La productivité est le cheval de bataille des entreprises. Celle-ci ne va pas forcément de pair avec le fait de travailler plus. Alors que les salariés Français sont de ceux qui passent le moins de temps au bureau, notamment grâce aux 35 heures (ou à cause ?), ils sont aussi parmi les plus productifs au monde. Quand travailler plus ne rime pas vraiment avec gain de productivité…
Corrélation entre productivité et temps de travail
Outre le coût horaire du travail, le volume d’heures effectué par les salariés fait partie des problématiques des entreprises. Elles cherchent à maintenir et accroître leur niveau de compétitivité. Néanmoins, travailler plus ne permet pas vraiment d’être plus productif. Bien au contraire, comme le démontrent les études chiffrées et réalisées sur plusieurs années par l’OCDE et l’INSEE depuis longtemps.
En effet, alors que le nombre annuel d’heures travaillées ne cessent de diminuer dans une majorité de pays depuis les années 60, la productivité augmente. A titre d’exemple, alors qu’un Français travaillait 2 230 heures par an en 1950, il n’en réalisait plus que 1 559 en 2007, pour un PIB par habitant de 32 300 dollars. A contrario, le PIB japonais est sensiblement le même (32 200 dollars), alors que le salarié effectue 1 784 heures de travail à l’année.
La vision de Jean Fourastié, économiste et professeur Français, qui écrivait dès 1965 que nous produirions plus en travaillant moins ne semble donc pas aujourd’hui si futuriste que cela. Reste à savoir si sa prédiction, de descendre à 30 heures hebdomadaires passées au bureau, se réalisera. Les 35 heures ont été mises à mal et sont bien ancrées. On peut se poser la question avec tous les débats actuels sur l’IA.
Sources de productivité au travail
Si pour l’heure le temps de travail n’est effectivement pas envisagé à la baisse, voire est revu à la hausse pour produire plus sans avoir à embaucher du personnel, les entreprises s’arment de plus en plus d’un arsenal de solutions, plus ou moins catholiques, pour améliorer les performances de leurs collaborateurs au bureau.
Certains patrons optent pour le développement du bien-être et de l’épanouissement de leur salarié. Ceci, en mettant l’accent sur la santé physique et psychologique. Parmi les solutions les plus connues figurent les pauses obligatoires, les activités de cohésion d’équipe ou encore le sport. D’autres, plus en vogue ses dernières années, se développent également en France et un peu partout en Europe. On pense notamment à la très médiatisée sieste après le déjeuner, ou encore les séances de yoga ou de massage.
Du côté de l’organisation du travail, de nouvelles formules voient le jour ou se démocratisent. Outre la flexibilité des horaires d’arrivée et de départ du bureau, des dirigeants en nombre croissant accordent plus de souplesse, de confiance et d’autonomie à leurs salariés en leur permettant d’effectuer leurs missions en télétravail. Outre-Atlantique aux États-Unis, la tendance est aux congés payés illimités dans de plus en plus d’entreprises. En plus d’être libres dans leur temps de travail journalier, hebdomadaire et annuel, les équipes décident par elle-même de leurs nombre de jours de congés.
Un comportement à l’inverse existant
D’un point de vue complètement différent, certains patrons misent sur la pression. Étonnant à lire, mais pourtant, certains collaborateurs paraîtraient plus productifs en travaillant dans l’urgence et sous stress. Ce sont en effet les résultats d’une étude menée par des chercheurs américains. Ils ont mis en évidence que durant la période de crise de 2007 à 2009, les salariés avaient été plus performants, la situation économique de l’époque ayant imposé aux entreprises et leurs effectifs de faire tout autant avec moins. Ce que l’étude ne révèle pas en revanche, c’est que si cette méthode peut être envisagée sur une courte période. Elle est toutefois néfaste sur le long terme, provoquant arrêt maladie voire burn out dans les cas les plus graves.