Accompagnée par ses deux associés, Hélène Mérillon fonde en 2011 Youboox, une application de lecture sur Smartphones ou tablettes. Celle-ci étant encore peu connue du grand public, la dirigeante compte bien accélérer son développement et s’insérer confortablement sur le marché du livre numérique.
Un parcours qui insuffle l’envie d’entreprendre.
Ingénieure de formation, Hélène Mérillon entame son parcours scolaire en classe préparatoire scientifique, puis à l’ENSAE, une école de statistiques. Elle change d’orientation et intègre HEC. « Je n’avais pas envie de rester dans les chiffres, mais préférais me tourner rapidement vers le business » explique la dirigeante. Elle démarre sa carrière à Londres, où elle restera près de huit ans. La cofondatrice travaille d’abord cinq années dans le secteur de la finance chez Merrill Lynch.
Puis, elle est débauchée en 1998 par une start-up anglaise, Egg, première banque en ligne européenne. « Je pense que cette expérience a joué dans mon choix de vivre une aventure entrepreneuriale du fait de la forte culture autour de l’innovation » confie la dirigeante. Alors que la start-up convainc trois millions de clients en seulement deux ans, son lancement en France se révèle un échec. Hélène devient par la suite directrice marketing chez Poweo, opérateur d’énergie indépendant. « Je faisais partie de l’équipe qui a développé Poweo. Tout cela m’a donné encore plus envie d’entreprendre » explique-t-elle.
Un concept qui s’inspire des évolutions du secteur.
Hélène Mérillon passe trois années chez Generali France à la tête de la direction marketing. « Venant de racheter des sociétés d’assurance, ils avaient besoin de quelqu’un pour conduire le changement. J’ai alors lancé les premières applications mobiles d’assurance du marché, et suis rapidement tombée dans la marmite de cet écosystème mobile » raconte-t-elle. à l’heure où les Smartphones commencent à se développer, la cofondatrice voit dans les applications mobiles une nouvelle interface offrant de multiples possibilités aux utilisateurs pour se distraire comme écouter de la musique, lire… Faisant la connaissance de Vincent Daubry et Fabien Sauleman chez Generali, ils décident tous les trois de s’associer. « Fans de lecture et technologies, on a décidé de lancer une interface identique à Spotify, mais dédiée à la lecture » confie la dirigeante. De ce constat, naît le concept de Youboox.
Une offre qui se différencie sur le marché du livre numérique.
Créée en juillet 2011, Youboox entreprend trois levées de fonds pour développer la technologie et le marketing, pour un total d’environ trois millions d’euros. L’idée de ce concept est, selon la cofondatrice, de constituer « une bibliothèque que l’on peut avoir dans sa poche et emmener partout avec soi ». En comparaison avec d’autres applications de lecture numérique, Youboox se différencie d’abord par son prix, plus abordable pour le consommateur. Pour 7,99 € par mois, il offre un accès illimité à 120 000 contenus francophones, qu’il s’agisse de romans, magazines, bandes dessinées, livres de cuisine, de voyage…
Ce service permet d’avoir accès en permanence aux contenus proposés. Et enfin, il se place comme une plateforme de suggestion en proposant des lectures de deux manières. Pour la première, un membre de l’entreprise en charge de la partie éditoriale propose chaque semaine de nouvelles lectures en fonction de l’actualité ou de thématiques spécifiques. Il s’agit de suggestions globales, identiques pour chaque lecteur. Et la seconde, s’appuie sur des outils de suggestions personnalisées, qui varient selon les types de lecture de chaque utilisateur.
Se faire connaître en créant son propre carnet d’adresses.
N’étant pas issus du monde de l’édition, les trois associés n’ont, à la création de Youboox, pas de carnet d’adresses spécifique. Pour se faire connaître des éditeurs, les cofondateurs vont se positionner sur différents salons littéraires. Ils organisent également le Prix du livre numérique, qui n’existe pas à l’époque.
Hélène Mérillon revient sur les débuts de Youboox : « Nos premiers éditeurs étaient ceux de science-fiction. Ce sont les plus ouverts à l’innovation et au numérique, et ils nous ont davantage suivis par passion que par raisonnement économique. » En étant présente dans les stores partout dans le monde, sur les réseaux sociaux et autres sites francophones, l’application gagne d’autant plus en visibilité, et à l’international. « En clair, on se débrouille pour que les internautes nous trouvent ! » s’exclame la dirigeante. Aujourd’hui, près d’un million d’utilisateurs ont adopté l’application, dont 50 % en France, et ce sont plus de 250 éditeurs qui travaillent en partenariat avec Youboox.
Un business model qui passe du Freemium au Premium.
La stratégie de l’entreprise est portée sur un modèle B to B to C, c’est-à-dire que le service est commercialisé auprès d’entreprises clientes pour ensuite l’être auprès du grand public. « à plusieurs reprises, on a fait pivoter notre business model » nous raconte la cofondatrice de Youboox. D’abord partis sur un modèle Freemium, permettant de lire gratuitement en contrepartie du visionnage de bannières publicitaires, les cofondateurs se basent désormais sur un système d’abonnement. L’accès gratuit avec la publicité existe encore mais dans une logique d’essai, avec un catalogue retreint, afin d’amener l’utilisateur à aller vers le modèle Premium où l’accès est payant. Hélène nous en dit davantage sur ce choix décisif : « On a pris assez tôt ce virage parce qu’on a vite compris que la publicité ne suffirait pas à financer le développement de l’entreprise. »
Une stratégie axée sur le développement de partenariats.
Un point essentiel sur lequel s’affaire Youboox depuis fin 2015 repose sur les partenariats. Ils choisissent de transformer leur service de sorte à pouvoir le distribuer en co-branding. « Nous travaillons avec des bibliothèques municipales, des grandes écoles, mais sommes aussi sur des partenariats de distribution avec de grandes marques. Et ceux issus de la grande distribution devraient se lancer très prochainement » dévoile la dirigeante de Youboox. C’est pour elle la clé du succès face à Amazone, leur principal concurrent qui, bien que disposant d’un contenu plus restreint, bénéficie d’une importante puissance de distribution. « Développer nos partenariats devrait nous être largement profitables en gagnant en notoriété puisque notre marque est, à l’heure actuelle, peu connue du grand public » précise-t-elle.
Des ambitions marquées par un profond enthousiasme.
La dirigeante revient sur un moment symbolique de l’entreprise : « Lorsque l’on a atteint un million d’utilisateurs, on a fait la fête du million ! » s’exclame-t-elle. Pour Hélène Mérillon, c’est le signe évident que l’application commence à bien fonctionner. Elle ne cache d’ailleurs pas son enthousiasme quant à la réussite du projet sur le moyen, voire long terme : « Même si Amazone devrait prendre une part importante du marché, nos arguments face à ce concurrent sont solides. Nous proposons aux lecteurs de vraies suggestions, et je pense qu’on arrivera à tirer notre épingle du jeu. » Et quand on lui pose la question de savoir quelle est la prochaine étape, c’est sans hésiter qu’elle répond viser le million d’euros en chiffre d’affaires d’ici la fin de l’année.