Après le confinement, les dirigeants comme les salariés ne peuvent regarder l’organisation du travail de la même manière. Cela d’autant plus qu’il y a l’épée de Damoclès d’une seconde vague, constamment reprise par le gouvernement, le ministre de la santé et le comité scientifique et l’OMS et bien d’autres encore. Par ailleurs, les vagues successives qui se répandent dans tous les pays et les conséquences économiques sur les entreprises obligent chacun à envisager l’avenir avec crainte mais aussi à vouloir s’adapter pour mieux affronter les crises.
Selon, un sondage exclusif, réalisé par OpinionWay pour le cabinet La Garanderie Avocats, l’impact de la crise sanitaire sur les relations entre les entreprises et leurs salariés est loin d’être anodin. Au lieu de se contenter d’un à peu près ou de rumeurs des plus fantaisistes ou alarmistes répandues sur la toile, ce sondage nous donne des clefs pour comprendre comment dirigeants, cadres, salariés ont vécu cette période.
Pas d’amalgame entre les managers, salariés en entreprise ou en télétravail
Les conditions n’ont pas été les mêmes pour tous et auront pour conséquences d’engendrer des difficultés dans les relations humaines. La tendance est toujours de généraliser et de mettre tous les travailleurs dans même sac. Faire donc des amalgames qui empêchent d’avoir une vision exacte de la situation.
Or, 17 % des personnes qui ont continué à exercer leur activité considèrent que le lien avec leur employeur s’est renforcé. De plus, 19 % des salariés en télétravail, 15 % des salariés sur place.
Les salariés en chômage partiel ont, quant à eux, bien plus tendance à considérer que le lien s’est affaibli (28 %). La première raison invoquée pour l’expliquer est le sentiment d’avoir été délaissé (48 %). Celui-ci ne peut être dissocié de la peur de perdre son emploi. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, 34 % considèrent que l’organisation n’a pas été adaptée et 32 % qu’ils ont travaillé davantage sans compensation pour éviter à l’entreprise les pires difficultés. Leur implication au regard de ceux qui ont été en chômage partiel pose un réel challenge aux dirigeants d’entreprise pour pouvoir répondre à leur action.
Difficultés relationnelles entre ceux qui ont pu rester chez eux et ceux qui ont dû aller travailler
93% des cadres ou professions intellectuelles supérieures déclarent que leur activité a été maintenue pendant le coronavirus. Seulement 7% sont passés en chômage partiel. Alors que chez les employés, en revanche 42% des salariés sont passés au chômage partiel et notamment celles qui n’étaient pas en télétravail avant le confinement. Cette réalité conduit les dirigeants à penser à instaurer le télétravail pour un maximum possible de personnes afin de ne pas réduire leur activité. Il est bien évident que celui-ci dépend de l’activité et du secteur.
Certes l’adaptation a été le leitmotiv de chacun. Mais il y a quand même des salariés qui sont un peu amères (31%). Ils s’expriment sans laisser le doute sur leurs attentes « nous avons travaillé et on n’a pas eu de réelle compensation ». Cette amertume-là est loin d’être anodine et il ne faudra pas l’occulter. L’exemple des vendeurs dans les magasins d’alimentation ou des caissières est à prendre en considération. Les primes certes mais aussi la reconnaissance, compte tenu de l’effort et de l’angoisse profonde que ces travailleurs ont affronté. Si l’on a exprimé la reconnaissance envers les soignants, ils n’ont pas fait l’objet de la même attention des Français. Or, ils ont dû prendre les transports, grands lieux des dangers de contamination. Il en est de même dans certains secteurs.
Qui va continuer à être en télétravail, telle est la question sous-jacente ?
La liste des priorités de ce que les salariés attendent de leur employeur met en exergue le fait que l’autonomie donnée dans le travail n’est pas particulièrement recherchée. Elle serait donc un indicateur pour montrer que le lien hiérarchique est bien vécu. 39 % des sondés reconnaissent avoir apprécié des échanges plus francs et ouverts lors du confinement. Les rapports sociaux se sont transformés et il est impossible de ne pas en tenir compte pour préserver l’emploi.
Privilégier une plus souplesse de l’organisation du travail
Pour 33 % des salariés des plus grandes entreprises, l’organisation du travail est le deuxième domaine à prendre en compte par l’employeur, devant le maintien de l’emploi (31 %). Les organisations vont devoir apporter une plus grande souplesse et se pencher sur l’élargissement du télétravail , sans pour autant le systématiser à 100 % .
La sécurité et la santé, la priorité
Les salariés attendent d’abord de leur employeur qu’il assure la sécurité et la santé (48 % et jusqu’à 51 % dans les entreprises de plus de 1.000 salariés) et maintiennent leur emploi (36 %). La formation n’est pas considérée comme une priorité. Cette préoccupation de la santé est très présente dans l’entreprise. Nos nombreux articles sur le bien-être du salarié en sont l’illustration. La protection a évolué, néanmoins. L’employeur doit démontrer qu’il a pris toutes les mesures possibles pour préserver la santé de ses salariés autant en ce qui concerne les risques psychosociaux que le harcèlement moral. La santé est une préoccupation depuis un certain temps. la crise sanitaire a précipité le caractère prioritaire de la santé.
*Sondage mené auprès de 1.031 personnes, interrogées par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI du 15 au 19 mai 2020.