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L’entrepreneur qui fait revivre l’Âge d’Or du babyfoot ! interview de Laurent Bellone

L’entrepreneur qui fait revivre l’Âge d’Or du babyfoot ! interview de Laurent Bellone

Après avoir cherché sa voie pendant un temps, le monde de l’entrepreneuriat croise la route de Laurent Bellone, qui finit par se prendre au jeu. Passionné de « football de table », il crée Babyfoot Vintage aux États-Unis, avant de revenir sur le territoire de l’Hexagone. Portrait.

Quel parcours avez-vous effectué avant la création de votre entreprise ?

J’ai d’abord suivi des études d’expertise comptable. J’ai ensuite voulu intégrer l’EM Lyon pour me lancer en finance car je me suis aperçu que, même lorsqu’on a toutes les compétences, cela ne suffit pas. Il fallait, en plus de cela, détenir le bon diplôme. J’avais déjà effectué cinq années d’études. Techniquement, cela ne m’a pas appris grand-chose. Au cours de cette phase, j’ai réalisé un stage en finance que je n’ai pas trouvé intéressant. Intellectuellement, les tâches s’avéraient assez pauvres et répétitives. Il fallait chercher des données, et insérer des fichiers Excel dans des présentations PowerPoint. J’ai enchaîné avec un stage en Private Equity. La vision s’est, dès le départ, révélée plus stratégique, j’étais relativement proche des entrepreneurs. Je souhaitais me rapprocher du côté technique, ce qui s’est produit mais je restais encore trop loin à mon goût. Je recherchais de l’opérationnel pur.

Qu’avez-vous donc fait par la suite ?

Suite à cela, j’ai rejoint Wiseed, une société de crowdfunding, qui cherchait un profil financier comme le mien. Dans le cadre de ce job, j’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs et c’est ce qui a provoqué, chez moi, un déclic. Étant donné que l’entreprise s’avérait toute jeune, je me sentais déjà un peu entrepreneur. Au bout d’un an, la situation devenait assez difficile. Au même moment, un ancien camarade qui montait sa boîte m’a demandé de le rejoindre. J’en ai discuté avec mes associés et nous avons décidé que c’était le moment de se séparer. J’ai donc créé ma boite avec ce camarade : il s’agissait d’un site de décoration et mobilier sur internet. Cela s’est avéré ma première expérience web pure en tant que fondateur et actionnaire minoritaire. Super expérience ! Suite à des différences de vision, nous nous sommes séparés. Les lourdeurs administratives françaises ne m’encourageaient toutefois pas à rester dans l’hexagone. Je suis donc parti aux Etats-Unis chez un ami qui pouvait m’héberger à New York. J’ai, dans la foulée, créé ma boîte là-bas. J’ai repris le concept de l’entreprise Lulu Frenchie. Je connaissais son fondateur, qui a accepté que je développe une branche américaine. Malheureusement cela a été un échec : il me fallait un plan B… Je songeais au babyfoot depuis un moment et je suis tombé sur le site d’une connaissance qui n’osait pas se lancer. J’ai ainsi repris son site internet pour lancer Babyfoot Vintage depuis les États-Unis.

Pourquoi ce choix de se lancer seul dans l’aventure ?

J’ai traversé plusieurs expériences non concluantes avec des associés. J’ai été minoritaire avec un associé majoritaire qui n’écoutait que lui-même. J’ai aussi été majoritaire avec des associés minoritaires qui n’étaient pas d’accord avec moi et ne voulaient plus me suivre. Suite à ce constat, j’ai décidé de me lancer seul, afin de ne plus avoir de problèmes. Il y en a déjà assez au niveau de l’opérationnel pour éviter de s’en créer d’autres !
En juillet 2015, au bout d’un an et demi, je suis revenu en France. Je m’adaptais au décalage horaire, j’étais flexible mais je souhaitais être plus proche de mes fournisseurs et partenaires en France. C’était le bon moment pour revenir sur le territoire. Ensuite, j’ai continué de gérer la société seul jusqu’en mai 2016. À partir de cette date, l’activité était trop fort pour continuer à tout gérer seul.

Pouvez-vous nous rappeler le concept de votre entreprise en quelques mots ?

BabyFootVintage se présente comme le site expert de la vente de Baby Foot en France. Nous proposons le plus large choix de produits, avec des marques provenant de tous les pays, et conseillons les personnes qui veulent acheter un babyfoot. Ensuite, nous le livrons chez elles et nous nous occupons du SAV, si besoin est.

Pourquoi vous être spécialisé dans le domaine du babyfoot en particulier ?

J’ai toujours été un amoureux du football de table et lorsque j’ai voulu m’acheter un baby foot, j’ai cherché un baby foot Bonzini, une marque connue. Au cours de mes recherches, je me suis rendu compte de deux choses : d’une part, il existait de nombreuses autres marques, moins connues et moins chères, et pourtant tout aussi bien comme René Pierre, Stella, Garlando, Sulpie… Elles demeurent peu visibles, ce qui fait que personne ne le sait (il y avait donc sur ce marché un manque de conseils et un manque de visibilité des autres acteurs). D’autre part, ces objets se révèlent très compliqués à trouver. Il existe peu de boutiques physiques et à l’époque peu de sites internet, ce qui engendre une certaine problématique liée à l’achat. Partant de ce bilan, j’ai voulu simplifier la démarche des personnes qui pourraient se retrouver dans la même situation que moi et j’ai décidé de lancer un site expert sur le sujet, où les internautes pourraient se faire conseiller et livrer le modèle qui leur convient. Tout ceci en fonction de leur budget et de leurs contraintes (babyfoot extérieur, babyfoot monnayeur, avec vitre de protection ou non, etc).

