L’entrepreneuriat et le management sont deux branches qui ne font pas appel pour certaines aux mêmes qualités personnelles et professionnelles. Néanmoins, l’un engendre l’autre ! On imagine difficilement comment entreprendre sans volonté de se développer et donc de recruter. Le recrutement implique nécessairement le management. Dès lors, l’entrepreneur devra aussi devenir un manager ! Difficile d’imaginer un entrepreneur isolé sur une page déserte et qui ne manage pas ! Certes le créateur à ses débuts, se retrouve seul mais il devra manager ses fournisseurs entre autres.
Deux rôles en un !
L’entrepreneuriat exige de nombreuses qualités techniques, un esprit créatif et innovant. L’entreprise a vocation à se développer et à croître dans tous les domaines à moins de rester à l’état de la microentreprise. Dans ce cadre de création d’entreprise, la pratique oblige l’entrepreneur à posséder ou à développer des qualités managériales. Il faut pour croître en effet recruter des collaborateurs ou trouver des associés. Quelle que soit la nature de ce recrutement, il induit la création d’une équipe et d’une forme d’organisation. Or là où il y a équipe et organisation, il y a nécessité de management. Si donc les deux personnages, entrepreneur et manager, sont présentés comme distincts au plan étymologique, ils se confondent très généralement surtout dans les petites et moyennes entreprises. Seules les grandes entreprises peuvent se permettre de décharger le dirigeant par les cadres managers ! Et encore, ces derniers doivent être eux-mêmes managés…
De la théorie à la pratique, il y a la réalité !
Parce qu’il est dans leur nature de catégoriser, les sociologues et les économistes tendent à différencier entrepreneurs et managers. Joseph Schumpeter, le célèbre économiste autrichien du milieu XXᵉ siècle, a bien posé les principes de la logique entrepreneuriale. Pour celui-ci, l’entrepreneur est au cœur du capitalisme et ce dernier ne devra sa sauvegarde qu’à la perpétuation de l’esprit d’entreprendre. Les thèses de Schumpeter laissent à penser qu’en s’agrandissant les entreprises sont marquées par la multiplication des cadres gestionnaires peu ou pas enclins à prendre des risques comme dans le modèle de l’entrepreneur. Les théoriciens opposent ainsi logique entrepreneuriale et logique managériale alors que dans la pratique celles-ci s’articulent plus qu’elles ne s’opposent. La réalité est bien loin de cette séparation des logiques et les frontières entre l’entrepreneur et le manager s’estompent.
Un constat encore plus vrai en France
En France, où le tissu économique compte 159 000 petites et moyennes entreprises. Ces PME emploient 4,3 millions de salariés et réalisent près de 23 % de la valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises, la notion la plus juste est celle de l’entrepreneur-manager. Le patron, comme l’imaginaire populaire le nomme encore majoritairement à tort, est le plus souvent créateur et cadre dirigeant de son entreprise. Il conjugue les deux rôles sans forcément épouser les thèses économiques ou sociologiques qui les différencient. Schumpeter est d’ailleurs plus proche de la réalité que nombre de ses pairs lorsqu’il prend Henry Ford comme modèle absolu de l’entrepreneur. L’américain est en effet un entrepreneur de génie mais aussi un manager averti qui inspira le fordisme qui se veut un compromis économique et social vertueux ! Une forme de management social qui a fait ses preuves !
Le constat est clair. Si le manager n’est pas toujours entrepreneur, l’entrepreneur est lui tôt ou tard manager. Vous voilà averti : pensez à cultiver ces qualités de manager qui tôt ou tard vous seront fort utiles dans votre aventure entrepreneuriale. Un challenge de plus mais de loin un des plus passionnants au regard de l’enrichissement que représente l’animation des talents au sein de votre entreprise.