Nouvel acteur dans notre économie, la FinTech, alliance entre finance et technologie, investit progressivement les métiers de la banque, de l’assurance et de l’investissement. S’appuyant sur l’innovation technologique, elle repense les services financiers et bancaires. Reste à savoir quels en sont les enjeux et si elle constitue ou non, une menace pour les banques.
Que renferme la notion de FinTech au juste ?
« On utilise aujourd’hui le mot FinTech à tort et à travers », lance Guillaume-Olivier Doré, cofondateur de Viadeo et co-organisateur de l’évènement FinTech Bordeaux en octobre 2015. La notion de FinTech reste simple et découle de la combinaison des termes « finance » et « technologie ». Il s’agit globalement d’un domaine d’activité dans lequel des sociétés utilisent les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour exécuter des services financiers. On pense, en général, directement aux sites de financement participatif mais les formes peuvent fluctuer : solutions de paiement en ligne, de transferts de fonds, de gestion de budget ou patrimoine, plateformes web, applications mobiles, agrégateurs ou encore banques en ligne en sont de bons exemples. Les technologies sur lesquelles la FinTech s’appuie connaissent, elles aussi, un essor notable. Le Cloud, le Big Data, l’automatisation, les systèmes d’algorithmes ou de statistiques sont comme pris d’assaut par les FinTech. Pour qu’un plus grand nombre adhère à ce type d’usages, la FinTech doit rester simple en termes d’utilisation de la technologie : « La technologie ne doit pas se sentir, si le client la voit, c’est que le produit ou le service est raté. Pour réussir, les FinTech doivent concevoir des outils très simples, c’est ce qui est le plus difficile », rappelle Jérôme Traisnel, président et cofondateur de Slimpay, une start-up de paiement en ligne.
Des solutions pour mieux gérer son argent
Au-delà de celles de financement, certaines solutions viennent compléter les banques au niveau de la gestion du budget et des dépenses. Disponible sur l’App Store, l’application Bankin’, à titre d’exemple, permet de mieux gérer son argent. Regroupant près de 1,3 million d’utilisateurs partout en Europe, elle offre à ces derniers la possibilité de garder un œil sur ses dépenses ainsi que sur l’ensemble de ses transactions dans un historique illimité, de les catégoriser et prévient à l’aide d’alertes avant un découvert ou en cas de transactions suspicieuses. Tout cela, de manière sécurisée. D’autres solutions telles que Linxo, Expense Manager, Gestionnaire de dépenses ou Gestion du budget, permettent de suivre de près ses dépenses. Des solutions qui, au final, s’accordent avec la recommandation des banques : sécuriser son argent.
Le crowdfunding en dons et crowdlending Equity
Non proposées par les banques, ces deux formes de crowdfunding se présentent comme d’autres moyens existant pour financer un projet. Les banques ne participent pas au financement d’un projet sous la forme de donations. En conséquence, les plateformes de crowdfunding en dons ne cessent de gagner en notoriété auprès du grand public. D’autant plus qu’elles bénéficient d’un cadre législatif et ainsi d’un statut officiel, mis en place en octobre 2014. Si le crowdlending Equity ne fait pas non plus partie des activités prises en charge par les banques, ce dernier trouve sa place dans la notion de FinTech. Il ne s’agit plus-là de dons mais d’un investissement au capital d’une société. Autrement dit, d’un financement par actions. En échange d’un financement en fonds propres, les investisseurs deviennent alors actionnaires de la société en question. Il est à noter qu’une entreprise ne pourra toutefois pas recevoir un financement d’un montant supérieur à un million d’euros. D’autre part, ce type de financement contient des risques pour son investisseur qui pourrait perdre l’intégralité de son investissement. Le risque de non-liquidité reste bel et bien présent.
Crowdfunding en prêt ou crowdlending : un financement complémentaire aux banques
Si les solutions proposées par les FinTech sont nombreuses, elles servent surtout à compléter le financement des banques plus qu’à les remplacer. Elles interviennent d’abord dans des zones qui ne sont pas financées par les banques, notamment là où le risque est fort, la banque n’étant pas là pour jouer avec l’argent de ses clients. Souvent perçu comme concurrent de la banque, le crowdlending (ou crowdfunding en prêt, ndlr) propose des prêts rémunérés. Il ne s’adresse, en réalité, pas à la même population d’investisseurs. Avec des taux d’intérêts oscillant entre 7 et 10 % et une durée moyenne d’investissement qui s’étend entre deux et cinq ans voire plus, le crowdlending est davantage destiné à ceux qui souhaitent prendre des risques élevés. Cette technique constitue, la plupart du temps, une sorte d’alternative aux banques qui refusent d’accorder leur financement.
La concurrence des néo-banques ou banques en ligne
À l’ère de la révolution numérique, les établissements bancaires dématérialisés sont bien souvent l’œuvre de la FinTech, mais pas seulement. Ces banques en ligne, appelées également néo-banques, appartiennent généralement à des banques traditionnelles. Elles proposent ainsi des services en ligne aux moyens d’un site internet, d’une application et d’une carte bancaire. Leur atout réside sans doute dans la nullité des frais bancaires, permise par la dématérialisation des services ainsi que dans leur rapidité. Seulement quelques minutes sont nécessaires pour ouvrir un compte bancaire en ligne. Un revenu minimum est toutefois exigé pour l’ouverture d’un compte et varie selon l’offre choisie.
Le transfert de devises : une autre facette de la FinTech
Les outils de paiement en ligne, autres solutions complémentaires aux banques, tels que PayPal, Payname ou encore PayTop reposent sur le principe de transfert de devises (une devise représentant une unité monétaire, ndlr). Il s’agit en réalité de plateformes de paiement dématérialisées. Ces dernières se révèlent, en principe, plus rapides mais également moins coûteuses que pour les services opérés par les banques en ligne. Elles permettent à la fois de régler ses achats de manière sécurisée, de retirer mais aussi de gagner de l’argent. Pour utiliser ces plateformes, l’utilisateur doit, en s’inscrivant, renseigner ses informations personnelles telles que son adresse e-mail, son adresse postale ainsi que certaines informations bancaires. Alors que l’échange de devises se fait automatiquement, des frais de conversion peuvent néanmoins être à prévoir, notamment pour les opérations hors Union Européenne.
L’avantage des banques sur la FinTech
Ces start-up « made in France » proposant ce type de solutions financières s’affichent de plus en plus nombreuses et viennent bousculer les rapports entre les différents acteurs issus de la finance. Alors qu’ils se placent majoritairement comme complémentaires aux banques ou en font partie comme pour certaines banques en ligne, leur champ d’action reste toutefois limité. Pour les méthodes de crowdfunding en prêt ou crowdlending, par exemple, les montants pouvant être injectés dans un projet ne peuvent pas dépasser le million d’euros, afin de protéger les investisseurs. Concernant le crowdlending Equity, cette pratique comporte des risques élevés et de forts taux d’intérêts à débourser aux investisseurs. D’autre part, par rapport aux néo-banques ou aux plateformes de crowdfunding, les banques physiques détiennent l’avantage de proposer un contact réel à leurs clients, et non par le biais de la dématérialisation. Un grand nombre d’entreprises, tout comme pour les particuliers, demeurent attachées à la relation qu’elles entretiennent avec leur banquier. Une relation de confiance que la FinTech ne permet pas encore.