Olivier Nishimata, cofondateur de Dynamique Entrepreneuriale revient, pour vous, sur le choix des locaux de l’entreprise et vous confie les péripéties qu’il a rencontrées.
En dix ans, la location ou l’achat des locaux d’entreprise a vécu une révolution. S’il était de bon aloi de louer des locaux et d’y rester de manière pérenne, la nouvelle mentalité des entrepreneurs a changé la donne et Dynamique a surfé sur cette vague de changement comme bien des entrepreneurs ! Mon frère et moi avons commencé seuls dans l’entreprise. Les locaux n’étaient pas vraiment une préoccupation au début de notre aventure puisque nous étions encore salariés lors de la phase « création de l’entreprise ». Nous avons tout naturellement commencé à notre domicile jusqu’à que nous nous décidions à créer l’entreprise.
Le premier choix des locaux
Nous avons rapidement opté pour une domiciliation jumelée avec une location de locaux. Nous ne pouvions nous écarter des principes rigides des habitudes sociales : il nous fallait un siège social et une adresse qui ne change pas au gré des baux temporaires, bénéficier d’une belle adresse afin de rassurer nos clients sur notre crédibilité mais aussi avoir des locaux peu onéreux adaptés à notre trésorerie qui comme vous vous en doutez n’était pas encore florissante. A l’époque (rappelons que le coworking n’existait quasiment voire pas), il fallait louer des locaux et donner plusieurs mois de garanties que nous n’étions pas capables de financer.
Quant aux pépinières, les seuls locaux disponibles étaient beaucoup trop grands pour nous et donc trop onéreux. A défaut de trouver notre bonheur, nous nous sommes orientés, non plus dans Paris intramuros, mais vers sa banlieue proche (Bagnolet, ndlr)où les locations étaient plus adaptées à notre type de profil (créateurs sans argent). Les locaux n’étaient certes pas très grands (15 ou 20 m2), mais le bail pouvait être résilié d’un mois sur l’autre et ne se présentait donc pas un carcan. Nous y sommes restés jusqu’à la fin de l’année 2009 et les avons abandonnés juste quelques mois avant la fin de notre levée de fonds. Pour protéger la trésorerie en vue de payer quelques prestations, nous avons donc opté pour un retour à notre domicile.
Des locaux plus grands et mieux adaptés…
Une fois la levée de fonds réalisée, nous avons opté pour des locaux avec un bail 3 – 6 – 9 du coté de Saint-Ouen et y avons rapatrié le siège social. Le loyer était très raisonnable au vu des 75 m2 même s’il y avait un dépôt de garantie. Ce nouveau lieu, plutôt spacieux, nous permettait d’agrandir l’équipe et de pouvoir passer les nombreux appels pour développer notre entreprise sans nous déranger (gêner) les uns les autres. Nous avons également pu organiser des salles de réunion mais aussi de stockage pour nos magazines. La localisation nous permettait de nous déplacer rapidement vers nos clients et nos interviews (métro et bus) et donc la situation géographique ne s’est jamais révélée un obstacle.
… Mais quelques difficultés
Nous sommes restés quelques années dans ces locaux. Il faut avouer qu’au final le principal souci résidait dans le quartier qui n’était pas très agréable et qui ne donnait pas envie de rester pour prendre un verre mais aussi qui compliquait le recrutement de profils plus qualifiés qui ne souhaitaient pas évoluer dans cet environnement. Effet d’opportunité, nous nous sommes rapprochés d’une structure qui souhaitait nous accueillir dans ses locaux parisiens. Huit mois avant la fin du bail, nous avons envoyé un recommandé à notre propriétaire qui n’a pas répondu.
Un mois avant la fin du bail, après une discussion rapide avec notre propriétaire, il nous a gentiment signalé que notre contrat de bail indiquait que nous devions envoyer un acte d’huissier et donc que notre bail était reconduit sauf à payer trois ans de loyer (avec le sourire). Le procédé était très douteux car il aurait pu nous le signaler lors de la réception de la lettre mais notre avocat nous avait indiqué que nous prenions le risque de perdre en cas de litiges. Par chance, une structure tierce nous a contacté pour reprendre le bail, ce que nous avons proposé à notre propriétaire qui a finalement accepté.
