Financer la création d’entreprise, un combat de proximité !

La création d’une petite entreprise n’obéit pas aux mêmes lois financières que la très grande entreprise solidement établie. De la même façon qu’il existe deux formes de patronat (le patronat-propriétaire des PME et le patronat-manager de la Grande Entreprise), de même qu’il existe deux managements, celui de proximité (relations interpersonnelles, importance des éléments sensoriels, contacts directs avec la clientèle) et celui à distance (contrôle budgétaire, reporting, audit, étude de marché…), il existe aussi deux logiques financières totalement différentes.

Des liens de proximité nécessaires pour les PME

Dans les PME, la proximité est prescrite. Combien de fois voit-on des projets insuffisamment dotés en fonds propres ? Et combien de fois peut-on entendre conseiller aux porteurs de projet de chercher ici un oncle d’Amérique, là de riches amis ou encore de précieux membres de la famille pour combler cette insuffisance ? C’est la théorie des trois ‘C’ : les cousins, les copains ou les cinglés ! Ces liens de proximité consolident la confiance et l’accélération des décisions. Mohamad Yunus, prix Nobel de la paix et fondateur de la Grameen Bank (Grameen signifie ‘village’ en bengali) n’a rien fait d’autre que de sublimer ces relations de proximité dans la micro-finance. Les Fonds d’Investissements de Proximité vont en ce sens également.

Des liens à cultiver : une question de survie

Les porteurs de projets doivent cultiver leurs liens avec leurs apporteurs de fonds, avec leurs capitaux-risqueurs et aussi avec leurs banquiers car de nombreux travaux attestent que la proximité est facteur d’efficacité, de confiance, de rapidité et de flexibilité. Tout ce dont peut rêver le créateur en phase de création. Mais cette quête de proximité est un combat quotidien tant il est aisé de constater que tout est fait aujourd’hui par les banques et la finance moderne pour détruire ces relations de proximité (fonds de pension, titrisation, rotation des chefs d’agence, comité d’engagement, credit scoring…). Préserver une finance de proximité n’est pas qu’une condition de survie ou d’efficacité pour les PME, c’est aussi promouvoir une société plus humaine, plus sensible et plus durable.

Une logique différente dans la grande entreprise

A l’inverse, la finance de la grande entreprise est régie par un grand principe : celui de la séparation/distanciation. Une simple lecture des rapports Viénot et Bouton nous apprend que lorsque l’entreprise est cotée en bourse, il est souhaitable qu’elle dissocie son conseil d’administration en deux entités distinctes : le directoire et le conseil de surveillance. Il est aussi conseillé de faire appel à des administrateurs indépendants qui ne doivent avoir « aucun lien de proximité » avec l’entreprise. Dans la grande entreprise la proximité est proscrite !

Article par Olivier Torres

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