Pour beaucoup l’entrepreneuriat ne possède pratiquement que des avantages. On a souvent tendance à ne voir que le bon côté de la balance, en pensant à une plus grande liberté et l’absence de contraintes. Cependant, il faut être conscient que la vie d’entrepreneur « n’est pas un long fleuve tranquille ». Être son propre patron sous-entend des contraintes et risques à prendre en compte mais également des responsabilités.
Entreprendre implique un risque financier
Lancer une entreprise suppose en général d’investir a minima beaucoup de temps, et bien souvent des sommes non négligeables. Toutes ces sommes risquent évidemment d’être perdues si l’entreprise ne rencontre pas le succès. Entreprendre comprend fondamentalement un risque puisque démarrer avec 0 euro est rare : celui de perdre l’argent investi.
Contrairement aux autres métiers, il faut également prendre en compte que votre salaire peut être directement impacté par le succès ou non de votre activité. En cas de manque de trésorerie, c’est votre salaire que vous devrez couper ou vous payer avec parfois beaucoup de retard. Vous risquez également de ne jamais pouvoir vous payer le même salaire que celui que vous touchiez en tant que salarié.
A noter que certains risques ont tout de même diminué. En effet, la contrainte par corps n’existe plus ou encore que la protection du domicile principal soit quasi de mise. Auparavant, il était indispensable de constituer une société commerciale (EURL, SA, SARL, SAS…) pour bénéficier de la séparation des patrimoines privés et professionnels. L’autre solution, non sans risques, consistait à jouer sur le régime matrimonial. On n rendait le conjoint seul propriétaire des biens du couple. Cette problématique a été notamment résolue depuis la Loi Dutreil qui permet de réaliser une déclaration d’insaisissabilité par les créanciers professionnels de la résidence principale, devant un notaire (cette démarche n’est pas rétroactive).
La fin de la tranquillité d’esprit
Lorsque l’on entreprend, il devient très difficile de séparer le temps professionnel du temps privé. Il y a toujours un nouveau défi. A défaut, vous aurez toujours tendance à lancer quelque chose de nouveau ou à prendre de l’avance. Il faut noter que l’entrepreneuriat rime souvent avec difficulté à se déconnecter, concrètement (smartphone allumé, boîte e-mail professionnelle ouverte même le dimanche, etc.).
Entreprendre induit aussi la prise en charge de lourdes responsabilités à assumer. Lorsque l’entreprise grandit, il faut parfois embaucher et choisir les personnes avec qui l’on va travailler, action pas forcément aisée. Vous prenez en quelque sorte la responsabilité de leur avenir. En effet, c’est vous qui déterminez l’orientation de l’entreprise. Ce sont vos choix qui mèneront l’entreprise à la réussite ou non, même si ce n’est pas le seul facteur. Ainsi, c’est aussi risquer de devoir licencier, à un moment donné.
Un risque social
Ce risque peut également nuire à vos relations. Il faut noter que dans la plupart des cas, les entrepreneurs sollicitent leurs familles et leurs amis lors de la création d’entreprise pour constituer le capital. La question à se poser est : Que se passera-t-il si vous vous révélez incapable de rembourser vos dettes ?
Aussi, il faut compter que, dans un premier temps du moins, le statut de dirigeant implique souvent une diminution de salaire. Votre capacité financière diminue. Votre statut peut ainsi apparaître comme un risque par le banquier par exemple ou encore apparaître comme moins fiable.
A prendre en compte également que votre quotidien change autant monétairement que dans votre emploi du temps. par conséquent, le risque social est réel. Vous aurez moins de temps pour vos amis ou votre famille. Il n’y a qu’à voir le nombre de couples qui se séparent pour comprendre que créer son entreprise impacte directement votre entourage.
De l’administratif en voilà
Parmi les difficultés classiques de l’entrepreneur, on compte la complexité des démarches administratives et les difficultés à gérer sa trésorerie. Faire ses comptes, déclarer ses revenus, gérer sa protection sociale, ce sont autant de tâches complexes, prenantes et généralement stressantes qui vous reviennent. Si vous n’aimez pas l’administratif, attendez-vous à subir l’entrepreneuriat.
Une protection sociale à gérer soi-même
Si dans certaines situations, le dirigeant possède le statut de salarié, il est dans la plupart des cas un travailleur non salarié (TNS). Il est souvent mis en avant que les cotisations sociales soient moins élevées que celles des dirigeants recevant une fiche de paie tous les mois. Cependant, il faut bien prendre en compte que la protection octroyée à ces TNS est moins qualitative.
En effet, les cotisations ne permettent pas d’être indemnisé en cas d’accident du travail, de maladie professionnelle, ou bien sûr de chômage résultant de la cessation d’activité. Cela peut se révéler particulièrement problématique dans les métiers comportant un risque important, comme ceux du bâtiment. Aussi, certaines prestations sont également subordonnées à l’ancienneté dans l’activité. Il faut compter, par exemple, un an d’affiliation pour pouvoir bénéficier des compensations en cas de maladie ou de maternité et le délai de carence est toujours de 7 jours pour un arrêt maladie.
Il existe néanmoins des solutions pour y remédier. Les cotisations obligatoires étant plus basses, il semble nécessaire d’épargner au moins une partie des sommes économisées pour ensuite les placer dans des assurances volontaires, privées ou non. Il est possible de s’assurer volontairement auprès de la Sécurité Sociale pour se protéger des risques liés aux accidents du travail et maladies professionnelles. Tout ce qui est versé dans des assurances complémentaires destinées à couvrir les aléas comme la vieillesse, la santé, la maternité, l’invalidité-décès, est déductible de votre revenu professionnel.
Autre alternative pour ceux que ces inconvénients rebutent. Vous pourrez aussi choisir un statut salarié (gérant minoritaire de SARL, de SAS…), ce qui vous permettra de contourner ces problèmes.