L’innovation autour de l’érotisme et de la sexualité est en plein essor et à la pointe de la technologie. Dans une industrie estimée à 50 milliards de dollars d’ici 2020, les entreprises de la SexTech continuent de se multiplier et des pépites devraient émerger de ce vivier. Elles font toutefois face à la frilosité d’un certain nombre de professionnels. Le secteur, malgré une croissance impressionnante, reste encore très négligé et stigmatisé. Des hommes et femmes tentent néanmoins l’aventure, malgré les préjugés et les difficultés.
Le monde de l’entrepreneuriat et des nouvelles technologies n’est pas réservé qu’à la finance, la santé, l’environnement ou au commerce. L’univers de la SexTech compte bien se faire sa place malgré des banques et investisseurs privés souvent réticents à l’idée de financer ces start-up, aux idées étonnantes et atypiques. Robots sexuels, sextoys connectés et applications de conseils érotiques, autant d’inventions révolutionnaires pour le domaine.
Henry et Harmony, des robots sexuels
Un robot qui donne du plaisir et sert de partenaire… Voilà l’idée de Matt McMullen, dirigeant de Realbotix, branche de la société mère Abyss Creations, créée en 1997. La start-up californienne est spécialisée dans les poupées sexuelles plus vraies que nature. Au départ, ses sex dolls étaient de simples objets inanimés. Pour leur donner vie, l’entrepreneur s’est associé à cinq spécialistes des robots et du machine learning (type d’intelligence artificielle qui confère aux ordinateurs la capacité d’apprendre sans être explicitement programmés, ndlr). En 2017, la firme a ainsi dévoilé un sexbot high-tech féminin en silicone muni d’une intelligence artificielle, Harmony. L’androïde est capable de bouger plusieurs parties de son visage, faire la conversation et même retenir la date d’anniversaire de son propriétaire. Après le buzz suscité lors de sa commercialisation et pour satisfaire la gent féminine, un autre spécimen est sorti en avril 2018, Henry. Équivalent masculin, il peut faire de l’humour et jouer au gentleman en récitant des poèmes ou des chansons. Le prix de ces humanoïdes oscille entre 11 000 et 15 000 euros, selon les options choisies.
Hum, vibromasseur connecté
De « l’intelligence artificielle » dans un vibromasseur, c’est ce que revendique Dimensional Industries, la société de Jonathan Driscoll, fondée en 2012. Son nom, Hum. Il analyse les réactions du corps pour comprendre ce qui excite le plus l’utilisatrice. Créé par des physiciens, il possède un mini-ordinateur qui enregistre toutes les réactions de la personne qui l’utilise. Le vibromasseur est capable de répondre aux pressions ressenties par des capteurs ultra-sensibles. Il peut même analyser dans quelle position la cliente le manie. Entièrement résistant à l’eau, la batterie dure environ deux heures. L’objet coûte 179 dollars, soit 160 euros.
Speach, chatbot à destination des ados
De jeunes entrepreneurs ont inventé Speach en mai 2017. Le projet avait alors été imaginé en amont par Sarah Lecoffre, Quentin Colus et Antoine Tirante, membres de l’école du numérique ECV Digital. Audran Ditsch, Gaétan Poblon et Gautier Wojda les ont rejoint à la suite du hackathon (événement où un groupe de développeurs volontaires se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, ndlr) parrainé par Marc Dorcel. La bande a gagné le concours 42 Entrepreneurs à l’été 2017 avec à la clé, six mois d’intégration dans l’incubateur de la Société Générale afin de développer leur programme. Le concept : faciliter l’éducation sexuelle auprès des jeunes, spécifiquement les 15-25 ans. L’outil propose un programme d’informations en complément des conseils des parents, professeurs ainsi que des personnels sociaux et de santé. C’est par le biais d’un chatbot (robot virtuel dialoguant avec un humain sur un service de conversations automatisées, ndlr), sur le système de messagerie instantanée de Facebook, « Messenger », que la conversation se met en place. Pour les créateurs, c’est un moyen ludique d’apprendre la sexualité aux ados qui peuvent être réticents à en parler avec des proches. Le chatbot peut répondre à différents thèmes comme l’amour, le sexe, la prévention ou la contraception.
Des perspectives infinies s’offrent au secteur de l’érotisme et de la sexualité. Mais la désillusion peut vite arriver. L’entreprise de Christel Le Coq en a fait les frais. E-Sensory, sa jeune start-up de trois salariés, a subi une ouverture de procédure de liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Brest en mars 2018. Créée en 2014, elle avait fait sensation au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, lors du salon mondial de l’innovation en 2016. La dirigeante a conçu le premier sextoy connecté, surnommé Little Bird. Le concept : l’objet vibre en même temps que la personne lit des romans érotiques, via une application mobile. Les causes de l’échec ? Manque de financement, problèmes techniques et une censure auprès des magasins d’applications comme l’App Store. Pour l’aspect financier, d’autres solutions sont néanmoins à la portée de ces start-up de la SexTech comme le blockchain, les crypto-monnaies ou le crowdfunding.