Construire pour demain, étape par étape

Ce n’était pourtant pas sa vocation, à croire que c’était son destin. Pour cet ancien rugbyman, MyTrooperS est, depuis deux ans, une aventure qu’il vit à plein temps aux côtés de son associé, Jérémy Chevalier. Si tout a commencé par une simple histoire de canapé à changer, aujourd’hui, le service est en passe de devenir le «Uber de la location utilitaire avec chauffeur».

«Lorsqu’on crée une entreprise, même si l’on travaille énormément, les efforts ne portent pas leurs fruits sur l’instant. On construit pour demain et le plus difficile demeure l’incertitude.», lance Jean Cevaer, cofondateur de MyTrooperS, avant de poursuivre : «Aujourd’hui, on peut tirer profit de toute cette énergie qu’on investit au quotidien et l’on compte bien continuer à le faire.» Pour cet ancien rugbyman qui a foulé la pelouse du Stade français pendant une quinzaine d’années, l’envie de mieux comprendre l’économie et d’intégrer le monde des affaires a eu raison de lui. Un master en Entrepreneuriat en poche obtenu à l’ISTEC, où il rencontrera son associé Jérémy Chevalier, amorce alors le projet de MyTrooperS. Si, après deux ans d’existence, la plateforme de réservation en ligne de véhicules avec chauffeur n’en est encore qu’à ses débuts, son jeune dirigeant a déjà de quoi en être fier.

Une histoire de canapé…

Créée en avril 2016, MyTrooperS effectuait son premier transport au mois de juin suivant. Désormais, elle compte plus de 250 transporteurs professionnels. Jean Cevaer revient sur le concept : «Grâce à des applications web, nous mettons à la disposition de nos utilisateurs un utilitaire avec chauffeur pour transporter ce qu’ils souhaitent, dans l’heure ou à la demande.» Des cartons, une table ou même dix bouteilles de Coca font ainsi partie des objets pouvant être pris en charge par un «TrooperS» (qui désigne, dans leur jargon, un « transporteur »). En plus des 2 500 opérations effectuées sur l’année 2017, l’utilitaire avec chauffeur à la demande vient de boucler sa deuxième levée de fonds à hauteur de 425 000 euros (après un premier tour de table qui s’est soldé à 200 000 euros, début 2017, ndlr).

Une histoire qui aurait bien pu ne pas voir le jour sans la mésaventure de deux amis en colocation avec un canapé à remplacer. «Nous voulions ramener nous-mêmes, à pied, notre nouveau canapé, situé de l’autre côté du Pont du Garigliano, à Paris, soit à près d’un kilomètre. Sauf qu’il était armé en fer, pesait 120 kilos et qu’il s’est mis à pleuvoir.», raconte le cofondateur. Réfugiés sous un arbre, ils se mettent à chercher un transporteur, sans succès. Prix trop élevé ou délai trop large, les deux acolytes finiront par mettre le canapé sur une poubelle pour ensuite le rouler jusqu’à chez eux…

Après en avoir parlé avec Jérémy Chevalier, les deux futurs cofondateurs font un constat : malgré des coursiers à vélo, à scooter ou même des chauffeurs privés, personne ne semble proposer des camions basés sur le même modèle. Il n’en fallait pas plus pour que, le lendemain, ils décident de se lancer dans l’aventure de MyTrooperS.

Le « Uber de la location utilitaire avec chauffeur »

S’adressant aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels, le service se veut presque le «Uber de la location utilitaire avec chauffeur». Mais un point fondamental les différencie : «Nous travaillons avec des sociétés de transport et non des micro-entrepreneurs (ex auto-entrepreneurs, ndlr). Le milieu étant réglementé, pour devenir TrooperS, il faut se référencer, avoir une licence ainsi qu’une assurance», précise le dirigeant, avant d’ajouter : «Les sociétés ne travaillent pas 100 % du temps avec nous mais par le biais de missions ponctuelles afin d’optimiser leur planning.»

Pour l’heure, les deux cofondateurs se focalisent sur l’Île-de-France, qui concentre la plus grosse part de transporteurs indépendants, selon Jean Cevaer. Le reste du territoire n’est toutefois pas exclu, l’enjeu étant de s’implanter progressivement. En septembre prochain, l’entreprise programme d’ailleurs l’ouverture de Lille. Et après la capitale des Flandres, les villes de Bordeaux, Lyon, Toulouse et Marseille devraient, elles aussi, faire leur apparition sur la carte. En attendant, comme le rappelle l’entrepreneur, l’idée reste d’avancer «étape par étape».

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