Mettre à l’honneur des femmes qui se lancent dans le monde de l’entreprise. C’est là l’objectif de l’EAF (Entrepreneuriat Au Féminin), branche de la Confédération des petites et moyennes entreprises. En créant ce prix il y a cinq ans, le club cherche à promouvoir les talents et le savoir-faire de femmes créatives et audacieuses. En mai dernier, à Paris, sept sociétés ont été récompensées dans des domaines divers et variés comme l’innovation ou l’export. Les détails.
163 millions de femmes ont créé des sociétés partout dans le monde, d’après un rapport 2017 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM). L’entrepreneuriat en France est aujourd’hui encouragé, mais le pourcentage des entrepreneures, sous la barre des 40 %, peine à progresser. Selon l’OCDE, une croissance de 9,4 % d’ici vingt ans devrait être enregistrée. Pour encourager ce développement, le groupe Entrepreneuriat Au Féminin (EAF) a distingué, lors de sa cérémonie de remise des prix, sept lauréates au potentiel étonnant.
Ange 112, sauver des vies en danger
Marie-José Domecq a reçu le prix de la création d’entreprise avec son application médicale pour Smartphone. Cadre de santé depuis une trentaine d’années, elle a créé Ange 112, qui délivre des informations médicales précieuses pour les secours, en cas d’accident. Sur les lieux d’intervention, les services comme le SAMU et les sapeurs-pompiers n’ont généralement pas accès aux informations et antécédents des personnes à charge. Un patient ayant téléchargé l’application dispose aussitôt d’un diagnostic précis et évite les complications. L’utilisateur renseigne dans un dossier électronique, différentes informations personnelles comme ses allergies, maladies ou son groupe sanguin. Seuls les professionnels de santé ont accès à ses données, par l’intermédiaire d’un bouton d’appel d’urgence, relié au service 112. La dirigeante souhaite développer davantage son programme avec la géolocalisation afin de permettre aux secours d’intervenir plus rapidement.
Haase Innovation, sauvée de la liquidation judiciaire
Marine Anton décroche le trophée de la reprise d’entreprise avec Haase Innovation. Cet établissement de textile haut de gamme à Manthes, dans la Drôme, a été sauvé par la trentenaire en 2013. Il est spécialisé dans la confection de plusieurs prototypes pour de grandes maisons de mode comme Louis Vuitton ou Balmain. Entrée dans la société en 2006 comme assistante modéliste, la jeune femme a très vite gravi les échelons et est devenue responsable de production et du bureau d’études. Face aux difficultés financières de Haase Innovation et à la menace d’un redressement judiciaire, elle a ensuite décidé de constituer un dossier de reprise avec le soutien d’institutions de mode comme Agnès B. Plus de vingt emplois ont pu être conservés. L’entreprise a, depuis, repris des couleurs avec un chiffre d’affaires de près de deux millions d’euros en 2015.
Au Ruban rose, pour les femmes atteintes de cancer
Dans la catégorie innovation, c’est Emmanuelle Muscat-Blot qui est récompensée. Cette Nivernaise de 45 ans, ancienne déléguée médicale, a ouvert son affaire en janvier 2016. Objectif : venir en aide aux personnes atteintes de cancer. Diagnostiquée, elle-même, de la maladie, l’entrepreneure accompagne les patients et tente de leur redonner goût à la vie. Toutes sortes de produits sont d’ailleurs proposés par l’établissement : de la lingerie, des chapeaux, des cosmétiques mais aussi des prothèses mammaires et capillaires. Avec l’aide du réseau BGE (réseau associatif national d’aide à la création d’entreprises en France, ndlr), elle a pu financer son projet en obtenant un prêt à taux zéro de 10 000 euros.
Comptoir de campagne, des commerces multi-services pour les villages
La start-up, Comptoir de campagne, de Virginie Hils, fondée en 2015, est la grande gagnante du trophée de l’économie sociale et solidaire. La société a été financée par une levée de fonds de 275 000 euros en crowdfunding, via la plateforme Lita. L’entreprise a pour mission de redynamiser les zones désertées en campagne en proposant un modèle de magasins multi-services. Le cadre de vie des habitants s’en verrait ainsi amélioré avec des services de proximité comme une cordonnerie et un pressing. Trois comptoirs sont déjà implantés dans le Forez et le Beaujolais. L’objectif à cinq ans est la création d’environ soixante comptoirs en France.
Le secteur artisanal, bio et scolaire récompensés
Delphine Tillieux reçoit la palme des métiers à conquérir avec son entreprise de menuiserie, Tillieux Menuiserie. Elle est la première femme à diriger cette société familiale, fondée par ses aïeux masculins en 1899. Le commerce de Marie-Thérèse Massamba, Equation Bio, reçoit le prix de l’Entrepreneur du Monde. Il est spécialisé dans la transformation et la valorisation du soja. Des biscuits, des aliments de bétail et des fertilisants pour le sol sont ainsi proposés. L’école privée Koreva Formation obtient le trophée de l’export. Sa directrice Coryne Sultan propose dix-huit formations à distance de coiffure, beauté et esthétique. Étant conçues pour des personnes en reconversion ou sans qualification, chaque élève peut suivre le déroulement de ses études, à son rythme, grâce des aménagements de cours. L’apprentissage se déroule à l’aide d’un espace réservé sur internet, où des devoirs sont envoyés. Des enseignements et conférences entre élèves sont même proposés en e-learning.
Cette remise de prix permet la découverte de nombreux talents au service du savoir-faire français. Mais les préjugés sexistes persistent : beaucoup de femmes ne franchissent pas le pas, considérant que certains métiers ne sont pas faits pour elles… Selon une étude du site de recherche d’emploi Indeed, 65 % des femmes en France pensent que certains types d’emploi appartiennent plus à un genre qu’à l’autre. Un préjugé qu’il faut surmonter pour développer l’entrepreneuriat féminin.