Quelle est la perception générale du stress par les entrepreneurs. Quels sont les chiffres ? Quelles en sont les conséquences du stress des employés concrètes pour une entreprise ?
Quelques chiffres
L’INRS avance un coût de 2 à 3 milliards par an que fait peser le stress au travail sur l’économie française.
L’agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail a quant à elle chiffré le coût du stress au travail à 617 milliards annuels !
Bien que les PME semblent globalement moins touchées que les grandes entreprises par le stress des employés dû aux conditions de travail, le processus tend à se développer. Sur l’ensemble des entreprises françaises, 71 % d’entre elles se disent préoccupées par cette évolution aux effets néfastes tant sur un aspect psychologique que financier. Pourtant, 65 % des DRH n’ont, à ce jour, mis aucun dispositif en place, permettant d’enrayer ou d’anticiper cette réalité.
Le stress : la maladie du siècle
Certains diront que la plus grande souffrance de notre temps est le mal de dos, d’autres plaideront pour le stress avec pour finalité le diagnostic médical aussi répandu que controversé : le « burn out« , anciennement nommé dépression nerveuse ou état dépressionnaire, selon les cas. Pour mettre tout le monde d’accord, notons que la lombalgie est une pathologie qui a pour origine entre autres le stress , au même titre que les maladies cardio-vasculaires et les troubles musculo-squelettiques. A savoir que 39 % des salariés souffrent de douleurs dorsales dues au stress, que 20 % des arrêts de travail en France sont liés à ces lombalgies avec une moyenne de 30 jours d’incapacité, et que 30 % des arrêts en Europe sont liés directement au stress.
Une chose est certaine : le stress est une réalité sociétale
Néanmoins, beaucoup ne sont pas d’avis d’employer le terme « réalité » lorsque l’on parle de stress. En France, l’image de ce mal est encore largement associée à une faiblesse morale, à un manque de motivation ou encore à une mauvaise gestion de ses propres émotions. Pour les plus virulents, c’est un symptôme que tout le monde peut ressentir à un moment ou à un autre, et dont seuls les plus fainéants utilisent comme prétexte pour ne pas aller au travail et bénéficier d’une indemnité de la sécurité sociale grâce à un arrêt médical. Cependant, d’après l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail, ce type d’arrêt maladie est celui qui arrive premier aux classements européens des incapacités de travail. Donc, réalité ou phénomène de mode ?
C’est pour répondre à cette question que les causes et les effets de cette nouvelle vague ont été recherchés. Selon une enquête de l’ANACT/CSA, 4 causes sont à l’origine du stress :
– l’organisation du travail pour 41 % des personnes interrogées
– la non satisfaction aux exigences individuelles pour 38 %
– la harcèlement vertical ou horizontal estimé comme la cause de 31 % des personnes malades
– les changements dans le travail demandé pour 31% d’entre elles.
Pour ce qui est des conséquences, 37 % parlent de très grande fatigue, 29 % de tensions musculaires, 25 % de troubles du sommeil et d’anxiété, 12 % d’une baisse de vigilance. Même les cadres, à raison de 90 % d’entre eux, reconnaissent être plus stressés aujourd’hui qu’il y a 10 ans.
Témoignages, chiffres, causes, effets, pathologies ; il est difficile de ne pas voir en face ce problème d’ampleur. Vient alors la question stratégique pour tout entrepreneur : quelles conséquences pour la vie de l’entreprise ?
Le coût réel du stress pour une entreprise
Selon l’OMS, la France est au 3è rang mondial des pays recensant le plus grand nombre de dépressions liées au travail. Et selon l’European Agency for Safety and Health at Work, le stress est la cause de presque 60% des journées perdues.
La pathologie du siècle
Clairement, 2 procédés résultent directement de la pathologie du siècle : désengagement et absentéisme ; sans parler des procédures devant les prud’hommes lorsque le stress a pour cause un harcèlement vertical.
Proposons une traduction « pourcentage / euros » pour avoir une idée concrète du manque à gagner : le coût de l’absentéisme dû au mal-être est de 3 500 euros par salarié et par an, soit 7% de la masse salariale en France. Pour rendre les chiffres plus concrets, l’IBET (Indice de Bien-Être au Travail) a été mis en place par le cabinet Mozart Consulting.
C’est un indice socio-économique ayant une échelle allant de 0 à 1. Pour être convenable, l’indice de bien-être des salariés au travail dans son contexte socio-organisationnel, signe de leur engagement, doit être supérieur ou égal à 0.85. L’environnement avec un IBET de 0.86, ainsi que les assurances et la finance sont les meilleurs élèves dans cette catégorie. En revanche, les activités liées aux services font défauts. Tous secteurs confondus, l’an dernier, le désengagement salarial a entraîné une perte de 25 % de la Valeur Ajoutée des entreprises, en France.
A terme, le désengagement provoque le départ forcé des employés sous forme de démissions, licenciements non économique, ruptures conventionnelles et autre ; ce qui, inévitablement, engendre des pertes pour les entreprises en terme de main d’œuvre, et donc de productivité, pouvant remettre en cause sa pérennité : pour 2 employés absents, 4 devront travailler davantage, et si ces 4 salariés doivent assumer plus de tâches sur le long terme, le même mal-être pourrait les concerner également, entraînant leur propre absentéisme, et ainsi de suite. Les pertes peuvent alors être exponentielles.
En définitive …
Nul besoin de préciser que le bien-être au travail est synonyme de performance et de productivité. 88 % des Français le pensent, et 57 % des salariés pensent que rien de satisfaisant n’existe dans leur entreprise pour favoriser ce bien-être. Le stress est clairement un paramètre à prendre en compte dans la stratégie de productivité au sein de l’entreprise, ce qui signifie avoir des budgets pour l’enrailler et pallier aux besoins.