Dominique Beudin, fondatrice de BE-ST Conseil et Prestations, a d’abord lancé son activité dans les pays où elle a passé son enfance et se consacre désormais a aidé les start-ups françaises à se monter.
Quel est votre parcours (estudiantin, professionnel et personnel) avant la création de votre entreprise ?
Mon enfance s’est déroulée dans plusieurs pays africains (père ingénieur des Mines expatrié) et je suis arrivée en France à 14 ans. Je suis très imprégnée par cette enfance africaine qui m’a donné à la fois le goût de l’exotisme et le désir d’aider ces pays à se développer. J’ai suivi une Grande école scientifique (ENSAE), et obtenu un MBA Insead, un Diplôme d’expertise comptable et un DEA de Droit des Affaires. Pendant 10 ans, J’ai effectué du conseil dans un grand cabinet puis 25 ans dans le Groupe Agence Française de Développement dans plusieurs fonctions hiérarchiques dont la dernière était la Direction financière de la filiale secteur privé PROPARCO.
Quand avez-vous créé votre propre entreprise ? Dans quel secteur ? Et surtout pourquoi (anecdote, déclic) ?
J’ai créé mon activité en 2004, pour donner des cours à la suite d’une demande, en complément de mon activité professionnelle. En 2007, ayant tous les droits à la retraite, mais aucune envie de m’arrêter, j’ai développé les activités de conseil de mon entreprise essentiellement auprès des directions financières des pays en développement dans le domaine de la conception d’outils de prévision (business plan) et de gestion (comptabilité analytique) ainsi que de la formation des équipes.
Parallèlement, dès 2005, j’ai eu l’ambition de faire à mon échelle ce que je faisais pour le compte de la société, notamment la gestion d’un portefeuille de participations. Je m’étais investie dans les réseaux de business angels, d’abord Femmes Business Angels au sein duquel j’ai présidé un club d’investissement. Puis j’ai créé en 2007 le réseau Ensae Business Angels que j’ai présidé pendant 3 ans.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ? Et inversement les principales satisfactions ?
Je n’ai rencontré aucune difficulté … sauf que selon la « loi des séries » il arrive parfois trois commandes simultanées qui me font vivre un rythme d’enfer…. alors que deux mois plus tard je peux me trouver… en sous-activité ! Mais la liberté n’a pas de prix. Elle m’est chevillée au corps.
Avez-vous une anecdote à partager ?
Le nom de mon entreprise : BE-ST Conseil et Prestations… évoque bien sûr que nous sommes les meilleurs ! Je n’ai pas cette prétention, même si je pense que nous faisons du bon travail, mais il se trouve que mon nom commence par les deux lettres BE et le nom de mes enfants (et associés) par les deux lettres ST. A nous tous, BE-ST, nous ne pouvons qu’être les meilleurs, non ?
Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?
Pour moi, l’entrepreneuriat représente la réalisation d’un rêve de jeunesse. Il faut comprendre que je suis une fille du baby-boom, d’une époque où les femmes n’avaient accès ni à l’X ni à HEC. Mes parents me voyaient professeur mais moi je rêvais de diriger une grande entreprise. J’ai vite compris que ce ne serait possible, dans ma génération, qu’au prix –trop élevé à mes yeux- de se dispenser de créer une famille…A la sortie de l’INSEAD en 1981 j’ai envisagé de créer ma société. Mais j’ai reporté ce projet à plus tard car j’avais l’âge de fonder une famille. J’ai finalement réalisé mon rêve une fois mes enfants élevés et ma sécurité matérielle assurée et je ne le regrette pas. Même si la taille de mon entreprise restera modeste.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?
Mes enfants sont grands et je suis séparée de leur père depuis longtemps… il me suffit donc de me doter d’un partenaire également actif (rire). Il est vrai qu’un retraité serait incompatible avec moi… Nous ne nous supporterions pas !
Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre entreprise ? Pensez-vous vous développer à l’international ? Pensez-vous effectuer des levées de fonds ?
Je compte au contraire plutôt réduire mes activités hors de France, en raison de la menace terroriste qui sévit dans bien des pays africains pour lesquels je travaille. En revanche, je compte développer mon activité d’accompagnement de startup françaises, y compris vers l’international, clé de voûte de leur développement. Pour ce faire, j’ai mis au point le business model suivant, que je peux me permettre d’adopter car je n’ai pas besoin de revenus réguliers.
Si une startup souhaite que je l’aide à établir sa stratégie, son business plan et que je l’accompagne dans sa levée de fonds, je procède à une étude de son dossier, pour une facturation très modeste (quelques centaines d’euros selon la complexité du dossier). Si le dossier me semble viable, et seulement dans ce cas, je m’engage à accompagner le porteur de projet dans toutes ses actions en contrepartie d’une participation (naturellement minoritaire) au capital de sa structure. Le tout à définir ay cas par cas. Confidentialité assurée, naturellement.
Donc… oui aux levées de fonds… pour accompagner les jeunes porteurs de projet. Elle n’est pas utile pour ma structure puisque je souhaite que BE-ST reste petite… ce qui n’empêche pas sa performance !
Comment vous êtes-vous financé ?
Je n’ai pas besoin de financement pour mon entreprise. Une expérience, un réseau, un ordinateur et la maîtrise des disciplines stratégiques et financières y sont les meilleurs investissements de départ.
Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui se lance pour réussir ?
Avoir d’abord une petite expérience comme salarié dans la mesure du possible. Eviter de démarrer en même temps une entreprise et une famille (un décalage de deux ou trois ans dans un sens ou l’autre est préférable). S’appuyer sur des réseaux et savoir s’entourer. Et surtout avoir de l’audace et le désir de réaliser ses rêves. Comme dit l’adage : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » Mark Twain