Être un bon repreneur pour pérenniser une reprise d’entreprise

Claude Grillot, serial entrepreneur, nous donne les clefs de la réussite de la reprise d’une entreprise. Claude Grillot, Président Directeur Général de PRESTIGE FACILITIES, a crée 9 entreprises de nettoyage industriel depuis 1974 en France et à l’étranger (Afrique, République Tchèque, Hongrie, Pologne) dont l’une ayant eu plus de 4000 salariés.

Quelles sont les qualités que doit avoir un bon repreneur ?

Avant de vous expliquer ce qui m’incite à reprendre une entreprise, je pense qu’il est important de parler des qualités du bon repreneur. Pour moi, les qualités d’un bon repreneur peuvent se décomposer en 5 critères :

  • Avoir confiance en soi. Un bon repreneur est avant tout une personne qui a suffisamment confiance en elle pour envisager le développement et la progression de l’entreprise qu’elle acquerra. Cette confiance doit rester objective, mais rester le rempart à tous les obstacles qui ne manqueront pas de se présenter.
  • Être un bon manager. La première action d’un repreneur est de remotiver toutes les équipes. Souvent, les sociétés que l’on reprend sont dans une mauvaise situation financière et les équipes sont démotivées. Il va donc falloir les remotiver et quand je parle de manager, il ne s’agit pas forcément d’un management complexe mais simplement d’un management humain.
  • Savoir s’entourer. Le choix des collaborateurs est crucial dans une reprise d’entreprise. Il est donc nécessaire de faire une analyse précise des compétences, de définir immédiatement un plan de formation pour combler les lacunes, ainsi qu’un business plan définissant les missions et objectifs de chacun.
  • Être un bon gestionnaire. Dans les opérations de reprise, il s’agit souvent d’opération sauvetage puisque les sociétés à reprendre sont parfois loin d’être en bonne santé. Il faut donc parfois remettre les comptes en place.
  • Savoir choisir l’activité que l’on reprend. Pour un maximum d’efficacité, il vaut mieux rester dans le domaine d’activité qui est le sien, car d’une activité à l’autre, les paramètres changent sensiblement, et sans expérience, les erreurs peuvent coûter très cher.
  • Être chanceux. Bien sûr, vous verrez qu’on applique certains points avant de reprendre une entreprise. Cependant, on peut constater qu’il y a 50 % de chance, 50 % de capacité.
    Certes, il faut y mettre toute son énergie et ne négliger aucun aspect afin d’imposer rapidement ses objectifs. Mais il faut aussi que tous les rouages se mettent en place harmonieusement et ce que j’appellerai « la chance ».
  • Être très ouvert sur tout ce qui se passe autour de soi dans les premiers mois de la reprise, et l’on comprendra très vite si on est dans la bonne direction. Ne pas hésiter à se remettre en question.

Comment choisir l’entreprise que l’on va reprendre ?

Pour ma part, avant de reprendre n’importe quelle entreprise, je regarde les points suivants :

  • Connaissance de la société. Il faut regarder quels sont ses points faibles et ses points forts. Regarder l’état des ressources autant financières qu’humaines et surtout apprécier son avenir.
  • Confiance dans les possibilités de développement. Il s’agit ici d’un des points majeurs de la décision. En effet, la véritable question que l’on doit se poser est : « Quel est le potentiel de cette affaire ? ». Dès qu’on a cerné ses possibilités, on peut faire un plan de développement sur plusieurs années. Une des capacités d’un repreneur c’est d’avoir des idées précises sur la façon dont il va modifier son entreprise pour la relever.
  • Éléments financiers de la reprise. La reprise d’une affaire s’accompagne souvent de besoins financiers importants, et très souvent les banques sont sollicités. Pour obtenir la confiance de ces institutions, il est nécessaire de présenter un profil de compétences grâce à une expérience réussie dans le domaine de la reprise, et à des plans financiers réalistes, très étudiés, et qui prouveront votre sérieux dans l’étude préliminaire de l’affaire.
  • Choisir le moment. Si la connaissance du métier et de la société, la confiance dans les possibilités de développement, la présence de ressources qui permettrait de tout reprendre sont réunis, il reste nécessaire tout de même de prendre en compte le moment. Exemple à éviter : acheter une entreprise de transport en pleine crise pétrolière. Il est évident que même si tous les paramètres cités plus haut sont réunis, nous allons être confrontés à des obstacles que nous ne maîtrisons pas, et si nous réussissons à passer à travers, ce sera de toute façon un frein au développement. Donc vérifier les tendances économiques de la période en cours.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’une de vos reprises ?

Lorsque j’ai repris la société T. c’est parce que son dirigeant que je connaissais m’avait appelé pour me la proposer. L’affaire était moribonde, tant sur le plan CA que sur le plan organisation. Mais je connaissais le métier, et je me suis lancé le challenge. Un an après, un client m’appelle et me propose un contrat gigantesque dans des laboratoires pharmaceutiques. C’était fini, je n’avais plus qu’à gérer la croissance et à développer l’activité autour de ce nouveau client. Cela a duré 18 ans, avec une progression multipliée par 20. Tous les critères énumérés ci-dessus ont été appliqués et ce fut une excellente expérience.

Pouvez-vous nous présenter une ou deux de vos création ?

La création la plus originale que j’ai faite, est la création d’une entreprise en République Tchèque. 6 mois après la chute du mur de Berlin au cours d’un voyage organisé avec des chefs d’entreprises, j’ai eu la possibilité de répondre à un appel d’offre. J’ai gagné, et trois mois plus tard, je m’installais à Prague avec deux cents employés tchèques. Nous avons développé l’entreprise, et aujourd’hui, elle compte 4000 employés. C’est une réussite aussi bien économique qu’humaine car on imagine très bien tous les problèmes que l’on a dû résoudre pour avancer. Une expérience inoubliable.

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