Chaque mois, Dynamique Mag réunit désormais trois entrepreneurs d’horizons différents autour d’un apéro pour débattre sur le thème dossier du mois !
- Richard Levy, co-fondateur de skill2invest et du Cercle des Jeunes Entrepreneurs
- Isabelle Rabier, fondatrice de Dermance soins cosmétiques dédiés aux peaux matures
- Nicolas Rohr, co-fondateur de Faguo, marque de CHAUSSURES RESPONSABLE
Economie en crise : une chance à saisir !
RL : Le climat de crise pousse d’une part les entreprises à réduire leurs coûts et à innover dans des secteurs traditionnellement peu liés à l’innovation. Ces deux facteurs ouvrent de grandes possibilités. D’autre part, je pense créer une entreprise en période de crise, le salariat n’est plus autant sécurisant qu’avant. Beaucoup de jeunes diplômés se sont retrouvés au chômage, ce qui peut finir par éveiller l’envie d’entreprendre.
IR : J’ai toujours pensé que la crise était une opportunité pour les créateurs d’entreprise. On conçoit souvent l’entrepreneuriat comme une prise de risque. Et je pense que la crise réduit justement cette prise de risque. à titre d’exemple, quand je suis sortie d’HEC en 2009, le marché du travail était tellement peu actif qu’entreprendre représentait presque la seule opportunité pour moi !
NR : J’ai moi aussi créé mon entreprise en 2009. à cette époque, on parlait beaucoup de la crise et tout le monde disait : « Attention ! Vous n’arriverez pas à vous faire une place sur le marché, il est saturé ! ». En France on baigne dans un univers désenchanté où l’on a peur pour son emploi.
RL : J’ai remarqué que c’est très franco français cette peur de l’échec ! Dans les autres pays, le climat entrepreneurial est plus libéré.
NR : Tout à fait, et je pense que le contexte économique dans lequel on vit actuellement crée de vraies opportunités : beaucoup sont découragés avant même de se lancer et cela laisse la place à ceux qui ont une forte motivation d’entreprendre.
IR : En effet, la crise risque de détruire les entreprises les plus fragiles au profit des plus performantes.
RL : La crise pousse les entrepreneurs à être plus imaginatifs. En termes de financement, ils sont obligés d’être plus malins pour trouver de nouveaux types de business models et de jouer sur les services associés. Se lancer dans l’industrie risque d’être compliqué en ce moment, quoi qu’en fédérant les bons partenaires tout reste possible !
IR : Grâce à la crise, de nombreux séniors aux profils très expérimentés se retrouvent sur le marché de l’emploi. C’est un vivier de compétences inespéré ! C’est comme cela que j’ai trouvé mon responsable de réseau, un directeur commercial expérimenté, au chômage. La crise peut vraiment générer de belles opportunités !
RL : Pour tirer son épingle du jeu en ces temps difficiles, il faut être constamment capable de s’adapter, de se reconvertir. Prenons l’exemple de Stéphanie Pelaprat, la fondatrice de Restopolitan. Alors qu’elle allait mettre la clé sous la porte, elle a décidé de tout changer dans sa boite. En 24h elle a totalement repositionné sa société qui marche désormais très bien !
IR : Savoir s’adapter doit être le premier réflexe de l’entrepreneur. Se remettre en question, ne pas hésiter à changer de business model, être malin et s’adapter, voilà la clé du succès !
Entreprendre en étant étudiant
RL : Lever des fonds en temps de crise est plus difficile. Mais une solution de financement facile d’accès reste le prêt étudiant. J’ai créé mon entreprise alors que j’étais en dernière année ; mon banquier a bien compris comment j’allais utiliser cet emprunt…
NR : Avec les exemples de réussites comme celle de Marc Zuckerberg, qui n’a pas fait 40 ans de carrière avant de créer Facebook, on voit que l’entrepreneuriat n’est plus réservé à une élite. J’ai moi aussi créé mon entreprise pendant mes études. Pour trouver les fonds nécessaires pour démarrer, 50 000 €, avec mon associé nous avons demandé à 13 copains d’investir.
IR : C’est vrai aussi que lorsqu’on est jeune, on bénéficie d’un vrai capital sympathie qui aide parfois bien ! Il ne faut pas hésiter à solliciter l’aide des hommes et des femmes d’expérience dans son environnement business.
Penser son business à l’international
NR : En Chine, j’ai été frappé de voir que tout le monde entreprenait avec n’importe quel moyen autant financier qu’intellectuel. Il y avait une vraie effervescence entrepreneuriale ! J’ai participé l’an dernier au G20 des entrepreneurs et beaucoup de représentants, comme les coréens, les chinois ou les brésiliens par exemple, ne parlaient absolument pas de contexte de crise.
IR : Je pense que le regain du « Made in France » aujourd’hui dans le monde représente une vraie opportunité pour les entrepreneurs de vendre à l’étranger. Mais attention, s’exporter n’est pas si simple que cela et il faut que cela s’intègre à une vraie stratégie bien réfléchie, avec un solide plan de financement.
NR : J’ai eu un prof qui disait toujours qu’il fallait être le meilleur en France avant d’essayer de s’attaquer à l’étranger. Je n’ai jamais été d’accord avec cette idée mais en un sens il n’avait pas tort. Car en voulant s’imposer sur 10 marchés différents en même temps, on risque de diviser sa force d’autant. Il vaut mieux alors être très solide au départ !
Surfer sur les secteurs porteurs
NR : L’économie est peut-être en crise, mais il y a certains secteurs qui se portent très bien ! Je pense notamment à tout ce qui est « on line » et aux services à la personne. Tout ce qui touche à la proximité fonctionne aussi très bien car on revient à une dynamique forte de l’économie de proximité après l’ère du tout global.
IR : Je partage complètement ton point de vue. Je pense également à la distribution, à la santé et aux services pour les séniors. La population des séniors représente des millions de personnes et elle ne cesse de s’accroître.
RL : On peut également citer le marché de la dématérialisation des échanges qui a particulièrement le vent en poupe ces derniers temps. Mais je pense aussi que parallèlement à cela, nous vivons un retour du concret dans le business. Tout ce qui est loisir fonctionne très bien par exemple. Et puis il y a bien sûr le développement durable, un marché crucial à développer si on veut pouvoir vivre encore un peu de temps sur la Terre.
IR : D’ailleurs il est conseillé d’intégrer l’axe « développement durable » dans son entreprise, car on sera souvent privilégié pour obtenir des subventions ou pour gagner des appels d’offres.