Entre son succès grandissant, la fermeture de son site internet pour passer au 100 % social et 100 % vidéo, et son partenariat avec TF1, MinuteBuzz fait parler d’elle. Son cofondateur et dirigeant, Maxime Barbier, revient sur les moments clés de la boîte.
Passer du « monde de la nuit » à l’univers du digital.
En arrivant sur Paris, Maxime Barbier a d’abord travaillé dans un tout autre domaine avant de se lancer dans l’aventure de MinuteBuzz. « Pendant près de six ans, je travaillais dans le monde de la nuit et organisais des soirées », confie-t-il. Le cofondateur avait déjà recours au célèbre réseau social, Facebook : « Je me servais de cet outil pour promouvoir mes soirées, en tant que canal de diffusion. » Lassé d’organiser des soirées, Maxime décide, en 2008, de se réorienter dans le digital.
Un secteur prometteur qui intervient au moment où les marques commençaient à utiliser Facebook. « J’ai d’abord créé une petite structure visant à aider les marques à mieux communiquer sur le réseau social. Puis, deux ans plus tard, j’ai été amené à faire une mission de conseil au sein d’une société », raconte le dirigeant. À cette occasion, il y rencontre son associée, Laure Lefevre. Ensemble, ils ont l’idée de créer MinuteBuzz, un média destiné, selon eux, à montrer que le monde dans lequel on vit n’est pas si sombre que peuvent le dire les autres médias.
Les réseaux sociaux comme fer de lance.
« La vraie promesse de MinuteBuzz est d’essayer de changer un peu le monde en apportant du bonheur », rappelle le dirigeant. En d’autres termes, l’entreprise s’assimile à un média positif, ou plutôt un journal de bonnes nouvelles à grande échelle. « Depuis toujours, ce qui me passionne, c’est captiver l’attention des gens qui me ressemblent, les 18-35 ans », confie Maxime Barbier. « Et nous avons la chance de disposer d’une ligne éditoriale plutôt sympathique, sexy, légère, qui plaît aux jeunes », explique-t-il. En produisant des contenus que les gens aiment partager, ils sont parvenus à se faire connaître grâce aux différentes plateformes qui les ont mis en avant. « Au moment où MinuteBuzz a explosé, il y a trois ou quatre ans, certains articles étaient partagés 10, 20, 30 000 fois ! C’est le pouvoir des réseaux sociaux », raconte le cofondateur.
Des investisseurs qui croient au projet.
Ce n’est bien évidemment pas en « chantant dans la rue », comme lance avec humour le dirigeant, que MinuteBuzz s’est financée. Et pour cause, très rapidement, ils sont parvenus à lever des fonds à hauteur de 500 000 euros grâce à des business angels qui ont cru d’emblée au projet. « Avoir cette somme d’entrée de jeu nous a permis de bien démarrer et de prendre des bureaux », explique Maxime Barbier. Mais ce n’est pas tout puisque, dans la foulée, ils décident d’internaliser la régie et leurs commerciaux, l’une des clés de leur succès, selon eux. « Nombreux sont les médias à externaliser leur régie, et c’est, d’après moi, ce qui leur nuit », précise-t-il. Ils deviennent par la suite très vite rentables et lèvent un million d’euros, en 2014, pour accélérer leur développement.
Devenir 100 % social et 100 % vidéo.
En octobre dernier, une tout autre particularité a vu le jour chez MinuteBuzz. Elle constitue, selon Maxime, le premier média à avoir fermé son site internet pour devenir 100 % social et 100 % vidéo. Autrement dit, la diffusion ne se fait que par le biais de plateformes sociales, et plus aucun article ne paraît, seulement des vidéos. Ils ne détiennent donc ni site internet, ni application mobile. Et quand on demande la raison de ce choix, celui-ci répond : « Avant, il fallait être bien référencé pour générer du trafic. Depuis maintenant deux ans, les plateformes sociales ont envahi les usages et cela ne fait que s’accentuer. »
Pour ce qui est d’opter pour le 100 % vidéo, le dirigeant l’explique par le fait que ce type de format est en forte croissance ces dernières années. Un risque, selon lui, clairement maîtrisé : « Notre business model est basé sur du brand content (ndlr : créer un contenu en association avec une marque). Que l’on mette le contenu d’une marque sur un site ou une plateforme, cela ne change rien car l’important reste qu’il soit vu. » Maxime Barbier ajoute à cela le fait que ce pivot a permis à la société de rester concentrer sur un même objectif, à savoir celui d’être fort en social. Une stratégie qui semble porter ses fruits puisqu’en 2016, ils sont passés d’un million à 10 millions d’abonnés, mais aussi de 50 millions à 250 millions de vues tous les mois, sur l’ensemble des plateformes.
