La délocalisation et la relocalisation sont des sujets qui font couler beaucoup d’encre. Pour les salariés la délocalisation est vécue comme le signe d’un chômage injustifié. Pour d’autres comme une pollution supplémentaire inutile, pour d’autres encore comme l’explication des tensions sociales. Quant à la relocalisation vécue par les français comme une reconnaissance de notre valeur mais aussi d’une erreur de la stratégie des entreprises. Qu’en est-il exactement ? Zoom sur ce sujet brûlant.
La délocalisation mais pourquoi donc ?
La délocalisation porte deux discours distincts. Le premier discours est lié au coût de la main d’œuvre qui est trop cher en France et qui souligne que le seul moyen est de délocaliser. Elle apparaît pourtant aux salariés dénués de bon sens car souvent les chiffres de l’entreprise affichent plusieurs zéros. Elle apparaît comme le désir de s’enrichir des actionnaires mais aussi comme un manque d’anticipation des dirigeants d’une part de ne pas avoir investi en amont dans l’achat de machines performantes et d’autre part de ne pas avoir proposé des formations qui auraient permis aux salariés de s’adapter aux nouvelles technologies. Les entreprises d’envergure internationale délocalisent plus fréquemment.
Les entreprises de l’information-communication représentent 6 % des PME de 50 salariés ou plus. Entre 2014 et 2016, ce sont elles qui ont le plus fréquemment délocalisé (5,8 % d’entre elles), plutôt des activités support. Puis l’industrie manufacturière (27 % des PME étudiées), où 3,0 % des PME de 50 salariés ou plus ont délocalisé, surtout leur activité cœur de métier.
La destination privilégiée ?
L’Union européenne est la destination privilégiée aussi bien pour les délocalisations que pour les activités nouvellement développées à l’étranger. Ainsi, sur l’ensemble des petites et moyennes entreprises qui ont délocalisé, 70% ont décidé de le faire en Europe et 63% vers l’Union européenne (U-E).
Les obstacles rencontrés lors de la délocalisation
Selon l’Insee, en 3 ans, 1,9 % des PME de 50 salariés ou plus ont délocalisé des activités.
Sur la même période, les PME de 50 salariés ou plus qui ont délocalisé se sont principalement heurtées à quatre obstacles :
– les barrières linguistiques ou culturelles,
– l’inquiétude des employés et/ou des syndicats en France,
– le besoin de proximité avec leurs clients
– l’incertitude sur la qualité des biens et des services fournis à l’étranger.
De plus, une PME sur trois évoque ces obstacles.
Relocalisation ? un mirage
Entre 2014 et 2016, 1,5 % des PME de 50 salariés ou plus ont relocalisé au moins une de leurs activités ou l’ont envisagé pour retrouver une proximité à la fois géographique, linguistique et culturelle. Les difficultés managériales liées à l’éloignement, à la langue et/ou aux différences culturelles sont un facteur déterminant pour la moitié d’entre elles. De plus, parmi celles-ci, deux PME sur cinq ont relocalisé leur activité, en raison principalement des temps de livraison trop longs pour les clients et de la qualité insuffisante des biens et des services fournis à l’étranger.
Ainsi, les chaussettes Olympia, les roulements à billes SKF ont décidé de relocaliser en France. Si les relocalisations se multiplient ce sont surtout des petites entreprises qui reviennent. Or ce sont souvent les productions des grandes entreprises qui délocalisent créant un chômage difficile à endiguer lorsque l’implantation de l’entreprise se situe dans une région où les emplois sont rares.