En une décennie les rapports hiérarchiques de l’entreprise ont été bouleversés. ils l’ont été pour une kyrielle de raisons. Notamment le développement des nouvelles technologies, des open-space, du télétravail et des différents confinements qui ont remis en question les relations et les rites des entreprises. Ce qui frappe souvent, par exemple dans les entreprises qui ont intégré comme mode de fonctionnement le management à la cool, c’est la recherche de rapports plus humains entre salariés et dirigeants. Bien loin des règles classiques où le vouvoiement semble de rigueur, l’ensemble des « codes » de l’entreprise se trouve revisité. Petit zoom sur ces nouvelles pratiques.
L’emploi du tutoiement
Le management à la cool au sein de son entreprise implique souvent d’abolir le vouvoiement pour établir le tutoiement avec ses salariés, dans un sens comme dans l’autre. Cette pratique qui apparemment permet de briser la glace en réduisant la distance qui sépare les salariés de leur dirigeant, n’efface pas le rôle hiérarchique. En utilisant le tutoiement, le dirigeant ne place pas son autorité dans le formalisme d’un langage institutionnel. Les salariés se montrent plus enclins à dialoguer et se sentent généralement plus à l’aise. La difficulté repose sans aucun doute sur le bon dosage. Il ne faut pas confondre tutoiement avec langage irrespectueux. Si vos salariés sont autorisés à vous tutoyer, ils n’ont pas, pour autant, le droit de vous parler de façon trop familière ni vous non plus. Autrement, vous risquez de perdre toute crédibilité à leurs yeux et de ne plus vous faire respecter.
L’attitude du dirigeant
Ces nouvelles méthodes de management impliquent l’attitude en elle-même du dirigeant. Se plaçant volontairement à égalité avec ses salariés (sans en inverser les rapports hiérarchiques, ndlr), le dirigeant sait rester à leur écoute et ne pas prendre de haut les observations, commentaires ou remarques, du moment qu’elles s’avèrent constructives. Il a tendance à se mêler davantage à ses salariés lors de réunions ou même de pauses. La pause-café constitue l’occasion de discuter avec quelques-uns de ses salariés et mieux les connaître. Le midi, le dirigeant peut également se joindre aux membres de l’équipe pour déjeuner avec eux. Faire des blagues, dans la limite du raisonnable, peut aussi faire partie de son rôle afin de détendre l’atmosphère. N’hésitez pas à faire de l’auto-dérision si vous n’êtes pas doué en humour. Une bonne manière de renforcer les liens dirigeant/salariés et de souder cette relation plus naturelle.
Une structure divisionnelle plutôt que fonctionnelle
Contrairement aux structures fonctionnelles ou hiérarchiques qui se caractérisent par leur forme pyramidale (les membres de l’entreprise sont répartis par fonction et grade, avec les responsables au-dessus des simples salariés et le dirigeant tout en haut de la pyramide, ndlr), celle divisionnelle est privilégiée par le management à la cool. On parle également de management par projet. Ainsi, les salariés et responsables se regroupent autour d’un même projet. De la sorte, les fonctions au sein de chaque équipe se révèlent beaucoup plus disparates. L’idée demeure de rassembler autour d’un projet commun et de le faire évoluer ensemble dans une seule et même direction. Ce type de structure donne la possibilité aux salariés d’interagir plus librement avec leur responsable ou chef d’équipe. Davantage écoutés qu’au sein d’une simple structure fonctionnelle et plus proches de la stratégie de l’entreprise, ils auront tendance à s’y sentir d’autant plus impliqués.
Les rapports hiérarchique et le travail à distance
54 % des télétravailleurs estiment ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement lors de la mise en place du télétravail au premier confinement en 2020 selon D. BELHOUT. Parmi les aptitudes indispensables pour cette nouvelle réalité, l’empathie arrive en tête de liste selon les salariés (22 %), suivie de l’aptitude à créer un esprit d’équipe (20 %), l’écoute et la communication (19 %) selon l’article d’Openclassrooms de février 2023. Créer une cohésion d’équipe à distance est loin d’être une sinécure. Il est donc nécessaire de créer des espaces de dialogue pour le dynamisme de l’entreprise.
Le jeu de la chaise musicale
Un autre aspect du management à la cool réside dans la disposition des bureaux des salariés et, parfois même, du dirigeant. À l’inverse des entreprises où le management s’avère plus traditionnel, les bureaux ne sont pas toujours fixes. Lorsqu’ils arrivent au bureau, les salariés se positionnent, chaque matin, comme ils le souhaitent, en fonction des places restantes. Le dirigeant, quant à lui, ne dispose pas nécessairement d’un bureau fermé. Il peut se retrouver dans le même espace que celui dédié aux salariés voire alterner avec d’autres places. Pour favoriser l’échange entre l’ensemble des salariés, certaines entreprises instaurent, chaque semaine, un tirage au sort visant à déterminer à côté de qui ils s’installeront. Mais attention, pour bien travailler, certains salariés ont besoin de leur espace : respecter les besoins de chacun est la base du management à la cool.
Le respect de la vie privée, à ne pas négliger
Créer une certaine proximité avec ses salariés n’exclut en rien le respect de leur vie privée, bien au contraire. Attention à ne pas en profiter pour demander des services auxquels ils ne sont pas tenus. Notamment, faire le café, passage chez le pressing en votre nom, traitement d’un dossier ou coup de fil personnel…). Un surplus de familiarité peut vite mener à quelques ambiguïtés et rendre vos salariés mal à l’aise. S’ils ne souhaitent pas venir au prochain afterwork, inutile de les forcer : rappelez-vous qu’eux aussi ont une vie personnelle. Et s’ils n’ont pas envie de vous dévoiler leur vie privée ou leur jardin secret, n’en prenez pas ombrage, ils restent libres…