Crowdfunding : qui va financer votre projet ?

Ceux qui souhaitent solliciter une plateforme de financement participatif se demandent : qui va financer votre projet sur une plateforme de financement participatif ? Quels sont les investisseurs de la finance participative qui seront intéressés ? Ce sont des interrogations de plus en plus fréquentes à l’heure de la démocratisation de ces nouveaux moyens de financement de projet.

Des études ont été réalisées afin d’établir un profil-type d’investisseurs tant sur les plateformes de crowdfunding que sur des Business Angels (1). Elles nous renseignent sur la typologie des investisseurs, leurs attentes et aussi leurs motivations.

 Alors si vous voulez lancer dans la finance participative, voici avec les personnes avec lesquelles vous allez être en relation.

Portrait d’un investisseur :

• De plus en plus de femmes même si elles ne sont pas encore majoritaires

Les investisseurs des plateformes de crowdfunding en France sont aujourd’hui majoritairement masculins. 60% sont des hommes. Une amélioration en comparaison des Business Angels car Fundme note que 94% des Business Angels sont des hommes.

• Plus de diversité des âges 

Le crowdfunding est un outil majoritairement jeune : la moitié des internautes ayant soutenu un projet via les plateformes de financement participatif ont moins de 30 ans. Certaines études notamment celle d’Alsace Business Angels révèle au contraire que 68% des investisseurs auraient entre 41 et 59 ans et dans l’étude des réseaux de Business Angels rhônalpins (2), l’âge moyen est 55 ans (3).

La jeunesse des investisseurs sur les plateformes de financement participatif s’explique par leur affinité avec les nouvelles technologies de l’information et leur rapport facilité et fréquent à internet.

• Davantage de diversité socioprofessionnelle

Les catégories socioprofessionnelles des financeurs du crowdfunding sont les étudiants, les métiers de la communication et du design, les professions libérales et cadres. Par comparaison, le Business Angel est principalement issu d’une grande école de commerce. Par ailleurs, Il est cadre supérieur avec un certain patrimoine, ancien chef d’entreprise (3) ou entrepreneurs. Ces derniers représentent 52% d’entre eux avec dans le trio de tête de grands noms tels que Jacques Antoine Granjon (ventes privées), Xavier Niel (Free), et Marc Simoncini (Meetic).

Motivation : aller au-delà d’un investissement financier

Au final, il faut constater que les motivations se distinguent peu de celles des Business Angels. Les motivations des investisseurs sur les plateformes sont :

• En majorité, parce qu’un projet les a touchés. Ils souhaitent aider un proche à se financer.

• Les investisseurs déclarent vouloir participer et contribuer à un projet pour 39%.

• Ils sont 74% prêts à participer et à en faire une promotion acharnée via leurs réseaux.

 Viennent ensuite des motivations financières tels que le retour sur investissement et la défiscalisation.

 Fréquence des investissements

• Près de 40% des personnes interrogées ont eu recours au crowdfunding une à deux fois dans l’année.

• Environ 25% des personnes ont soutenu à plusieurs reprises des projets sur ces plateformes. En outre , nous pouvons dire que la proportion de ceux-ci va augmenter avec l’essor que connaît le crowdfunding. En effet, la majorité des sondés s’est déclarée prête à renouveler l’expérience.

Risques perçus par les investisseurs / freins aux investissements

Quatre freins ont été identifiés avec des natures diverses :

– Flou juridique, dû à un manque d’information sur les mécanismes d’investissement

– Manque de qualité des dossiers

– Montants demandés trop élevés

– Difficulté à choisir la plateforme de financement participatif : pas encore de référence !

 Les plateformes de récompenses fonctionnent le mieux (Ulule, Kickstarter). Si les plateformes d’equity sont préférées par les interrogés, elles ne sont pourtant pas les plus utilisées.

Le projet parfait existe-il ?

