
  • L’énergie émotionnelle, qui influence la motivation et la résistance au stress. Un entrepreneur soumis à des tensions constantes sans mécanisme de régulation finit par s’épuiser mentalement.
  • L’énergie mentale, qui concerne la concentration et la capacité à alterner entre des périodes de travail intense et des moments de récupération. Travailler sans interruption réduit l’efficacité et accroît les risques d’erreur.
  • L’énergie « spirituelle », souvent négligée, qui renvoie au sens et aux valeurs derrière les actions quotidiennes. Un dirigeant aligné avec ses convictions professionnelles puisera une motivation supplémentaire dans son travail.

Des entreprises qui font le pari de l’énergie

Certaines entreprises françaises ont compris que la gestion du temps seule ne suffisait plus. Chez PayFit, une start-up spécialisée dans la gestion de la paie, les collaborateurs ne sont pas tenus de respecter des horaires stricts. Ils sont encouragés à suivre leur rythme naturel. Cela améliore la concentration et réduit le stress, avec un impact direct sur leur performance.

Jean-Charles Samuelian, fondateur d’Alan, applique des méthodes issues du sport de haut niveau pour gérer son énergie. Il favorise les cycles de travail de 90 minutes suivis de pauses de 15 minutes, une technique éprouvée pour maximiser l’efficacité tout en limitant la fatigue mentale. Cette approche lui permet de maintenir un haut niveau de prise de décision sans subir l’épuisement que connaissent de nombreux dirigeants.

Comment repenser son organisation pour durer ?

Les chefs d’entreprise qui adoptent cette nouvelle approche témoignent d’un changement profond dans leur manière de travailler. Il ne s’agit plus d’accumuler les heures passées au bureau, mais d’optimiser les moments où l’on est le plus performant. Quelques ajustements simples permettent d’améliorer considérablement la gestion de l’énergie :

D’abord, il s’agit de limiter les réunions inutiles avec une politique de réduction des réunions pour éviter qu’elles ne deviennent une source de perte d’énergie. Ensuite, structurer ses journées selon ses pics de concentration. En effet, plutôt que de commencer la journée par des e-mails ou des tâches administratives, il est plus efficace de consacrer les premières heures aux tâches exigeantes intellectuellement. Enfin, instaurer des pauses stratégiques. Une étude de l’Inserm a démontré que le cerveau fonctionne mieux lorsqu’il alterne entre des phases de travail intense et de repos.

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