Selon une étude américaine réalisée auprès de 261 personnes et révélée par la Tribune il y a quelques années : un dirigeant sur cinq serait un psychopathe ! Les entrepreneurs sont-ils des psychopathes ? À l’échelle de la population mondiale, le nombre de psychopathes ne dépasserait pourtant pas les 4%. De quoi, lorsqu’on est entrepreneur, s’interroger sur son propre cas…
Qu’est-ce qu’un psychopathe au juste ?
On pense souvent au tueur en série lorsqu’on évoque la notion de psychopathe. Cette dernière acception fait toutefois l’objet de discussions. Dans le cas d’un dirigeant d’entreprise, on utilise davantage le terme de psychopathe pour désigner des traits de personnalité tels que la tendance au mensonge compulsif, à l’absence de remords, à l’hypocrisie, à l’égocentrisme, à l’incapacité à ressentir de l’empathie ou même de la compassion.
Il faut également distinguer deux types de pathologie. La première fait référence à ceux atteints d’immoralité, d’égocentrisme et n’étant pas sujets à l’angoisse. La seconde forme se traduit, quant à elle, par un fort niveau d’angoisse et d’agressivité.
Le plus frappant demeure que ce type de profils peut nous être familier. En tant qu’entrepreneur (même dans le cas où l’on n’est soi-même psychopathe) vous croisez régulièrement ce genre de personnes. Bon nombre de psychopathes sont capables de dissimuler leur maladie mentale derrière leur statut en usant de leur charme et en manipulant leur entourage.
21% des dirigeants diagnostiqués
D’après cette enquête menée par l’Université de Bond, aux États-Unis, et réalisée auprès de 261 employeurs (ndlr : travaillant dans le secteur de la gestion de la chaîne logistique), près de 21% des dirigeants d’entreprise sont considérés comme étant psychopathes. Cette enquête a été présentée le 14 septembre 2017 au congrès annuel de la Société australienne de psychologie.
Des résultats pour le moins surprenants quand on sait que, pour l’ensemble de la population, seulement 1 à 4% apparaît comme tel. Au niveau du processus ayant servi à établir les résultats du test, les dirigeants ont d’abord été soumis à un test psychométrique avant de subir un entretien clinique. Le développement d’un outil a notamment permis de détecter les traits psychopathiques.
Pour Nathan Brook, l’un des auteurs de l’étude, ce ratio de 21% « est similaire à celui qu’on trouve au sein de la population carcérale ». Il ajoute d’ailleurs en parlant des entreprises : « Trop souvent, elles regardent les compétences d’abord et ensuite les traits de personnalité […] Cela devrait être inverse. »
Des variations liées au secteur d’activité
En fonction du domaine ou secteur d’activité, il semblerait que le taux de psychopathes varie fortement. Cette affirmation se fonde sur une étude canadienne conduite en 2012 par le psychologue Robert Hare. Selon lui, environ 10% des financiers serait psychopathes. Ce pourcentage pourrait même s’avérer plus élevé à Wall Street.
À l’époque, une journaliste, Sherree Decovny, avait écrit à ce sujet que les psychopathes pourraient apparaître comme ayant un profil idéal pour des postes de direction. Elle les décrivait dans le magazine de l’institut CFA (Chartered Financial Analyst) comme « montrant en abondance charme, charisme, intelligence, une capacité sans pareille à mentir […] et à la manipulation ».
Steve Jobs, un psychopathe ?
Le célèbre génie d’Apple fait aujourd’hui encore parler de lui. Qu’on soit partagé entre admiration et mépris, il n’en reste pas moins que cet entrepreneur est parvenu à faire de sa réussite un modèle à suivre. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la faculté du génie à créer et innover proviendrait de l’abandon de sa mère et de l’absence de son père.
Véritable mythe, ce n’est pas tant un entrepreneur qui a des visions que celui qui détient des obsessions. Certains n’hésitent pas à parler de lui en le qualifiant de psychopathe. Des conditions de production et de travail des ouvriers de Foxconn, sous-traitant d’Apple, mais aussi des suicides de jeunes travailleurs assez récurrents sans compter les accidents, seraient la cause de ces critiques.
D’autres, ayant travaillé avec Steve Jobs, évoquent ses « humeurs inimaginables ». Lors d’un discours adressé à des étudiants de l’Université de Stanford en 2005, ce dernier aurait déclaré : « Ne laissez pas le brouhaha des opinions des autres étouffer votre voix intérieure. Et, par-dessus tout, ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition : d’une manière ou d’une autre, ils savent ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est secondaire. Soyez insatiables. Soyez fous. »
Des formes de psychopathie « positive »
Alors que certains traits de psychopathie exercent une influence néfaste sur leurs subordonnées ou autres collaborateurs, d’autres peuvent conduire à des effets positifs. L’absence de peur voire d’empathie peut s’avérer bénéfique dans certains cas pour l’entrepreneur. Cela aide par exemple à prendre des décisions plus objectives et non basées sur la peur. Malgré tout, on ne vous souhaite pas de l’être et quoi qu’il en soit, si vous croisez d’autres dirigeants, ne faites pas de conclusions hâtives à leur sujet !