Cette petite pousse française tient de la graine de champions ! Tiller, c’est la caisse enregistreuse connectée qui révolutionne le commerce. Entretien avec Dimitri Farber, son cofondateur et directeur marketing.
Qui êtiez-vous avant de devenir entrepreneur ?
Avant de me lancer dans l’entrepreneuriat, j’étais encore étudiant. Après avoir effectué plusieurs stages de césure à Paris et à l’international, nous avons décidé, avec mes trois associés, de réfléchir à un projet d’entrepreneuriat. Les études s’avèrent un moment propice pour se lancer dans la création d’entreprise : on limite, en effet, le risque même si je crois fortement qu’aujourd’hui, une expérience entrepreneuriale, qu’elle se traduise par un succès ou non, ne peut être que valorisante. Et même bien plus qu’un diplôme ! C’est aujourd’hui un critère que nous regardons tout particulièrement lorsque nous recrutons de nouvelles personnes au sein de l’équipe. La vie d’une start-up est faite d’audace, de prise de risques et d’humain. Plus tôt on se lance dedans, plus vite on s’habitue à cette façon de vivre que je ne renierai aujourd’hui pour rien au monde !
D’où vous est venue cette idée ?
Dans tous les secteurs d’activité, la dématérialisation portée par l’innovation technique est une tendance inévitable. Notre idée initiale était de repenser la communication interne d’un établissement, grâce aux outils du digital. Dès le début, nous avons voulu créer un outil innovant qui assiste l’utilisateur à travers tous les canaux de digitalisation. Après de nombreux tests et interviews, nous avons décidé d’axer notre réflexion sur le secteur de la restauration, que nous connaissions bien. Ce secteur, extrêmement concurrentiel, a besoin de se renouveler constamment afin d’offrir à ses clients toujours plus d’attractivité.
Notre idée initiale était de proposer aux restaurateurs, et en particulier aux indépendants, une solution complète pour les aider à mieux piloter leur activité. Nous sommes convaincus que le digital à sa place dans un secteur de plus en plus concurrentiel et global. Nous avons dès lors voulu mettre à profit les nouvelles innovations et outils afin de proposer à tous les restaurateurs et commerçants une plateforme de gestion en temps réel, emmenant la restauration à l’ère du digital. C’est en mars 2014, issue de la réflexion des quatre fondateurs : Josef Bovet, Vincent Oliveira, Scott Gordon et moi-même, que naît la première caisse enregistreuse connectée pour commerçants.
Du traditionnel au digital, il n’y a qu’un pas ?
Bien que la restauration soit l’un des plus anciens métiers du monde, elle est aujourd’hui de plus en plus digitalisée. La caisse enregistreuse telle qu’on la connaît aujourd’hui se situe au cœur des différents établissements, en permettant de gérer une salle, de prendre des commandes et d’encaisser, le tout en lien avec la cuisine et la préparation. C’est pour cela que nous avons voulu proposer une solution 100 % digitale, parfaitement adaptée aux demandes et contraintes du métier de la restauration. Le produit en soi est tripartite : d’un côté, il s’agit d’une caisse enregistreuse sur iPad, permettant de gérer tout l’aspect opérationnel, de la prise de commande à l’encaissement, en passant par la gestion avec la cuisine.
Deuxièmement, nous proposons une plateforme de gestion et d’analyse en temps réel, qui donne au gérant tous les outils nécessaires pour suivre son activité et prendre les décisions les plus adaptées au meilleur moment (suivi des indicateurs clés, de la gestion des stocks et du personnel, de la comptabilité automatisée, etc). Enfin, la force de la solution réside dans son intégration au sein d’un écosystème de services digitaux qui émerge aujourd’hui : réservations, précommandes, paiement innovant, livraison, etc. Le digital permet de proposer des solutions plus efficaces, plus adaptées et à moindre coût.
Où vous placez-vous sur ce marché ?
