Crée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et organisé par Bpifrance, le Concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, rebaptisé i-LAB en 2014, vient de fêter ses 20 ans d’existence. Il a comme enjeux d’encourager la création de sociétés novatrices, de détecter les projets de création et de soutenir les firmes les plus prometteuses par le biais d’une aide financière qui peut atteindre jusqu’à 400 000 euros et d’un accompagnement adapté. Le 5 juillet dernier, le jury national, présidé par Ludovic Le Moan, directeur général de Sigfox (opérateur français de télécommunications, ndlr) a distingué 64 lauréats parmi les 383 candidatures reçues. Parmi eux, quatorze ont reçu des Grands Prix qui récompensent les projets les plus innovants. Découvrez plusieurs de ces start-up.
Le concours i-LAB porte un rôle essentiel dans la création et le développement de sociétés de technologies innovantes. Depuis sa création, il a permis l’édification de 1914 entreprises dont 70 % sont toujours en activité. 50 % de ces firmes sont issues de la recherche publique. 430 millions d’euros ont ainsi été attribués, plus de 22 116 candidats ont participé à l’événement et 3 412 lauréats ont été récompensés. Pour la 20e édition, quatorze entreprises ont été distinguées avec des Grands Prix. Ces trophées sont décernés aux sociétés qui portent un projet inscrit dans l’un des dix grands défis sociétaux définis par l’agenda «France-Europe 2020» comme le renouveau industriel, la sécurité alimentaire, la mobilité et les systèmes urbains durables. Avec cette récompense, les firmes seront toutes accompagnées par un entrepreneur qui les soutiendra dans leur développement, notamment pour réaliser une première levée de fonds ou lancer leur produit sur le marché. De la console de jeu de société à l’imprimante 3D en passant par des routes connectées, autant de projets novateurs portés par des entreprises et start-up.
Altaroad et ses routes connectées
Créée en 2017 par Cécile Villette, Rihab Jerbi et Bérengère Lebental, la start-up Altaroad propose une technologie qui crée des routes connectées, afin de rendre les infrastructures durables. Développée via des recherches à l’École polytechnique, au CRNS et au l’IFSTTAR (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, ndlr), elle repose sur un réseau de capteurs brevetés enfouis dans les routes. Ces capteurs sont capables de recueillir une série de données, qui seront alors analysées par des algorithmes auto-apprenants. Ils mettent en lumière plusieurs caractéristiques de la route, permettant de la réparer au bon moment. Ils peuvent également surveiller les flux de trafic, détecter tout type de véhicules avec leurs trajectoires et leur poids ainsi qu’anticiper les situations dangereuses. L’entreprise vise avec sa technologie, à fournir un service d’aide à la décision pour les logisticiens de la route, les constructeurs et les gestionnaires du trafic urbain. Cette solution permet des gains potentiels de 5 % du coût des chantiers et une amélioration des coûts de maintenance des routes jusqu’à 30 %. La start-up souhaite dans l’avenir, s’étendre à d’autres usages, notamment avec les voitures autonomes.
Microlight3D et sa technologie de micro-impression 3D
Lancée en décembre 2016 par Denis Barbier, Gabriel Gonzalez, Philippe Paliard et Michel Bouriau, la start-up grenobloise Microlight3D élabore et fabrique des imprimantes en trois dimensions de très haute précision pour des micro-pièces en plastique. La société se base sur une technologie formée en 2012, dans un laboratoire de recherche de l’université Grenoble-Alpes où travaillait Michel Bouriau. Les machines ont deux particularités, celle d’utiliser une résolution d’écriture inférieure au micron (unité de mesure de la longueur qui sert à mesurer des objets ou des organismes vivants visibles au microscope, ndlr) qui se base sur la photopolymérisation (assemblage de plusieurs molécules identiques afin d’en former une plus grosse, ndlr) et celle de pouvoir écrire sur des matériaux biologiques comme des protéines ou du collagène. L’imprimante peut alors servir pour les chercheurs et ingénieurs de biologie cellulaire, les fabricants d’implants médicaux, ainsi que les médecins. Elle permet par exemple de créer en 3D des micro-squelettes qui enveloppent les cellules du corps humain, important dans la médecine régénératrice. Les machines sont adaptées aux budgets des laboratoires et des entreprises, avec un prix qui oscille entre 100 000 et 500 000 euros. Selon la start-up, elles sont deux fois moins chères que d’autres solutions de micro-impression. Pour montrer ce que leur technologie est capable de faire, l’entreprise a marqué les esprits en janvier dernier en imprimant leurs vœux du Nouvel An sur un cheveu de 0,1 mm d’épaisseur.
Wizama et sa console de jeu de société
Fondée en 2017 par Franck Botta, Florent Guitton et Damien Botta, la start-up bretonne Wizama développe une console de jeu de société connectée. Passionnés de jeux de société et des jeux vidéo, les fondateurs souhaitent avec leur création, rassembler les générations afin de leur faire partager des moments amusants et ludiques ainsi que découvrir une nouvelle expérience de jeu mêlant tradition et numérique. La console est composée d’un plateau de jeu avec écran tactile et d’objets connectés comme des cartes, des dés et des pions. Un magasin en ligne permet aux utilisateurs d’accéder à un catalogue de jeux, dont les contenus sont issus de l’entreprise ou d’éditeurs et de studios de jeux partenaires. Six partenariats ont déjà été mis en place. Des fonctionnalités que l’on retrouve souvent dans les jeux vidéo sont disponibles : le joueur peut alors sauvegarder ses parties, modifier son profil et changer de langue. Les premiers prototypes ont été testés dans des salons professionnels et publics tels que le Salon International du Jouet à Nuremberg et le Stunfest, festival des cultures vidéo-ludiques à Rennes. Avec le financement du concours I-LAB, la start-up souhaite mettre en œuvre la commercialisation de son produit.
Les start-up distinguées par ce concours touchent donc des domaines particuliers, mais ont toutes un point en commun, celui de proposer des produits ou des services sur la base d’innovations de rupture. Ce sont des entreprises de la Deep Tech, fondées sur des avancées scientifiques, techniques et technologiques. Pour soutenir et investir dans ces sociétés, le gouvernement français a annoncé fin juin le lancement d’un fonds d’investissement, French Tech Seed, géré par Bpifrance et doté de plus de 400 millions d’euros.