Epicuriens et amoureux de l’Asie, Nicolas et Plap de l’Atelier Thaï se mettent au service de leur passion. Le palais fin et l’esprit aiguisé, ils savourent l’effort de leurs ambitions. Entretien avec Nicolas, un homme d’ici, venu nous parler d’ailleurs.
Un parcours loin des fourneaux.
Pour ce parisien, issu de formation classique en marketing, commerce et gestion, respectivement l’ISCA, l’ESCG et l’ESG, rien ne laissait présager une carrière d’entrepreneur dans la restauration. Au sortir de ses études, Nicolas siège au poste de commercial ou responsable achat, au sein de grandes structures de renom telles que Hilti, Valeo et Integral Energy Australia. A 35 ans, il nous confirme que « jamais il n’aurait un jour imaginé évoluer dans le domaine de la cuisine ». Et pourtant, en fin d’année 2012, lors d’une discussion avec Plap Saropala, amie de longue date, d’origine thaïlandaise, le pari est pris. Tous deux animés par l’envie d’entreprendre, ils se posent sur « un créneau très spécifique » et « peu exploité en France » en mêlant leurs compétences. Elle, enseigne « la gastronomie et l’art de la table thaïlandais »; lui, sait communiquer, vendre et gérer un produit. Le business plan esquissé, ils s’autofinancent et fondent l’Atelier Thaï.
L’aventure entrepreneuriale à deux.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une structure qui accueille particuliers et entreprises et dispense des cours de cuisine et de dressage d’assiette avec parfois des animations de type « challenge à la Top Chef » qui connaissent un franc succès. Situé à République, dans le 11ème arrondissement de Paris, il s’agit d’un lieu d’échange et d’apprentissage où occident et Orient se mélangent. Plap et Nicolas se diversifient en proposant un service de traiteur pour les évènements personnels comme professionnels auquel ils annexent une offre de plateaux repas d’entreprise en phase de test avec des premiers clients déjà séduits. Ils proposent ainsi chacun d’emprunter un chemin savoureux et de partir à la rencontre du royaume de Siam.
On ne s’improvise pas patrons.
Leur lancement est « lent et laborieux » mais ce duo n’en démord pas et redouble d’effort. Ils savent que la voie choisie est semée d’embûches: Le cœur du projet est d’ « initier les français à la culture thaïe par sa cuisine » précise Nicolas. « C’est une vision à long terme qu’il faut adopter ». Aucun marché n’est facile, ils s’arment de patience et détermination pour y prendre leurs marques. Ils font parfois appel à des sous-traitants pour soulager leur charge de travail. Leur investissement paye, en 2016 le chiffre d’affaire d’affaires prévisionnel décolle et devrait dépasser la cinquantaine de milliers d’euros.
Une progression sans précédent pour cette petite structure. Chez Atelier Thaï, ils n’hésitent pas à s‘assouplir et innover, ils s’adaptent à la demande et ajustent leur positionnement selon la tendance. Aujourd’hui les clients ont davantage envie de plats cuisinés, la partie traiteur qui fait un véritable carton et ils y accordent de plus en plus de temps. Ils investissent également dans la création de leur nouveau site internet, le développement de la livraison et envisage d’ouvrir un food truck s’ils obtiennent les autorisations juridico-légales. Leur business model se veut évolutif et contemporain, une actualité que le cofondateur ne quitte pas des yeux.
Trouver sa place.
Pour sa société il se met aux fourneaux. Non, Nicolas ne cuisine pas (si ce n’est pour son propre plaisir), c’est la partie et toute l’expertise de Plap. Mais dans les coulisses, il s’active. Logistique, comptabilité, gestion, communication et marketing … tout passe par lui mais toujours en discussion et échanges avec Plap. « On peut s’appeler au téléphone 20 fois par jour, plus que nos familles et meilleurs amis réunis » ajoute Nicolas. Il fait face aux « charges conséquentes inattendues, notamment pour la location de lieux, la facturation », autant de détails qui n’en sont plus. Il ne se laisse pas ralentir pour autant dans sa lancée: priorité faite à la recherche de clients. « C’est comme aller à la pêche en permanence » témoigne-t-il, non sans humour.
Ce « travail de longue haleine » teste sa résistance sans jamais le décourager. « Réussir dans son business tient aussi d’un bon management de sa vie professionnelle et personnelle. » Le patronat présente pour lui « une liberté et une autonomie » qui vont de pair avec « de grandes responsabilités. » Un métier qui vous apprend « la persévérance, la polyvalence, l’organisation mais surtout les relations humaines ». « Ne pas oublier d’où on vient est essentiel » pour ce duo de choc et de cœur, qui tient à faire profiter l‘association SOLISANE de leur croissance.
L’entreprise reverse 1€ pour chaque inscription à l’un de ses ateliers et aide la jeunesse défavorisée de l’ISAN, au nord-est de la Thaïlande, à poursuivre sa scolarité. Une façon pour eux de garder les pieds sur terre, toujours en contact avec la réalité de là-bas. L’humilité est de mise chez Nicolas et Plap, conviviaux et généreux, qui se font les dignes ambassadeurs du « Pays du sourire ».