Pendant son parcours étudiant à Science Po Bordeaux puis à l’ESC Toulouse, Juliette Parcevaux enchaîne les stages dans le domaine du marketing. À l’issue de sa formation en 2009, elle est recrutée par La Halle aux Vêtements en tant que chef de produit.
Mais l’expérience ne lui plaît que moyennement. Travailler au sein d’une grande chaîne, dans le rayon textile pour bébés, un domaine éloigné de sa passion première (la chaussure, ndlr), ne lui convient pas. Un an après sa première embauche, elle plaque tout et décide de lancer son business. « J’ai un petit problème avec l’autorité et la hiérarchie. J’avais envie de sortir du cadre, de pouvoir réaliser ce que je désirais vraiment, c’est-à-dire créer des produits, monter une marque et développer mon côté commercial. » confie-t-elle.
Mêler le créatif à l’aspect commercial et vendre des chaussures sur-mesure fabriquées en France, voilà l’idée. Mais pas question de se lancer immédiatement pour la jeune femme. Pendant près d’un an et demi, Juliette se forme aux métiers de la chaussure et au dessin. Elle étudie les patronages, les cambrures, la technique pour pouvoir dessiner et monter toute une collection. En septembre 2011, le site Internet de la société « Dessine Moi Un Soulier » voit le jour.
Malgré son enthousiasme, la jeune femme se heurte au début de l’aventure à des difficultés qu’elle n’avait pas forcément prévues. Le business décolle difficilement et surtout, Juliette est une femme. « Il existe encore énormément de sexisme et de misogynie en France, particulièrement dans l’industrie. On m’a claqué de nombreuses fois la porte au nez, j’ai même eu droit à des propositions indécentes ! La plupart des fabricants ne m’ont pas prise au sérieux. J’ai dû me battre pour m’imposer. » raconte l’entrepreneure.
À force de pugnacité, Juliette tient le coup. Elle parvient à trouver un atelier capable de produire rapidement et qualitativement des paires de chaussures à l’unité. Progressivement, le nombre de clientes grandit et les portes s’ouvrent. La créatrice vend même ses produits à l’international, en Belgique, en Suisse, en Angleterre, en Espagne et un peu aux États-Unis. Les ventes mettent environ un an et demi à grimper réellement et la société devient rentable en 2014, pour la première fois. « J’ai clôturé 2014 à 400 000 € de chiffre d’affaires et j’emploie deux personnes en plus de moi. J’observe que mon chiffre d’affaires double chaque année, c’est plutôt très bon signe pour la suite. » se réjouit alors Juliette. Bien sûr, elle n’entend pas s’arrêter là. Doubler son chiffre tous les ans reste une volonté, au même titre que le développement des ventes en Asie et aux États-Unis et l’extension de la gamme.
Juliette semble avoir trouvé sa voie dans l’entrepreneuriat. Et l’aventure est loin d’être terminée, puisque l’objectif est de devenir la référence de la chaussure sur-mesure en France. Assurément, un beau « pied-de-nez » à la crise…