Entreprendre autrement avec Flandre Ateliers

Une entreprise en avance sur son secteur avec une équipe composée à 80 % de personnes handicapées… une exception ou une entreprise d’avenir ? 

Entre un père chef d’entreprise et une mère médecin du travail, on pourrait dire qu’Hervé Knecht, le président du directoire de Flandre Ateliers, a réussi une synthèse parfaite : celle de devenir chef d’entreprise sociale et solidaire.

Aujourd’hui Flandre Ateliers compte 300 collaborateurs, réalise 11 Millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est spécialisé dans le service tertiaire : centre d’appels, numérisation et scanérisation.

En 1991, lorsqu’il crée son entreprise située dans le nord, Hervé Knecht s’adresse naturellement aux 2 gros donneurs d’ordre de la région : La Redoute et les 3 Suisses. Financé d’abord par des investisseurs du milieu solidaire, tels que La Nef ou Cigales, il crée un centre d’appels et un atelier de conditionnement de tri et de contrôle textile. Il obtient très vite son agrément d’entreprise adaptée.

Faire évoluer l’entreprise pour maintenir les emplois

Mais quelques années plus tard, la délocalisation des centres d’appels et la baisse de l’activité manutention et contrôle au profit de nouveaux intervenants logisticiens pose le problème de la survie de Flandre Atelier : « Mon objet est d’employer durablement, il ne pouvait donc pas y avoir d’ajustement par les salaires » déclare fermement le dirigeant. Finalement, il ne licencie pas et recherche quels seront les marchés de demain, vers lesquels reconvertir l’entreprise.

Il perfectionne son centre d’appels et investit en 2008 1,5 Million d’euros pour créer un service de scanerisation et numérisation. Il met alors en place un énorme plan de formation pour aménager l’employabilité de tous ses collaborateurs « qui ont abandonné leur bleu de travail au profit d’écrans et de chemise blanche. Une belle aventure humaine ! » raconte le chef d’entreprise.

Ses clients aujourd’hui sont notamment Bouygues Telecom pour la numérisation de tous les contrats, SNCF pour le traitement des courriers de réclamations, ou Orange pour la gestion du courrier des boutiques.

Une entreprise solidaire avant tout

« Je gère des compétences avant de gérer des handicaps. Toute décision au sein de l’entreprise prend en compte deux paramètres : l’aspect économique et le besoin social » explique Hervé Knecht. « Une entreprise adaptée rend un vrai service de prestation sociale pour lequel elle reçoit un financement de l’état, une subvention. Mais c’est comparable à de nombreuses entreprises conventionnelles qui reçoivent aussi des subventions pour s’installer dans des zones d’aménagement prioritaire. »
Autre particularité de l’entreprise adaptée : celle-ci doit savoir gérer un absentéisme important. Car un de ses collaborateurs peut traverser des périodes de faiblesse morale ou physique. Il convient alors de mettre en place une organisation du poste pendant son absence puis de lui faciliter son retour le mieux possible.

Le comportement éthique dans l’entreprise est présente à tous les niveaux et également au niveau des salaires qui ne vont pas au dessus de 7 fois le SMIC. Atelier Flandre n’a pas d’actionnaire qui exigerait chaque année des performances au-delà de la rentabilité actuelle.

Cela n’empêche pas de voir plus loin. Le dirigeant a déjà créé deux autres entreprises sociales : Ettique, pour le travail temporaire, et Insertel, pour l’insertion par les métiers du travail à distance. Ce sont au total 500 collaborateurs qui sont déjà rejoints par les 40 collaborateurs d’une nouvelle entreprise de reconversion : passer de la manutention à la numérisation.

Article par ELISABETH LECUYER

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