A 41 ans, Olivier Haquet est le fondateur d’ADomLingua, organisme de formations linguistiques pour les entreprises, les salariés et les particuliers. Rencontre.
Quel est votre parcours (professionnel et personnel) avant la création de votre entreprise ?
Après des études d’ingénieur et un MBA, j’ai commencé ma carrière professionnelle aux États-Unis. J’ai débuté à l’Ambassade de France dans le domaine de la coopération culturelle et scientifique puis j’ai déménagé sur la côte ouest pour aider les entreprises américaines à s’installer en France. C’était au tout début des années 2000 et à force de côtoyer les start-ups qui allaient devenir les géants du web, le virus de l’entrepreneuriat m’a pris. Une amie de promotion m’a alors contacté pour me proposer de prendre avec elle la direction d’une jeune société internet à Paris et je suis rentré en France. L’expérience a été intense et j’ai beaucoup appris sur le développement et la structuration d’une société. C’est après un bref passage dans le conseil en stratégie que j’ai créé ADomLingua.
Pourquoi s’être lancé ?
J’ai créé ADomLingua en 2004 par goût de l’entrepreneuriat et par intérêt pour les langues. J’en ai moi-même appris 5, même si mon niveau reste bien modeste ! Au départ, je me suis intéressé au secteur des services à la personne qui était alors en plein boom. Je me suis demandé si je pouvais développer un positionnement différent des sociétés existantes, qui proposaient pour nombre d’entre elles un soutien scolaire « toutes matières ». Je souhaitais également pouvoir me développer sur le marché des adultes. Les langues sont alors apparues comme une évidence et ADomLingua, cours à domicile pour les particuliers était née. En 2005, j’ai créé l’entité « ADomLingua Communication » qui est un organisme de formation continue. Cette deuxième activité est rapidement devenue majoritaire et compte aujourd’hui pour 80% de notre chiffre d’affaires.
Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?
C’est le moyen de s’épanouir, de se réaliser, de s’accomplir. Le fait d’être autonome, même si c’est parfois lourd à gérer, constitue également un gros plus. L’entrepreneuriat permet aussi d’avoir un rapport au travail complètement différent. Je n’ai d’ailleurs pas souvent l’impression que c’est du travail ! On progresse tout le temps en investissant son énergie et ses ressources sur des sujets variés afin de servir un objectif que l’on a fixé. C’est exaltant.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ? Inversement, les principales satisfactions ?
En matière de difficultés, je note que la législation est particulièrement lourde dans notre pays. L’environnement fiscal, administratif et social est complexe mais surtout trop fluctuant. Parmi les satisfactions, je relève le sentiment d’être utile : l’entrepreneur crée des services, des emplois, des richesses, il contribue aussi à l’épanouissement des autres. Je me rappelle d’un salarié qui est entré chez AdomLingua avec peu de bagages académiques mais un beau potentiel intellectuel.
Il a pu accéder à un Master en alternance et ainsi envisager un développement de carrière ambitieux. De même, il est satisfaisant de pouvoir accompagner et promouvoir les personnes les plus méritantes autour de soi. Quand on est entrepreneur, on peut faire la différence ! Même s’il s’agit d’une goutte d’eau, nous contribuons à l’évolution de notre société. Je tire enfin un grand plaisir d’avoir structuré notre activité en optimisant les processus pour produire un service de qualité et ce, avec efficacité.
Comment vous êtes-vous financé ?
Nous avons entièrement fonctionné sur fonds propres. J’ai initialement investi 10 000€ de mes économies personnelles. Puis, nous sommes passés à l’autofinancement, en ne prélevant aucune rémunération sur la société pendant deux ans.
Pouvez-vous me donner les chiffres de votre entreprise (date de création, nombre de salarié, chiffre d’affaires…) ?
ADomLingua a été créée en 2004 et ADomLingua Communication, organisme de formation en 2005. Nous avons atteint un million d’euros de chiffres d’affaires en 2010. Du fait de notre activité, plutôt que le nombre de salariés, mieux vaut indiquer le nombre d’équivalents temps plein qui est d’une douzaine.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?
Pas si facilement que ça… Mais je suis aidé par ma conjointe qui est très conciliante et qui possède, elle aussi, une activité passionnante et chronophage puisqu’elle est chirurgienne. Je réalise qu’au-delà du temps passé pour ADomLingua, c’est surtout le fait d’avoir en permanence l’entreprise en tête qui use de l’énergie. En revanche, en vacances, je coupe complètement et les personnes présentes au bureau savent qu’il ne faut pas me déranger.
En tant qu’entrepreneur, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle est partiellement abolie, car on prend plaisir à développer son entreprise, à y réfléchir et finalement à s’y épanouir. En plus de cela, on a en partie la maîtrise de son emploi du temps. Quand je sors de rendez-vous et qu’il fait beau je rentre tranquillement en vélib’ en profitant de notre belle ville ! Par ailleurs, dans la mesure où AdomLingua est mécène de plusieurs concerts de musique ainsi que d’une pièce de théâtre cette année, j’ai l’occasion de découvrir de nouveaux univers, c’est plaisant !
Avez-vous une anecdote à partager ?
Je pense à la plus simple et en même temps la plus excitante : le premier cours d’anglais vendu. Nous avions passé des semaines à lancer notre activité, à nous investir jours et nuits jusqu’à ce qu’un matin, un client passe une première commande. Un sacré souvenir ! Je peux également citer comme anecdote l’arrivée des premiers clients renommés, qu’il s’agisse de VIP, d’entreprises connues, de PDG de grandes entreprises à former, de palaces parisiens… Il y a quelques années, nous avons même été sollicités par l’Élysée. J’ai aussi une pensée pour notre cliente la plus fidèle dont nous avons accompagné la fille depuis la maternelle. Cette dernière rentrera l’année prochaine au lycée.
Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre entreprise ?
Les perspectives à court terme sont liées à la mise en place de la réforme de la formation professionnelle et notamment à l’apparition du CPF (Compte Personnel de Formation) qui secoue notre secteur. A plus long terme, l’impact des nouvelles approches pédagogiques comme les MOOCs est un sujet d’attention.