« L’entrepreneur réseaute dans une optique d’échanges mutuels et non pas de manipulation »
L’entrepreneur et le développement de réseaux : la clé de l’Entrepreneuriat pérenne
En ce début de siècle, il est animé, dans ses projets de création, de reprise ou de développement d’entreprise, par le rêve, le désir, la volonté, la patience et la persévérance. Ces qualités font de lui (d’elle) quelqu’un d’autonome, de créatif, de curieux, capable d’initiatives.
L’entrepreneuriat éthique, durable, solidaire se développe dans les discours et dans les pratiques. Il passe par un fonctionnement par projets qui permet une implication des parties prenantes, une intégration de la transversalité de l’activité et de l’orientation client.
L’entrepreneur, un expert en tout ?
L’entrepreneur recherche des informations pour comprendre et prévoir les évolutions des marchés, saisir des opportunités d’affaire, innover et se différencier, afin d’acquérir et conserver des avantages concurrentiels.
Pour cela, l’entrepreneur a besoin de compétences étendues, tant spécifiques que transversales. Doit-il néanmoins être un expert en tout ? Non. Bien sûr. Mais il doit s’entourer de compétences pour créer, développer et pérenniser son (ou ses) entreprise(s). Aussi, il s’associe, trouve des partenaires, financeurs, clients, fournisseurs, en tissant des réseaux.
Ou un expert en réseaux
Réseaux ? Le terme est enveloppé d’une aura sulfureuse : réseaux mafieux, communautaires, humanistes, d’espionnage, clubs divers d’influence, d’information ou désinformation, d’intelligence économique, de lobbying. Quelle est la réalité ? Un réseau est simplement : « un ensemble, réel ou virtuel, de personnes interconnectées ayant ou pouvant avoir intérêt à se rendre mutuellement service ».
Ni Talleyrand ni Monsieur Jourdain, l’entrepreneur réseaute dans une optique d’échange mutuel et non pas de manipulation. Il se fixe des objectifs et ne pense pas que réseauter est quelque chose d’évident ni de naturel. L’entrepreneur est conscient des principes maussiens de dons et contre-dons qu’il sous entend. Il s’entoure de personnes qui lui ressemblent (ce qu’on observe dans le développement de l’entrepreneuriat ethnique ou communautaire), dans une relation gagnant-gagnant et tisse des liens à long terme. Il a non seulement des intérêts réels ou potentiels avec les membres de son réseau, mais il en partage également des valeurs, des points de vue, des goûts communs.
D’un point de vue pratique, l’entrepreneur peut trouver des partenaires, associés, clients, fournisseurs, aides diverses, informations et opportunités d’affaire dans ses cercles proches : famille, amis, voisins, collègues, associations, clubs de sport, clubs divers et variés, anciens d’école, communautés ethniques, religieuses, sexuelles, culturelles, réseaux d’entraides humaniste, réseaux et fédérations professionnelles.
Les capacités de l’entrepreneur
L’entrepreneur doit être capable, dans ces différents cercles, d’aborder n’importe qui, d’avoir préparé un discours d’approche lui permettant de se présenter en 30 secondes et de trouver en moins de deux minutes des affinités électives avec son interlocuteur. Cela passe par une bonne connaissance de soi, des autres, des techniques de présentation, de séduction, de rhétoriques et de négociations.
Par ailleurs l’entrepreneur doit être capable de comprendre les rites, la sémantique des différents mondes, milieux, secteurs dans lesquels il oscille. C’est comme dirait Crozier, un marginal sécant, capable de relier les membres et apte à comprendre des manières de voir, de penser et d’agir diverses.
Les lieux et occasions de réseautage sont multiples et variés permettant d’enrichir ou de faire vivre le réseau personnel. Ce réseau, par capillarité permet d’envisager la réalisation de tout projet : on est jamais à plus de cinq poignées de main de n’importe qui dans le monde.
Devenir un entrepreneur-réseauteur
Cet entrepreneur-réseauteur tel qu’il est présenté dans cet article n’est pas seulement un idéal-type. Il correspond précisément à une tendance de comportements, de profils que l’on voit émerger, mais également que l’on forme, notamment au sein de Programme Supérieur en Entrepreneuriat d’Advancia.
Par Yannick Le Guern, professeur au sein du Programme supérieur en Entrepreneuriat (PSE), Responsable du Club des entrepreneurs étudiants d’Advancia, Coach au sein de l’Incubateur d’Advancia et de l’Ecole internationale d’été des jeunes entrepreneurs (EIEJE) et, également entrepreneur.