La jeune start-up recueille 56% des intentions d’investissements dans le domaine de la technologie et de l’innovation. Le « green business » et les énergies nouvelles sont aussi très présents : ils représentent à eux seuls plus de 25% des envies de financement. Le crowdfunder investit donc pour un projet entrepreneurial, mais aussi sur une approche éco-responsable. Les projets manquant d’immédiateté, ayant une composante R&D dominante par exemple, ou encore les projets « Grande consommation » sont évités (moins de 5% des suffrages).

Le crowdfunder est pragmatique et prêt à financer une perspective d’avenir meilleur.

Les Business Angels aiment quant à eux investir dans des secteurs de l’économie numérique, allant du e-commerce aux logiciels, la cleantech, la biotechnologie et plus généralement la High-tech.

Le point commun au Business Angel et crowdfunder est une recherche de qualité du projet et de l’équipe qui est l’élément décisif pour investir.

Ticket d’entrée

Les internautes entrent dans le capital des entreprises avec un ticket d’entrée inférieur à 500€ : c’est le maximum que souhaitent placer 78% des investisseurs. Pour les plateformes de récompenses, le ticket moyen est bien plus faible, 45€. 68% des investisseurs ont des mises inférieures à 250€ sur ces plateformes. Côté Business Angels, le ticket moyen est bien plus important. Selon Fundme, les Business Angels inscrits sur cette plateforme ont un ticket moyen de 39 000€ contre 16 000€ pour les membres d’associations de Business Angels.

Des valeurs véhiculées par la Finance Participative

Les plateformes de financement communautaire font appel à la participation individuelle, et comme dans tous projets similaires, certaines valeurs doivent transparaître non seulement à l’investisseur mais aussi aux créateurs de projet.

Nous avons identifié quelques valeurs clés du financement participatif. S’il fallait retenir quatre valeurs perçues comme fondamentales, ce serait : la participation (pour près de 60% des sondés), la confiance (47%), la transparence (46%) et le partage (43%). Il est utile de souligner que plusieurs répondants ont ajouté l’innovation et l’indépendance comme valeurs du crowdfunding.

La transparence, la confiance, la nouveauté, l’adhésion, la passion, le partage

Nous disposons désormais d’une image plus concrète des plateformes de crowdfunding et de leurs acteurs. Nous retenons que créateurs et investisseurs partagent une vision sur projet qui doit être porteur de valeurs et de sens. Classiquement, la création de valeur est un objectif purement financier pour les entreprises et leurs actionnaires. Désormais, la notion de création de valeur(S) peut ambitionner un rayonnement plus large: créer du sens et de la valeur pour les différentes parties prenantes, du salarié au client, de l’actionnaire au fournisseur, voire à la société elle-même.

(1) MIPISE en partenariat avec la JUNIOR ENTREPRISE HEC, et Adocta (organisme d’études marketing) ont chacun de leur coté mener des études sur la Finance Participative – ou crowdfunding – en France visant à établir un profil d’investisseurs. Fundme, une plateforme qui met en relation les start-ups et des investisseurs, quant à eux menés une étude visant à dresser le profil d’un business Angel.

MIPISE et JUNIOR ENTREPRISE HEC ont centré leur enquête sur les principales valeurs véhiculées par la Finance Participative ainsi que sur la nature et les montants sur lesquels les internautes sont prêts à investir. L’enquête, réalisée l’été 2013. http://www.mipise.com/fr/blogs

L’étude de AdoctA avait pour objet d’analyser les réactions des individus vis-à-vis du crowdfunding d’entreprises, leurs intentions d’utiliser ce système de financement comme un placement financier, leurs motivations et leurs freins éventuels.

L’étude réalisée par Fundme porte sur les 407 investisseurs « business Angel » inscrits sur le site Fundme.fr.

(3) L’étude a été menée par Christophe Bonnet et Peter Wirtz, enseignants-chercheurs, entre décembre 2011 et février 2012, sur Internet. Les 124 répondants sont membres de 7 réseaux de business Angels rhônalpins affiliés à France Angels.

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