Jeux Olympiques, Super Bowl, Coupe du monde… Les événements sportifs fédèrent de plus en plus et génèrent une audience impressionnante. Rien que pour l’édition 2010 de la Coupe du monde en Afrique du Sud, 3,2 milliards d’individus se sont réunis devant leur télévision pour visionner l’une des compétitions sportives les plus regardées de la Planète. Cet événement est également une occasion de générer des recettes impressionnantes, pour les pays investis comme pour les autres. The NPD Group, leader mondial des études de marché, s’est intéressé aux différents secteurs de l’économie française et a anticipé leur évolution pendant le Mondial sur la base des précédentes compétitions. Selon l’institut, la France pourrait enregistrer 45 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à plusieurs secteurs d’activité.
Les compétitions sportives peuvent avoir un impact positif ou négatif sur l’économie des pays qui les organisent. En 2014, le Brésil a organisé la Coupe du monde de football la plus onéreuse de tous les temps avec environ 13,9 milliards de dollars. Le ministère du Tourisme a estimé à 15 milliards de dollars les recettes liées à la Coupe du monde de football. Cela correspondrait à un bénéfice d’environ 1,7 milliard de dollars et 0,7 % du PIB. Quant à l’Euro 2016, orchestré en France, elle a généré 1,2 milliard d’euros pour le pays dont 625,8 millions pour le secteur du tourisme et 596 millions pour le volet organisation, selon l’étude menée par l’organisme Keneo et le centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES). La compétition, organisée de juin à juillet 2016, a également permis de booster plusieurs secteurs d’activité dans le pays comme l’hôtellerie, la restauration et la vente de téléviseurs. Même si la Coupe du monde 2018 se déroule en Russie, la compétition peut être une aubaine pour l’économie des autres pays, notamment celle de la France.
Le secteur du jouet et de la vente de téléviseurs aux premières loges
Les vignettes Panini FIFA Moscou 2018 séduisent les jeunes français. Le paquet de cartes était le jeu le plus vendu en France pendant la troisième semaine du mois de mai avec 400 000 exemplaires. Un phénomène également visible en Europe puisque ces objets étaient dans le top 5 des ventes au Royaume-Uni, en Belgique ainsi qu’en Espagne. Rien que pour la dernière Coupe du monde, les ventes auraient avoisiné les 14 millions d’euros. Un record qui a été battu durant l’Euro 2016, avec plus de deux millions et demi de jouets, paquets de cartes et vignettes vendus pour un chiffre d’affaires estimé aux alentours des 20 millions d’euros. Côté ventes de téléviseurs, même constat. L’événement footballistique est l’occasion pour un certain nombre de Français de changer leur équipement multimédia. Carrefour a enregistré une hausse de ventes de ses télévisions de plus 40 % entre mai et juin. Les consommateurs se tournent principalement vers la 4K (format d’image numérique ayant une définition supérieure ou égale à 4 096 pixels de large, ndlr), avec plus de 92 % des ventes, selon le comparateur de prix Idealo. Cette hausse est justifiée par une stratégie simple des magasins, celle de baisser les prix pour attirer les clients. Pour l’achat d’un téléviseur 4K, il faut aujourd’hui compter 1 572,50 euros alors qu’en 2016, il aurait fallu débourser 2126,64 euros. Cinq millions de téléviseurs devraient, par ailleurs, être vendus en 2018.
Du bon pour le domaine de la restauration
Selon The NPD Group, le marché de la restauration en profite aussi avec une fréquentation qui devrait augmenter de 20 % les soirs de matchs. Déjà lors de L’Euro 2016, les pubs, bars et brasseries ont vu leur clientèle se multiplier. Sur 20 % des visites des brasseries le soir, en règle générale, le chiffre avait bondi de 5 points au mois de juin pour atteindre les 25 %. Le pourcentage de jeunes, entre 18 et 35 ans, a également évolué pour avoisiner les 25 % des visites, contre 18 % habituellement. Les plateformes de livraison de repas à domicile saisissent ainsi l’occasion pour tenter d’augmenter leur chiffre d’affaires. 60 % des professionnels de la restauration constatent une hausse des commandes lors d’événements sportifs majeurs, selon une étude réalisée par Deliveroo. Ils cherchent d’ailleurs tous à séduire le consommateur avec des opérations marketing. Deliveroo a donné son coup d’envoi avec l’opération « un plat acheté = un plat offert » dans plus de 500 restaurants partenaires et offre des menus à – 20 % pendant toute la durée du Mondial. McDelivery, le service de livraison de repas de McDonald’s, en partenariat avec Uber Eats, a sollicité huit célébrités du football pour promouvoir sa marque comme Andrea Pirlo, joueur de l’équipe d’Italie, ou encore Marcel Desailly, ancien joueur de l’équipe de France. Just Eat offre, quant à lui, des réductions en fonction des scores des Bleus pendant quarante-cinq minutes après les matchs et des promotions sur les offres de KFC. La société s’attend à 50 % d’activité supplémentaire lors des matchs de l’équipe nationale.
Le marché du BTP déjà récompensé
La Russie a fait appel à plusieurs entreprises françaises du BTP qui ont reçu des investissements pour la construction et la rénovation des stades. Freyssinet, filiale française de Vinci Construction, a effectué son travail sur le stade de Volgograd, qui peut accueillir jusqu’à 45 000 supporters. C’est durant l’été 2017, que l’entreprise a réalisé l’assemblage et le levage de la toiture câblée de l’enceinte sportive. Spécialisée en ouvrages de génie civil, la société a créé la structure et a défini les méthodes de construction. Pour les travaux, elle a également livré 650 tonnes de câbles clos et 250 tonnes de déviateurs pour la connexion entre les câbles et la structure en acier de la toiture. La petite PME normande experte en équipements sportifs, Metalu Plast, a fourni 50 % des grandes infrastructures russes en abris de touche, soit 30 unités, pour équiper les stades d’Ekaterinbourg, Rostov, Samara, Volgograd, Saransk et Nijni Novgorod.
Le paradoxe, c’est que le pays organisateur de la Coupe du monde, la Russie, ne serait pas en mesure de profiter totalement des milliards de recettes que pourrait engendrer la compétition. L’effet sur l’économie russe devrait être « très limité » avec des bénéfices inégalement répartis sur son territoire, d’après l’agence Moody’s (agences de notation financière, ndlr). Son impact devrait même se révéler moindre par rapport à celui des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Quant à la Suisse, elle est la première à profiter des retombées du Mondial car elle abrite un nombre important de sièges d’organisations sportives internationales comme la FIFA, qui fabriquent les billets. Le pays a vu sa croissance stimulée par les revenus de ses précieux tickets, à tel point qu’elle a, d’ores-et-déjà, enregistré un surcroît de croissance de 0,2 %, selon le Seco (Secrétariat d’État à l’économie, centre de compétence de la Confédération suisse ayant trait à la politique économique, ndlr).