Rien ne prédestinait Scarlette, 29 ans, et Margot Joubert, 34 ans, à lancer une entreprise spécialisée dans la préparation pour gâteaux.
Après un diplôme d’ingénieur dans l’agronomie et une première expérience professionnelle dans la déshydration des aliments, Margot, l’ainée, souhaite monter sa propre boîte. Passionnée par l’agriculture biologique, elle découvre la production de céréales bio en s’installant à l’Ile-de-Ré. La diversité céréalière de la région la pousse à lancer un nouveau concept de préparation pour gâteaux.
Un concept de recettes simplifiées
À cette époque, Scarlette est encore étudiante en école de management, spécialisée en hôtellerie internationale. Sa sœur lui soumet l’idée alors qu’elle se trouve en année de césure en Australie. A son retour, elles décident de se lancer dans l’aventure. L’entreprise Marlette – de la contraction des deux prénoms – voit le jour en 2010. « Nous avons commencé par créer des petites préparations de fondants, composées de copeaux de chocolat, de farine et de sucre », se souvient la jeune femme. Le concept est simple, il suffit d’ajouter trois œufs et du beurre pour compléter la recette. « Nous partons du principe que tout le monde en possède dans son réfrigérateur », précise Scarlette.
Pourtant, en France, les préparations alimentaires ne possèdent pas une bonne image, car elles sont souvent perçues comme chimiques et sans goûts. Les deux sœurs doivent se démarquer. « Nous souhaitions proposer des produits qualitatifs, sains et rapides dans la conception pour un résultat maison. Les gens ont envie de cuisiner mais ils n’ont plus forcément le temps », analyse Scarlette.
Une croissance pas à pas
Pour se financer, les deux entrepreneures ont franchi les étapes à petits pas. Elles ont commencé à confectionner leurs recettes avec des bétonnières de maçon, plus économiques que les mélangeuses industrielles. « Nous avons ensuite gagné des concours qui nous ont permis d’acheter des machines »explique Scarlette.
Au bout d’un an et demi, elles réalisent une levée de fonds de 250 000 euros. Cela leur permet notamment de financer des ateliers de production. Puis, le fonds Audacia rentre à hauteur de 10% dans le capital, ce qui leur permet de s’offrir un premier magasin dans le 9e arrondissement de Paris en février 2013.
Dans ce « café boutique », tout ce qui est à consommer sur place peut être acheté et cuisiné dans les coins boutiques. Un concept innovant qui a retenu l’attention des jurys du grand prix des jeunes créateurs du commerce le 30 septembre dernier. « Ce prix nous ouvre des opportunités. En plus de bénéficier d’une expertise de professionnels dans le développement de notre entreprise, nous allons créer un deuxième café dans un centre commercial Unibail », se réjouit Scarlette.
Objectif : l’international
Les deux créatrices espèrent aussi se développer à l’international. En France, leurs produits sont distribués dans un réseau d’épiceries fines. Une centaine de magasins Marks & Spencer vend leur marque en Angleterre. Mais leur rêve serait de pénétrer le marché américain. Avec un chiffre d’affaires compris entre 800 000 et 900 000 euros en 2013 et 10 salariés au compteur, l’enseigne Marlette semble donc avoir de beaux jours devant elle.