Tiller est aujourd’hui le leader français de la caisse enregistreuse en France. Et c’est notamment au niveau du produit que nous nous différencions par rapport aux autres acteurs sur le marché. Nous avons mis tous nos efforts afin d’obtenir une solution intuitive, fiable et qui correspond parfaitement aux besoins des différentes typologies de restaurants. L’objectif principal est de leur permettre d’augmenter leurs revenus, tout en réduisant leurs coûts et le temps passé dans l’opérationnel. On estime aujourd’hui qu’un restaurateur passe en moyenne plus de 11h par semaine sur des tâches administratives qui pourraient être automatisées. Notre solution s’adresse dès lors à tous les types de restaurateurs et commerçants qui souhaitent passer à la vitesse supérieure.
Deux ans et déjà deux levées de fonds, comment l’expliquez-vous ?
Nous avons eu la chance d’être soutenus par de nombreuses structures d’accompagnement depuis le début de l’aventure : ESSEC Ventures, Startup42, Le Camping (Numa), Microsoft Ventures et Scientipôle. Nous sommes aujourd’hui convaincus qu’être conseillés, guidés lorsqu’on effectue ses premiers pas dans l’entrepreneuriat est indispensable. Nul ne peut s’improviser chef d’entreprise du jour au lendemain. En janvier 2015, nous avons organisé notre première levée de fonds auprès de Business Angels, ce qui nous a permis d’accélérer la commercialisation de notre solution, amorcée au début d’année. Tout s’est enchaîné très vite, en avril 2016, après près d’un an avec une croissance mensuelle supérieure à 60 %, nous avons bouclé un tour de table de 4 millions d’euros auprès du fonds d’investissement 360 Capital Partners et de nouveaux Business Angels comme Nicolas Sireyjol (ex-PDG d’American Express France), Damien Guermonprez (président de Lemonway), Philippe Bertinchamps (ex-DG d’Edenred) ou encore Thierry Petit (président de ShowroomPrivé).
A quoi devez-vous votre succès grandissant ?
Bien que nous soyons une toute jeune start-up, nous ne manquons pas d’ambition et nous sommes obligés d’innover en permanence, de redoubler d’ingéniosité pour maintenir nos taux de croissance. Nous sommes persuadés qu’avec un produit pensé par et pour nos clients et une équipe qui s’implique, rien ne pourra nous arrêter ! Pour moi, le succès, même si tout est relatif, vient réellement de cette expérience humaine que nous sommes en train de vivre. Pouvoir travailler tous les jours avec 50 personnes sur des problématiques passionnantes au sein de Tiller, voilà le vrai succès ! Depuis le début, nous comptons déjà plus de 1 700 clients dans 16 pays. Parmi eux, nous avons également de grands comptes comme Monoprix, Lidl ou la Compagnie des Alpes.
Quelles perspectives se profilent pour tiller ?
Le meilleur reste à venir ! Actuellement, nous sommes 50 mais comptons tripler notre effectif dans les mois à venir. Le côté humain reste pour nous le coeur de cette aventure et la plus grande motivation pour se lever tous les matins. Nous cherchons tout type de profils, indépendamment de leur diplôme ou de leur expérience. Nous recrutons des gens qui ont envie d’y aller, de faire partie de quelque chose de grand et qui n’ont pas peur de prendre des risques.
Nos besoins de recrutement couvrent l’ensemble des postes : commerciaux chasseurs, account managers, développeurs / R&D, produit, marketing ou administratif, en France et en dehors de l’hexagone. Nous sommes aujourd’hui sur un marché mondial et globalisé et Tiller pourra profiter d’une législation favorable qui ne tardera pas à entrer en vigueur. En effet, et à compter du 1er janvier 2018, dans le cadre de la loi Sapin, une mesure de lutte contre la fraude fiscale, les commerçants devront obligatoirement s’équiper de caisses enregistreuses normées, donnant le dernier coup de pouce dont avait besoin le digital pour s’installer définitivement dans tous les restaurants !
5 Conseils de DIMITRI FARBER
- Rester humble, on peut être ambitieux sans perdre de vue le travail à effectuer.
- Bien choisir ses associés, on fait bien plus que travailler ensemble, ils deviennent votre seconde famille.
- Faire preuve d’audace et d’ambition, sans avoir peur de prendre des risques au jour le jour.
- Faire confiance à ses partenaires, on est tous dans le même navire qui vogue dans la même direction.
- Ne pas oublier de vivre, le travail c’est la santé mais l’inverse est tout aussi valable. à notre âge on se croit immortel !