L’arrivée dans la capitale
Au départ mon associé ne souhaitait pas trop se déplacer dans nos nouveaux locaux car les anciens étaient plus proches de son domicile. J’ai commencé par y aller seul puis les équipes sous ma responsabilité, qui préféraient les nouveaux locaux, m’ont rejoint. Même s’il s’agissait d’un espace de coworking chez DOJO, nous avions un espace qui nous permettait d’évoluer sans gêner les autres entreprises.
De nombreux bénéfices inattendus se sont révélés : la décoration était bien choisie, les services étaient pris en charge par le lieu (notamment fourniture d’eau et opérateur internet) qui ne nous coûtaient donc plus rien et la présence d’autres entreprises égayaient l’atmosphère générale. Les autres bénéfices résidaient dans la capacité à attirer de meilleurs profils ou encore à inciter les équipes à rester. Seul petit bémol de l’époque : notre capacité à bien capter nos téléphones cellulaires, difficulté qui a dû être résolue depuis. Finalement notre développement nous a conduits à rechercher une nouvelle structure.
Vers d’autres coworking
Nous avons ensuite rejoint d’autres types de coworking parisiens avec des styles de bureaux plus traditionnels et plus froids même s’ils n’avaient pas tous exactement la même typologie. Les premiers (à Gare de Lyon) que nous avons intégrés étaient très bien aménagés mais quelques indépendants (pas tous) qui étaient sur place n’arrêtaient pas de venir voir nos équipes, de les interrompre dans leurs tâches et de monopoliser les salles de réunions / téléphones et donc pour resserrer notre cohésion nous avons dû effectuer une nouvelle recherche.
Les locaux suivants se sont révélés mieux et plus adaptés car de nombreux petits espaces avaient été aménagés pour s’isoler et chacun se respectait dans l’espace en évitant les nuisances sonores trop importantes. Nous avons dû les quitter car le gestionnaire souhaitait réorganiser son lieu et nous a déplacés vers un autre lieu. Les suivants se sont avérés particulièrement désagréables, non pas en raison du lieu qui offrait beaucoup d’avantages mais d’une équipe de locataires qui parlaient très forts et toute la journée au téléphone, ignorant l’existence des autres entreprises. Les équipes de Dynamique ont vu leur productivité diminuer et malgré des tentatives de conciliation avec le nouvel arrivant, nous avons dû envisager une nouvelle fois de rechercher d’autres locaux…. Le propriétaire comprenant la gêne occasionnée a décidé de nous « surclasser » en nous offrant des bureaux. Nous nous sommes mis en quête de nouveaux locaux car cette situation était temporaire.
Le dernier espace en date
Aujourd’hui, l’équipe de Dynamique s’est réorientée vers un nouveau style de bâtiment à mi-chemin entre le coworking et le centre d’affaires. Disposant de belles adresses, ces nouveaux concepts permettent de bénéficier des avantages de belles start-up (rooftop, table de ping-pong, salle de méditation…) pour les parties communes. La présence de bureaux fermés évite les nuisances sonores trop importantes et les nombreux petits espaces aménagés permettent les activités commerciales. La présence d’autres équipes ainsi que les activités organisées par les responsables de l’espace permettent aux collaborateurs d’échanger avec d’autres entreprises et de se détendre.
Si le prix reste raisonnable au regard des prestations fournies et de l’environnement, ce lieu se révèle relativement cher dès lors que l’équipe est importante. D’un point de vue général, le choix des locaux dépend de nombreux critères notamment ceux liés à votre stade de développement et à votre activité. D’autres comme celui de votre capacité à attirer du monde, à vous sentir bien dans l’environnement extérieur et intérieur de l’entreprise sont en prendre en compte sans oublier l’incontournable : les finances. Ce retour d’expérience vous montre bien que notre besoin et nos attentes ont évolué au fur et à mesure du développement de notre entreprise et que parfois, les lieux peuvent être parfaits mais que les autres locataires restent aussi déterminants.