La souffrance au travail n’épargne personne, surtout pas le chef d’entreprise. Même si de nombreux dirigeants donnent une image qui laisse penser que tout va bien, il s’agit souvent d’une simple façade. Le rôle de chef d’entreprise oblige souvent à intérioriser : celui-ci se conditionne pour se montrer fort et endurant même quand il ressent des sentiments contraires. Dans un tel esprit, il refuse de se faire aider alors que le bon sens voudrait qu’il le fasse.
Les origines de la souffrance
Un patron n’est pas un superman. Comme tous ses salariés, il a ses rêves, ses frustrations, ses problèmes privés et la pression professionnelle. Concernant cette dernière, il la subit certainement plus que n’importe quel autre membre de l’organisation puisqu’il est le responsable de toutes les décisions prises et doit maintenir l’enthousiasme dans l’entreprise.
L’investissement personnel du chef d’entreprise se fait souvent au détriment de sa vie de couple, ce qui est déjà pesant. Mais la difficulté ne s’arrête pas au temps passé dans l’entreprise, aux responsabilités, aux problèmes des autres à gérer ou encore à l’investissement : il faut y ajouter la solitude. Et à force de tirer sur la corde, il y a toujours bien un moment où elle finit par céder.
De la souffrance au suicide
Une étude menée par TNS Sofres a démontré que 63% des patrons de PME français sont stressés, 42% angoissés et près d’un sur deux souffrent d’insomnies. Bien entendu, le contexte de crise sanitaire n’a pas fait baisser ces chiffres. D’après l’Observatoire de la Santé des dirigeants de PME, un à deux chefs d’entreprise se suicident chaque jour à cause de la pression. Heureusement, le passage à l’acte est rarement brutal car il existe différentes phases et formes de dépression qui peuvent alerter, la plus connue étant le burn-out.
Le burn-out du chef d’entreprise
Bien qu’encore peu connu mais fréquent, il s’agit d’un épuisement professionnel qui touche globalement les travailleurs soumis à trop de stress causé notamment par une surcharge de travail. Ce syndrome est parfois présenté comme un mal insidieux. En effet, il a le don de s’installer peu à peu sans que l’on s’en rende vraiment compte.
Pourtant ses symptômes (démotivation, perte de sommeil, maladie à répétition…) sont autant de signaux d’alarme. Ils sont en général négligés et mis sur le compte de la fatigue ou du stress. Malgré les remarques de l’entourage sur le changement de comportement, le travailleur préfère rester dans le déni, ce qui le conduit à l’isolement et au repli sur soi. Attention tout de même car dans les prochaines années, 15 et 20 % des travailleurs pourraient être concernés par cette maladie selon diverses études.
Que faire si vous ressentez la déprime ?
Une fois que le burn-out est déclaré, il est difficile voire impossible d’en sortir seul. Il représente une maladie grave qui nécessite du temps et souvent l’intervention d’un thérapeute. Certains se sont d’ailleurs spécialisés dans le domaine tant le phénomène prend de l’ampleur.
Prendre une courte période de congés demeure souvent insuffisant pour contrer le syndrome même si cela peut s’avérer bénéfique à court terme. Le traitement du burn-out exige une coupure totale avec le travail et, ce, bien souvent sur plusieurs mois. Le chef d’entreprise doit être conscient des risques et se montrer vigilant devant les signes : le corps et l’esprit ne sont pas indestructibles et vous pouvez vite vous retrouver encore plus en difficulté. La meilleure thérapie reste donc la prévention et de suivre quelques conseils si vous ne souhaitez pas vous retrouver en dépression ou en burn-out :
- Sortir de l’isolement en faisant partie d’un réseau de chefs d’entreprise. Il constitue un bon moyen de lutter contre la solitude et de partager des solutions sur des problématiques communes ;
- S’adresser à un coach personnel deux ou trois fois par an pour apprendre à relativiser et s’octroyer un peu de recul ;
- Pratiquer un sport. Vous pouvez ainsi éviter l’accumulation de stress. Il ne s’agit pas non plus de trop forcer sur vos aptitudes physiques ;
- Se faire plaisir en s’accordant du temps pour soi et pour ses loisirs.
Prendre ses responsabilités pour l’éviter
Éviter cette situation est avant tout une question de décision personnelle. Mieux que quiconque, vous devez montrer l’exemple et savoir quand vous reposer. Personne ne vous signalera votre fatigue ou votre état mental parmi vos collaborateurs.
Plutôt que de tirer sur la corde, prenez en compte que si vous tombez, votre entreprise en subira les conséquences. N’hésitez pas à faire un break même brutal. Ce n’est pas une semaine sans vous qui va changer la face de votre entreprise. Votre équilibre mental du dirigeant est étroitement lié à la santé de votre organisation alors autant ne pas vous mettre dans tous les états. Comme dit le proverbe « qui veut voyager loin, ménage sa monture » alors ménagez-vous ! Déléguez si nécessaire et coupez tous les moyens de communication pour pouvoir vous recentrer sur vous.