Faire de la chaîne TF1 son alliée.
Il y a tout juste quelques mois de cela, la plus grande chaîne européenne, TF1, est devenue l’actionnaire majoritaire de MinuteBuzz. En juin de l’année dernière, une personne chargée de la direction de la régie de la chaîne, Sylvia Tassan Toffola, avec qui ils avaient déjà travaillé auparavant lorsqu’elle travaillait pour une agence, les contacte. Elle leur propose de travailler ensemble, notamment au niveau de la régie commerciale. Les deux cofondateurs expliquent qu’un modèle buzzfeed CNN pourrait leur convenir mais qu’autrement, ils n’y a pas d’intérêt.
De là, s’organisent des rendez-vous avec le top management de TF1, jusqu’au comité exécutif. « Nous avons rencontré des personnes beaucoup plus humbles que ce qu’on pensait et on a également goûté à la puissance de la télé », raconte le cofondateur. Est né de ces rencontres un rapprochement capitalistique : « Nous souhaitions rester indépendants et garder nos parts. On ne voulait pas un rachat pur, contrairement à ce qu’a pu dire la presse. Bien que TF1 soit majoritaire, ils n’ont donc pas tous les droits de décision. »
Pour Maxime Barbier, le salut de la télévision passe d’ailleurs par un rapprochement de ces derniers avec des acteurs du web : « Nous sommes comme un petit vaisseau qui part devant et qui regarde un peu ce qu’il se passe. Et de notre côté, ce sont des énormes producteurs de contenus, d’importantes puissances financières et d’audience. »
De la vidéo, encore et toujours de la vidéo !
Concernant les vidéos diffusées par MinuteBuzz sur les différentes plateformes, celles-ci sont au nombre de 500 à 600 par mois. Environ 15 à 20 % d’entre elles sont tournées dans des studios et réalisées par l’équipe elle-même. Il peut s’agir de comédiens ou de petits « live » dans leurs bureaux. D’un autre côté, une part importante du montage se compose de trois autres parties. La première repose sur les personnes qui souhaitent être mises en avant par MinuteBuzz. « Tous les mois, nous recevons entre 1 000 et 1 500 vidéos. On les récupère et, si elles sont intéressantes, on les met en ligne », dévoile le cofondateur.
La seconde partie se traduit par les ayants droit, tels que Reuters, auprès de qui ils peuvent acheter des vidéos. Et pour finir, les « histoires-vidéo ». Maxime Barbier s’explique à ce sujet : « C’est un peu l’article nouvelle génération qui consiste à surfer sur l’actualité et parler de films, de start-up qui viennent de se lancer ou autres ». Cette année, ils ont d’ailleurs pour projet de renforcer leur capacité de tournage en créant un studio pour l’ensemble de leurs marques dans l’idée de diffuser toujours plus de contenus.
Des projets à venir, sous l’emblème tricolore.
Alors qu’ils détiennent déjà quatre marques : MinuteBuzz, Superbon, Hero, et plus récemment, Social Shopping, les deux associés projettent de lancer une cinquième marque (ndlr : dont le nom reste secret). Du côté de leur prise de participation avec TF1, un projet de news 100 % plateformes, mais aussi un rapprochement des deux régies, est également à l’ordre du jour. « On accorde aussi de l’attention à la réalité virtuelle. Il est encore un peu tôt mais on se renseigne », dévoile Maxime.
En ce qui concerne l’international, le dirigeant estime qu’il demeure compliqué de créer des contenus à destination d’autres pays : « Il faut connaître la langue, le type d’humour et cela s’avère très onéreux. Nos concurrents y sont allés et en sont revenus ! », ironise-t-il. Pour lui, il reste un important marché français à prendre et qui grandit d’année en année. « Et puis, j’adore mon pays. Je trouve qu’il y a plein de choses à y faire ! », conclut Maxime Barbier.