Disposant de nombreuses mesures et incitations fiscales visant à développer l’activité entrepreneuriale, la banlieue demeure l’objet de bien des interrogations. Depuis des dizaines d’années les gouvernements successifs se sont employés à favoriser l’emploi et l’entreprise avec des succès plus ou moins notables. Quel bilan tirer alors de ces décisions politiques et économiques en banlieue ?
Des plans successifs pour aider l’entreprise
Plan Banlieue, plan Espoir Banlieue, rapports interministériels sur la politique de la ville en banlieue, ces zones ont bénéficié de nombreuses mesures incitatives. Politique de l’emploi, développement des entreprises en zones fiscales incitatives, formation des jeunes, nombreux ont été les choix des gouvernements au fil du temps. Avec des résultats plus que mitigés, les banlieues cumulent des tares économiques et sociales qu’il semble difficile de pouvoir résoudre en quelques années.
Un bilan de 2004 de l’Institut Montaigne qui montre de nombreuses inégalités, avait été à l’origine de la Charte sur l’égalité des chances et la diversité. Selon le ministère de la Ville de l’époque, un jeune de moins de 30 ans sur trois avait décroché un emploi et seuls 26 500 contrats d’autonomie avaient été signés. 102 entreprises implantées dans les différentes villes de banlieue avaient été signataires de la Charte, mais seuls les grands groupes industriels comme Coca-Cola ont dépassé leurs objectifs.
Échecs de la politique de la ville …
De nombreuses zones ont été créées visant à favoriser l’implantation des entreprises en banlieue. Zone de Redynamisation Urbaine, Zone Franche Urbaine, la politique de la ville a eu recours à des mesures d’exonération fiscale incitatives. Supprimées depuis 2014 et remplacées par des
Contrats de ville, ces zones franches ne semblent pas avoir apporté d’améliorations. L’aide à la création d’entreprise et le soutien financier des quartiers les plus défavorisés souffrent également d’une politique budgétaire insuffisante, que les entrepreneurs de banlieue dénoncent. Le contexte économique et les différentes crises successives ne permettent pas d’adopter des mesures budgétaires suffisantes malgré les 42 milliards d’€ injectés dans les banlieues selon la Cour des Comptes.
…Mais des réussites individuelles
Les entrepreneurs individuels et très petites entreprises semblent tirer leur épingle du jeu. Quelques succès notables viennent ponctuer un bilan plus que mitigé en banlieue. À l’instar de la marque Airness qui continue de connaître une réussite fulgurante, seuls les entrepreneurs de banlieue qui se sont pris en main connaissent des réussites économiques. Fondée en 1999 par Malamine Koné à Saint-Denis dans le 93, la multinationale s’est imposée comme une référence dans l’univers des équipementiers sportifs avec un chiffre d’affaires de plus de 120 millions d’€ ! Auto-entrepreneurs, PME et entreprises à taille réduite tentent de dynamiser des quartiers souvent exclus des services publics et éloignés des centres villes.
Le prix Talent des Cités récompense ainsi depuis 2002 près de 181 créateurs d’entreprise. L’entreprise Tout à Dom Services, créée en 2005 par un habitant du Raincy, Franck Sodoyer, illustre parfaitement cette tendance avec un chiffre d’affaires généré de 2,3 millions d’€. Cette dernière a pour but de favoriser l’accès aux soins des plus démunis.<