Quelles étapes ont marqué le développement de votre société depuis sa création ?

La première étape a été de convaincre des fabricants qui ne croyaient pas en internet et ne voulaient pas vendre en ligne. Il a fallu leur expliquer et leur montrer les avantages tout en les rassurant sur notre démarche. Nous ne sommes pas là pour casser les prix comme certains sites internet le font mais pour conseiller et offrir plus de visibilité. Je me souviens avoir réalisé, pour un fabricant, une analyse de son positionnement de près de vingt pages pour le convaincre ! Ensuite, il faut se faire accepter dans le monde du football de table car il s’agit d’un petit monde et l’arrivée d’un nouvel acteur ne plait pas forcément à tout le monde.
Du coté financier, le développement a été marqué par des problèmes de trésorerie : il faut acheter du stock pour pouvoir vendre et lorsqu’on a une forte croissance, cela n’est pas toujours évident…

Concrètement, sur quoi repose votre business model actuel ?

Je fais du négoce de baby-foot. Je les achète aux fabricants et les revends aux clients. Le fait que je sois multimarque me permet de conseiller de manière objective les clients. Je travaille avec mon équipe mais aussi en étroite collaboration avec des partenaires extérieurs, beaucoup d’artisans qui fabriquent parfois encore à la main.

Quelle est votre cible au juste ?

Nous vendons à des particuliers mais nous avons aussi de plus en plus de professionnels. Nous nous sommes spécialisés dans la personnalisation et avons réalisé de nombreuses tables faîtes sur-mesure. Des entreprises viennent nous voir pour créer une ambiance plus agréable pour les salariés et réclament des babyfoots aux couleurs de leur entreprise. Elles évoquent souvent la marque Bonzini car elle est pour beaucoup la plus connue depuis les années 60 et s’avère extrêmement résistante. Nous leur proposons ce produit ainsi que d’autres marques en fonction de leur budget. Les couleurs de l’entreprise sur la caisse ne constituent pas le seul moyen de personnaliser cet objet. Nous avons travaillé avec KeepCool, une chaîne de clubs de sport. Pour eux, nous avons créé des maillots spécifiques, par exemple, ceux des membres de leur équipe de foot préférée… Souvent, nos clients veulent un babyfoot qui s’accorde avec l’ambiance de la salle. Notre gros travail lors de vente d’un baby foot personnalisé consiste à savoir où positionner les choses. Parfois, le rendu envisagé par les clients n’est pas adapté. Nous nous devons alors de les aider dans le choix des couleurs et proposer des rendus visuels. Nous détenons une expérience de la personnalisation à apporter. Nous connaissons les contraintes des différents fabricants et le fait d’être multimarques nous permet d’offrir un grand choix quant au modèle qui répond le mieux aux attentes du client.

En parlant d’ambiance, comment décririez-vous celle de votre société ?

L’ambiance demeure assez détendue. Nous sommes une petite équipe et touchons tous un peu à tout. Chez nous, le nombre de personnes varie dans nos bureaux car nous demandons à nos prestataires de venir passer quelques jours avec nous régulièrement afin de pouvoir communiquer plus rapidement : mieux se connaître pour être plus efficaces ! Évidemment, il y a un babyfoot pour nous amuser ! Le management s’avère très participatif. Je fais participer au maximum les personnes, même sur des décisions stratégiques afin que tout le monde soit impliqué. Cela prend plus de temps mais si je ne peux pas convaincre mes collaborateurs qu’une idée est bonne, c’est qu’elle n’est pas parfaite. Cela nous permet d’aller plus loin. Je demande systématiquement l’avis des autres. Si je ne parviens pas à les convaincre, comment pourrais-je convaincre les partenaires et les clients ? Je leur demande également de faire le même effort dans le sens inverse. Il n’existe pas de mauvaises idées, s’il y a trop d’arguments contre, nous cherchons ce qui ne va pas.  Je m’assure aussi que les personnes avec lesquelles je travaille ne soient pas uniquement des collaborateurs. Elles deviennent plus ou moins des amis. Nous allons souvent boire des coups ensemble, nous nous retrouvons les week-ends, parfois pour faire des team buildings.

Quelles ont été vos plus grandes difficultés ?

Ma plus grande difficulté pour Baby Foot Vintage est survenue lorsque je me suis lancé des États-Unis. Je travaillais seul depuis mon appartement. Mon environnement social était limité à quelques amis que je joignais au téléphone et j’étais seul à devoir trouver des solutions et à me remonter le moral en cas de coup de démotivation. Dans le cadre de ma première activité (Lulu Frenchie), j’étais déjà dans cette situation et je devais en plus vendre les produits par téléphone, dans une autre langue, ce qui s’est avéré très compliqué. Je pense que c’était une erreur de me positionner sur un business model incluant une autre langue ET au sein d’un environnement où j’étais seul. La seconde difficulté consistait à trouver les bons partenaires. Lorsqu’on se lance, il est difficile de juger de l’expertise d’un prestataire alors que celle-ci demeure primordiale, surtout au démarrage. Il faut alors savoir utiliser son réseau pour éviter de faire de grosses erreurs et savoir couper court si un problème important survient.

Et votre plus grande réussite ?

Ma plus grande réussite dans cette aventure consiste à avoir su convaincre mes partenaires et collaborateurs de me suivre. En résumé, pouvoir leur offrir une aventure qui continue et qui leur plait.