Sébastien Mantanus ne peut pas s’empêcher de créer. Être entrepreneur est l’essence même de son existence. Pour celui qui est aujourd’hui directeur général et fondateur du Cabinet CFI (Conseil Financement de l’Innovation), le succès semble être enfin au rendez-vous, après des débuts un peu chaotiques.
« Créer c’est ce qu’il y a de plus beau et c’est une des seules choses que je sache faire ». Rayonnant de dynamisme, c’est avec vie et nostalgie que Sébastien Mantanus souhaite raconter son histoire à qui veut l’entendre. Tel un homme qui arbore fièrement ses cicatrices de guerre, il paraît profondément marqué par son histoire qu’il qualifie d’édifiante.
Un premier virage
Après avoir terminé une formation artistique à l’âge de 20 ans, Sébastien Mantanus crée sa propre société de production de spectacles vivants. Il réalise 2 comédies musicales dont l’une échoue et l’autre réussit. Toujours-est-il que ce jeune diplômé artistique ne trouve pas vraiment son bonheur dans cette activité directement liée à sa formation. Il décide alors de tout arrêter pour suivre son rêve d’enfance, celui de travailler dans le web, l’innovation et le digital. Priceminister (site de commerce électronique) devient rapidement sa solution du moment.
« Je m’en rappelle encore. 2001 est l’année où j’ai enfin eu l’opportunité de toucher mon rêve du bout des doigts. J’ai intégré l’équipe de Priceminister. A l’époque, le site était petit et confidentiel et mon rôle à moi était de prendre le courrier et coller les timbres. J’étais content malgré tout car cela m’a permis d’être plongé dans l’effervescence et le développement d’une start-up à la française. C’était comme je l’avais rêvé et cela m’a énormément appris. J’y suis resté jusqu’en 2005. »
Désir d’entreprendre
L’année 2005 a marqué le début d’un grand succès pour cette entreprise française de commerce. Priceminister commençait à devenir vraiment imposant sur le marché. Chaque année, l’entreprise multipliait son nombre de salariés par deux. Mais Sébastien Mantanus ne participe pas à cette évolution. Poussé par le désir de vouloir créer quelque chose de nouveau, il décide de créer une start-up avec un ancien employé du site d’e-commerce, Arnaud Baali. C’est grâce à ce couple formé par un ingénieur et développeur que la start-up eClaps voit le jour. Développement d’applications mobiles professionnelles, décodage de codes barres, création de contrôle d’accès pour les foires et salons… L’entreprise fait la part belle au mobile et au digital et rapidement, des marques comme Micromania et Smartbox font appel à leurs services. La croissance s’ensuit naturellement.
Reculer pour mieux rebondir
En janvier 2012, les deux associés décident de vendre la société à SQLI Group (spécialiste de la transformation digitale des entreprises). « Après avoir vendu eClaps, mon associé a décidé de rester dans le groupe durant quelques mois de plus mais pas moi. Sept années dans cette entreprise étaient déjà de trop. Il me fallait prendre un peu de recul », constate Sébastien. L’ancien dirigeant profite de ce temps de retrait pour faire de nombreuses rencontres avec des entrepreneurs débutants. Il se rend très rapidement compte que les discussions avec ces derniers tournent souvent autour du thème « comment développer sa société ». Les difficultés des entrepreneurs et porteurs de projets deviennent peu à peu explicites à ses yeux et une question revient sans cesse dans son esprit : « qu’est-ce qu’il manque à un entrepreneur pour qu’il puisse efficacement se financer en France ? ».
Sébastien Mantanus décide de trouver une réponse à cette question et s’associe à Alain Priso, connaissance de longue date, alors directeur délégué de NEVA (un cabinet de conseil de financement des projets de recherche). Les deux compères créent une société capable de répondre aux problématiques des entrepreneurs. CFI, cabinet spécialisé dans l’accompagnement des startups et des PME/TPE Innovantes, vient au monde en novembre 2013.
« Nous accompagnons 50 entrepreneurs »
Alain et Sébastien se sont résolus à implanter leur entreprise dans la pépinière Creative Valley, située au Kremlin-Bicêtre en région parisienne (94). « Nous avons créé ce cabinet avec des valeurs qui nous sont propres », affirme Sébastien. « Nous voulions être différents de tous ces cabinets de finance qui snobent systématiquement tout entrepreneur qui n’a pas un minimum de 100 000 euros de chiffre d’affaires… Aujourd’hui, nous sommes contents car nous accompagnons une cinquantaine d’entrepreneurs de toutes tailles ».
Afin d’avoir des fonds pour aider les entrepreneurs, CFI se rapproche d’investisseurs faisant partie de Paris Business Angels. Le cabinet, qui compte 5 collaborateurs, accompagne les PME innovantes dans la recherche de financements allant de 15 000 à 2,5 millions d’euros. Une aubaine pour les entrepreneurs de région parisienne, mais pas seulement. Un bureau est en pleine ouverture à Lyon et Sébastien et Alain comptent ouvrir un bureau à Marseille l’année prochaine afin de se rapprocher des personnes qu’ils accompagnent. Des perspectives de développement intéressantes.
3 questions à Sébastien Mantanus
Quelle erreur avez-vous commise en tant qu’entrepreneur et que vous vous êtes juré de ne plus commettre ?
La pire erreur, c’est d’avoir pensé que l’argent était suffisant pour développer une entreprise. Je fais partie de ces gens qui ont perdu beaucoup et qui n’en sont pas fiers. Cela m’a appris que l’argent n’est qu’un levier et que c’est essentiel de commencer avec pas grand-chose. Quand je parle à un entrepreneur qui démarre, il me dit souvent qu’il lui faut beaucoup d’argent.
Je dirais qu’il faut plutôt de la créativité, de l’intelligence, de la structure, des essais, des erreurs. Et lorsque toutes ces étapes ont été dépassées, c’est alors qu’il faudra beaucoup d’argent.
Avez-vous été transformé par le fait d’entreprendre
?
Quand j’ai voulu entreprendre pour la première fois, je ne connaissais pas grand-chose, par conséquent j’ai dû tout apprendre dès le départ. Je me suis rendu compte que si je voulais réussir, la seule personne sur qui je pouvais compter c’était moi. Je devais m’en donner les moyens. L’envie d’aider les entrepreneurs provient aussi de cette expérience personnelle.
Faut-il échouer pour réussir ?
Pas forcément. Tout dépend de la personnalité de chaque personne. Quand on a créé une société et qu’on a échoué ne serait-ce que sur un projet dans cette société, cela permet de prendre beaucoup de recul face à ses propres idées. On se dit que réussir, c’est s’entourer des meilleurs. Les entrepreneurs qui ont déjà entrepris sont beaucoup plus ouverts à se faire accompagner et à accepter de l’aide. Un grand entrepreneur est une personne qui est conseillée par tout le monde et qui arrive à faire la synthèse de tous ces conseils afin d’impulser quelque chose dans son entreprise. Entreprendre, cela passe par l’acceptation qu’on n’est pas forcément le meilleur !