Le 2 avril dernier, la SNCF a entamé une grève perlée de deux jours sur cinq durant trois mois pour contester la réforme du gouvernement qui vise, entre autres, à supprimer le statut de cheminot pour les futurs employés et à privatiser la SNCF. Cette mobilisation engrange de fortes perturbations sur l’ensemble du réseau ferré français. Mais, plus généralement, en quoi consiste la grève concrètement ? Est-elle légalement possible pour tous ? Si oui, dans quelles conditions ? Et surtout, comment l’éviter, voire y remédier ?
Des limites bien définies
En résumé, la grève consiste en une cessation d’activité collective et concertée pour attester de revendications professionnelles. La grève représente d’ailleurs un droit fondamental du salarié, selon le Préambule de la Constitution de 1958. Il est déterminé comme un droit individuel. Pour qu’il y ait grève, deux salariés réunis et concertés autour de revendications suffisent. Cette condition fait partie de celles devant être respectées pour que la grève puisse se dérouler légalement. Les salariés grévistes doivent alors arrêter de travailler totalement durant toute la période dite de grève. En dehors de ces conditions, cette dernière est considérée comme illégale. C’est notamment le cas des grèves perlées où le travail est saboté volontairement ou ralenti, des grèves basées sur des fondements politiques ou encore des actions successives dans l’entreprise sans concertation collective et arrêt du travail.
Dans le secteur privé, les salariés peuvent décider de faire grève à tout moment, aucun préavis n’est nécessaire. Pour ceux du secteur public, des règles différentes s’appliquent, particulièrement pour les entreprises responsables d’un service de transports en commun ou aérien. Les salariés du secteur privé ont donc le droit de démarrer une grève sans même prévenir l’employeur. Même s’ils sont dans leur bon droit, un tel mouvement n’autorise cependant pas des dégradations de l’entreprise ni même le blocage de celle-ci. Les grévistes ont pour obligation de respecter les salariés ne faisant pas la grève et, si tel n’est pas le cas, des sanctions peuvent être mises en place par la suite.
En ce qui concerne le contrat et le salaire du gréviste, ils se voient suspendus durant toute la période de grève, sauf en cas de faute grave. Dans le cadre d’un manquement grave de l’employeur à l’origine de la grève des salariés ou si l’accord de fin de grève le mentionne, la rémunération des grévistes peut tout de même être versée. Notez bien qu’une fois la grève terminée, l’employeur ne peut licencier un salarié pour cette raison puisqu’il s’agit d’un droit fondamental du salarié.
Des solutions pour éviter les grèves
En tant que dirigeant, la grève fait souvent peur puisqu’elle engendre un arrêt total ou partiel de votre activité et peut grandement impacter l’entreprise. Le meilleur moyen reste donc de la contourner avant que vos salariés aient le temps d’y penser. La première étape consiste ainsi à communiquer largement dès qu’une nouvelle mesure pourrait impacter vos salariés. Informez-les et expliquez-leur clairement ce qui pourrait être amené à changer, à être supprimé,… La communication vous aidera à comprendre les revendications de vos salariés avant même qu’ils ne déclenchent une grève. L’éviter n’est, en revanche, pas toujours une mince affaire. Si vous rencontrez des tensions au sein de votre entreprise, donnez la possibilité à vos employés de s’exprimer librement afin de comprendre leurs revendications et pouvoir trouver des solutions ensemble. Une fois que vos salariés et vous-même ont pu exprimer leurs volontés respectives, la prochaine étape reste de construire un dialogue social au quotidien.
Pour éviter une grève, l’entreprise est parfois tentée de céder à la volonté de ses employés : attention toutefois à ce genre de pratique ! Si vos salariés vous font part de réclamations et que vous acquiescez trop fréquemment, il est possible de se retrouver dos au mur et qu’ils abusent de la situation. Dans le cas de tensions, certaines entreprises font, elles, un geste envers leurs salariés. C’est le cas de Carrefour, par exemple, qui a dernièrement proposé 350 euros par salarié pour éviter une possible grève. Envisager un geste financier ou stratégique permet de sortir de situations délicates.
Une grève déclenchée : que faire ?
Lorsque vous n’avez pas réussi à éviter la grève dans votre entreprise, un point primordial s’avère de réagir rapidement. Étant donné que la grève peut survenir à tout moment et ne comporte pas de durée minimum, elle peut avoir un lourd impact sur votre activité. C’est pourquoi il faut des mesures claires, rapides et efficaces. La première étape consiste à écouter les revendications de vos salariés pour trouver des solutions le plus vite possible. Dans ce genre de cas, mieux vaut préparer une cellule de crise avec vos associés et managers. Si une personne ou un syndicat s’est déclaré pour représenter les grévistes, invitez-le à discuter de la situation et des revendications. La négociation devient alors l’étape suivante afin que votre activité reprenne rapidement et que les tensions disparaissent. L’enjeu, vous l’aurez compris, est de trouver un terrain d’entente. Que ce soit une question financière, de droit du travail ou autres, entourez-vous de personnes compétentes qui vous donneront les conseils adéquats pour dériver sur un accord de fin de grève. Si jamais la grève se poursuit par des actions illégales de la part de vos salariés, pensez à toujours conserver vos documents importants sous format dématérialisé au cas où vous n’avez pas accès à votre entreprise et à bien sécuriser au préalable les documents confidentiels.
La ou les grève(s) menée(s) par vos salariés peuvent devenir un réel handicap sur le moyen ou long terme. Pour éviter ce type de situation, restez attentif aux besoins de vos salariés. En cas de tensions, des entretiens réguliers permettront de résoudre les éventuels problèmes. N’oubliez pas non plus que, même si certains différents vous paraissent superficiels, ils peuvent, à eux seuls, être à l’origine d’une grève.