En tant que numéro deux mondial des infrastructures spatiales, la France investit de plus en plus dans ce secteur. Les données spatiales semblant représenter l’avenir, le pays met en place des fonds ainsi que des programmes dédiés à la conquête de l’espace et a lancé le dispositif CoSpace en 2013 afin d’aider au développement et la recherche pour envoyer les start-up dans l’espace…
Un comité à la conquête de l’espace
Instauré le 4 septembre 2013, le comité de concertation Etat-industrie sur l’espace, CoSpace, a pour objectif, d’après le site du ministère de l’enseignement supérieur, d’ « élaborer des feuilles de routes technologiques permettant la convergence des efforts de l’ensemble des acteurs nationaux de la politique spatiale ». Formé par les ministres de l’Intérieur, de l’Economie et de l’Industrie et du Numérique ainsi que du secrétariat d’Etat chargé de l’Enseignement et de la Recherche, ce dispositif rassemble les acteurs publics et privés de la filière spatiale afin de permettre un meilleur développement, main dans la main, des projets basés sur la récolte de données stockées dans les satellites. Ce comité a surtout vu le jour pour inciter les entrepreneurs à se tourner vers l’espace. Pour cela, il a notamment mis en place des financements dans le cadre des projets industriels d’avenir (PIAVE) et du programme ARTES de l’ESA (acronyme anglophone de l’agence spatiale européenne ndlr) auxquels il a versé respectivement 35 et cinq millions d’euros. CoSpace a également annoncé le lancement de structures d’accueil pour les porteurs de projets dans l’exploitation ce secteur : quatre accélérateurs de projets spécialisés dans des domaines précis ont ainsi été créés sur le territoire.
Quatre pôles de compétitivité labellisés
Pour donner envie aux porteurs de projets de s’orienter vers les étoiles, le CoSpace a mis en place quatre accélérateurs de projet dotés du label « booster ». Ces infrastructures accueillent les start-up ayant pour vocation d’utiliser les signaux ou données fournies par les dispositifs spatiaux. En Bretagne, le Booster Morespace se spécialise dans l’utilisation des données et techniques satellitaires appliquées au secteur maritime. Les trois autres « booster » couvrent, eux, plusieurs filières. Nova, basé sur Montpellier, Toulouse et Bordeaux, se concentre sur six domaines : la croissance bleue (tournée vers les secteurs marins et maritimes), l’énergie, l’agriculture, les villes dites intelligentes (transports, énergie, développement durable), les économies du Sud ainsi que la maitrise de l’espace et du cadre de vie. Le booster du nom de sa région, PACA, accompagne les projets en écotechnologies, en services mobiles liés à la géolocalisation, les villes intelligentes et la sécurité (villes, côtes, mers). Seine Espace, la quatrième structure située entre la région parisienne et la Normandie, prend en charge les applications visant à développer la ville et de la mobilité, la logistique, la gestion intelligente de l’énergie, la climatologie, l’environnement, les loisirs et l’éducation. Ces dispositifs se veulent sélectifs et comptent accélérer cinq projets collaboratifs chacun, faisant intervenir les spécialistes du spatial, du numérique et des utilisateurs des multiples secteurs concernés.
Des programmes et incubateurs issus de l’ESA
CoSpace contribue aussi au financement de projets européens tournés vers les données de l’espace, notamment au programme de recherche ARTES lancé par l’ESA (Agence Spatiale Européenne ndlr). Celui-ci se concentre sur le développement de services et de produits liés aux satellites de télécommunications allant de l’agriculture à l’e-santé. L’ESA Bic Sud France constitue une de ses filières françaises, pourvue d’un incubateur depuis 2013. Ouvert aux jeunes pousses exploitant les données satellitaires, le vieux continent dénombre onze programmes ESA Bic (acronyme de Business innovation center, ndlr) qui ont accompagné plus de 250 start-up. L’ESA Bic Sud France a d’ores et déjà accompagné sept projets dont la société toulousaine FlightWatching, qui a mis au point un système permettant de réaliser un diagnostic d’avions sur des pannes survenues en plein vol, en temps réel et à distance. L’objectif de cet incubateur : mener 75 projets vers la réussite en cinq ans. Il annonçait l’année dernière son soutien à quatre nouveaux projets français.
Quatre start-up promues en 2016
L’ESA Bic Sud France attribuait l’année dernière son soutien à quatre jeunes pousses françaises, qui ont reçu chacune 50 000 euros. La première, Start Tracks, constitue un coach sportif personnalisé. Créée par Hugo Hurtado, Roxane et Anaïs Balor en 2015 à Castres, cette application permet d’adapter un effort physique en fonction de ses capacités et de sa santé. Elle exploite à cet effet un brevet déposé par le Cnes initialement destiné au suivi des spationautes en vue de leurs sorties spatiales. L’entreprise de Leonardo Fonteles, Cintoo 3D, s’est aussi vue sélectionnée. Elle développe des solutions technologiques qui permettent d’améliorer le stockage (compression), le streaming, et la visualisation des images et des modèles 3D en haute résolution et utilise pour cela un algorithme initialement mis au point pour les satellites Pléiades. La troisième start-up soutenue se nomme Lekooa. Fondée par les frères Kreckelbergh en 2015, elle se concentre sur le Bluetooth Low Energy (BLE), qui, à travers une puce, permet de connecter des objets. Ce concept représente la base de l’IoT (en anglais Internet Of Things, internet des objets ndlr) et met en œuvre un protocole de communication spécifique breveté par le Cnes pour de la géolocalisation en intérieur. Le dernier projet soutenu depuis 2016 se nomme Earth Cube, crée en 2015 par Renaud Allioux & Arnaud Guérin, cette start-up utilise les CubeSat, des nano-satellites de très petite taille, pour proposer des services de surveillance et notamment assurer un suivi de la sécurité des pipelines.