Le confinement a contraint les Français à mettre en place de nouvelles pratiques. Ils ont constaté que ce qui arrive à l’autre bout du monde peut avoir un impact sur leur quotidien. Le confinement leur a permis d’avoir du temps pour se poser des questions. Il a remis en cause la conception qu’ils avaient de l’entreprise et de la société. Zoom sur ces enseignements du confinement.
On ne vit pas tout seul
De nombreuses personnes ont réalisé avec le confinement qu’elles avaient besoin des autres. A force de manquer de temps, la tendance a été de trouver normal la présence des autres et de la banaliser. Avec du temps disponible, ils sont nombreux à s’apercevoir que l’Homme était un individu social et qu’une bonne partie de notre épanouissement passe par notre contact avec les autres. Pourtant, certains préfèrent toujours vivre seuls ou isolés mais dans la majorité des cas le contact a représenté un manque. Internet ne remplace pas les contacts dans la vie physique et un apéro Skype ne remplace pas celui réalisé avec la personne à ses côtés.
Le déconfinement va être l’occasion de voir ses proches et reste très attendu ne serait-ce que pour cela. Quelques-uns sont d’ailleurs déjà en train de braver les règles car, finalement, ils ont tout simplement besoin de rencontrer les autres. De la même manière, les travailleurs ont pris conscience de l’importance que représente le cercle social de l’entreprise et désirent au moins se rendre leur lieu de travail même s’ils souhaitent alterner télétravail et travail au sein de l’entreprise.
Le télétravail n’est pas si simple
Ils étaient nombreux à désirer télétravailler avant le confinement. Il faut dire qu’ils avaient une image idéalisée et qu’il existe souvent une différence entre ce que l’on imagine d’une chose et sa réalité. Ils ont pu s’apercevoir des contraintes notamment liées aux perturbations familiales quand on travaille de chez soi. La période n’était toutefois pas totalement représentative, tout simplement car les enfants n’étaient pas à l’école, le conjoint pouvait également être présent à la maison ou du fait qu’une bonne partie de la population était également « disponible » et parfois sans travail car confinée.
Les perturbateurs étaient donc nombreux et travailler à distance a été beaucoup plus difficile que certains l’imaginaient. Surtout, les salariés ont dû parfois prendre conscience de leur manque personnel de motivation et pour une fois seul, de se rendre compte de l’importance de la stimulation d’un manager. S’autodiscipliner n’est pas si facile et certaines entreprises ont encore également du chemin à réaliser en termes de fourniture matériel, d’utilisation de logiciels ou de management pour optimiser son recours.
Tout est lié
Que l’on parle d’économie ou du monde, il y a eu une véritable prise de conscience que les frontières ne sont souvent qu’imaginaires. La diffusion du coronavirus en seulement quelques jours à travers le monde en est la preuve et ce qui arrive à l’autre bout du monde peut avoir une conséquence n’importe où sur la planète bleue. Il y a également eu une prise de conscience que l’économie dans son ensemble était liée notamment lorsqu’une entreprise réalise un type de prestation ou de produit peut avoir besoin d’un fournisseur et être le fournisseur d’une autre. Le gouvernement n’a ainsi pas pu cibler dans la majorité des cas les entreprises qui devaient rester ouvertes et être fermées.
La solidarité : une donnée à regarder
Les applaudissements à nos fenêtres à 20H tous les soirs et les nombreux acteurs qui ont continué leur activité en bravant le coronavirus nous ont démontré que chacun pouvait faire preuve de solidarité. Les pessimistes diront que cela n’est qu’éphémère alors que les optimistes espèrent que la société en retiendra la leçon. Une véritable solidarité pourrait se créer dans le monde post confinement. Les contours restent cependant flous et on pourrait se demander comment les entreprises peuvent s’entraider ? Peu donnent des solutions ou proposent des actions à ce sujet ou du moins sont inaudibles et on peut se demander comment finalement cette solidarité pourra se poursuivre.
Le monde est en quête de sens
Si le confinement a eu un effet partiel, c’est d’abord que certains se sont remis en cause et ont eu le temps de penser au sens qu’ils donnent à leur vie et à leur travail. Beaucoup ont pris conscience qu’ils voulaient plus et recherchent actuellement une utilité à leurs actions pour l’avenir. Il est vrai qu’il est plus attrayant, quant à devoir travailler pour se nourrir, d’y mettre du sens et d’avoir l’impression d’être utile à la société.
Les aberrations, même si elles s’expliquent pour des raisons de coûts, comme le fait de se fournir de produits ou services fabriqués à l’autre bout du monde alors qu’on pourrait les produire en France, posent aujourd’hui question. D’ailleurs, la manière de fonctionner actuelle paraît peu compatible avec l’écologie par exemple qui se devrait être l’un des grands enjeux de l’avenir.
L’apparition des métiers cachés
De nombreux métiers sont peu valorisés en France et sont relativement invisibles. L’un des grands enseignements de cette période reste que nous ne faisons pas attention à un ensemble d’acteurs, invisibles, qui œuvrent pourtant dans notre quotidien. La nécessité que certaines activités continuent comme le domaine médical, les pompiers, les policiers, les réparateurs, les commerces alimentaires, les livreurs, … les a mis en lumière.
Le constat de leur nécessité a généré des questionnements sur la redistribution de la valeur notamment en termes de salaires. Les métiers de première nécessité étaient souvent mal payés. Si nombre d’écarts sont expliqués par la capacité de chacun à les faire et donc de l’absence de rareté de la main d’œuvre disponible, la faiblesse de leurs revenus a été mis en exergue. Il apparaît évidemment qu’une redistribution plus juste serait une bonne chose et que le monde tourne peut-être trop autour du profit non pas de ceux qui sont véritablement utiles à la société mais à un système en perte de sens.