Lors du Sommet Social du 18 janvier, la CGPME a proposé au Président de la République 10 mesures d’urgence visant à sauver l’emploi. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, nous commente ces mesures.
Pourquoi avoir présenté des mesures d’urgence pour l’emploi ?
Il y a quelques mois, le gouvernement annonçait que le taux de croissance prévu pour 2012 devait être revu à la baisse. Il est estimé aujourd’hui que la croissance en 2012 sera d’environ 1 %, mais je pense personnellement qu’on peut s’attendre à un chiffre bien inférieur. En effet, si elle atteint les 0,5 % cette année ce sera déjà extraordinaire !
Pensez-vous que le chômage risque donc d’augmenter en 2012 ?
Oui, il est avéré qu’il faut un taux de croissance de 1,5 % minimum pour maintenir l’emploi. En dessous de ce seuil, l’emploi baisse automatiquement. Avec un taux de croissance qui atteindra très difficilement les 1 % en 2012, il est urgent de prendre des mesures d’urgence pour sauver l’emploi. Car le chômage n’est pas qu’un problème économique.
Sur quels aspects portent vos propositions ?
Nous avons imaginé des mesures qui ne sont pas des révolutions culturelles mais qui permettraient tout de même d’améliorer quelques peu la situation de milliers de français. Nous voulons surtout essayer de limiter la casse, éviter les licenciements. Dans ce cadre là, nous avons fait des propositions sur trois plans : pour tenter de pourvoir les postes qui restent vacants, pour favoriser le maintien des salariés dans l’emploi, pour accompagner l’accès à l’emploi et enfin pour inciter à la création d’emploi.
Quelles sont les préconisations de la CGPME pour maintenir l’emploi ?
Aujourd’hui les chefs d’entreprise sont inquiets pour leurs carnets de commande à moyen et long terme. De ce fait, même si aujourd’hui leur activité fonctionne bien, ils émettent quelques réticences à transformer des contrats CDD en CDI. C’est donc sur les modalités d’application du contrat à durée déterminée qu’il faut intégrer plus de souplesse. Aujourd’hui les CDD ne sont reconductibles qu’une seule fois, ce qui limite les choses. Nous préconisons de pouvoir cette année renouveler les CDD conclus pour une courte période.
Nous pensons qu’il serait efficace également de porter temporairement la durée maximale des CDD de 18 à 30 mois. Autre mesure exceptionnelle : faciliter le recours au chômage partiel dans les PME. Nous souhaitons que le mécanisme de sa mise en place soit simplifié, notamment en limitant le contrôle de l’administration à la seule validité du motif invoqué par l’employeur. La CGPME propose également que l’état paye directement au salarié l’allocation spécifique de chômage partiel, libérant ainsi l’entreprise de l’obligation d’avancer cette somme.
Concernant l’assouplissement des CDD, n’est-ce pas une mesure juste temporaire ?
Certes, mais c’est une mesure qui permettrait certainement de sauver des milliers d’emplois dans les mois à venir. Comme je l’ai dit, nos préconisations ne sont pas révolutionnaires ! Sachant que le taux de croissance en 2012 ne dépassera pas les 1 %, il est sûr qu’on va perdre des emplois. Alors que peut-on faire pour retarder l’échéance et pour diminuer l’impact ? Bien sûr les emplois créés en CDD ne seront pas pérennes. Mais moi je ne sais pas créer d’emplois pérennes avec une croissance d’environ 0,5 % !
Et pour améliorer la création d’emploi, quelles sont vos idées ?
Tout d’abord le gel exceptionnel des obligations liées au franchissement du « plafond de verre » des 50 salariés. Savez-vous que, selon l’Insee, il y a 2,4 fois plus d’entreprises de 49 salariés que de 50 ? Essayons en 2012 de lisser ce seuil et voyons si le ratio évolue, si le nombre d’entreprise de plus de 50 salariés a augmenté. La CGPME a proposé également que soit établie une exonération de charges pour tout nouvel emploi créé dans les entreprises de moins de 11 salariés. Cette mesure, instaurée une première fois en 2008, avait donnée d’excellents résultats. Nous proposons que, cette année, cette mesure soit applicable pour toute embauche d’un jeune de moins de 30 ans ou d’un sénior de plus de 50 ans.
Vous parliez également des postes non pourvus ?
Oui, nous menons campagne avec la CGPME pour que les 250 000 à 500 000 postes vacants depuis plus d’un an soient comblés par quelques uns des 2 millions de chômeurs actuels. Un numéro vert pour améliorer cette situation vient d’ailleurs d’être mis en place par la CGPME. Nous proposons aujourd’hui aux OPCA ayant des offres d’emplois non pourvues de pouvoir prescrire une Préparation Opérationnelle à l’Emploi au sein de Pôle Emploi avant que les salariés intègrent l’entreprise.
Enfin vos préconisations pour accompagner l’accès à l’emploi ?
Nous voulons déjà inciter les entreprises à embaucher ce que nous appelons les « primo accédants à l’emploi », ces jeunes diplômés qui ont du mal à décrocher leur premier poste. La CGPME demande que le quota d’obligation d’embauche d’alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés soit élargi aux personnes en recherche d’un premier emploi. Nos propositions pour l’accompagnement de l’emploi touchent également à la mobilité professionnelle, qui pose souvent un vrai problème aux salariés. Nous souhaitons que le gouvernement instaure un prêt à taux zéro pour le crédit relais nécessaire entre l’achat et la vente de leurs biens immobiliers.
Quelle est votre vision de l’année 2012 pour les PME ?
Même si la croissance n’est pas bonne, je suis plutôt plus optimiste aujourd’hui que je ne l’étais en septembre. Les chefs d’entreprises, angoissés par les évènements à la Bourse, craignaient beaucoup pour leur carnet de commande. Aujourd’hui le moral est revenu car la situation est moins pire que ce que l’on pouvait présager. Au niveau du financement, les choses s’améliorent aussi. Les banques ont fait des gros efforts, même si elles restent frileuses lorsqu’il s’agit du financement de la très petite entreprise. Pour cela, la CGPME essaie de mettre en place avec les Experts Comptables des moyens de garantir ces financements, afin convaincre les banques qu’elles ne prennent pas trop de risques.