Le PEA est l’enveloppe la plus populaire et la plus avantageuse fiscalement pour investir en Bourse lorsque l’on est un particulier français. Outil incontournable de l’actionnariat individuel français, le PEA est donc un bon indicateur des grandes tendances à l’œuvre sur les marchés financiers européens en général et la place boursière parisienne en particulier. Quels impacts la crise sanitaire a-t-elle eue sur les cours de Bourse et l’exposition des investisseurs ?
Découvrez dans cet article les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur l’épargne des Français, leur exposition au marché actions et leur recours au PEA. Retrouvez aussi quelle conduite tenir en cas de récession sur les marchés financiers : les titres à envisager et ceux dont il vaut mieux se débarrasser.
Le krach boursier baisse-t-il l’épargne des Français ?
La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a entraîné un confinement des populations dans de très nombreux pays. S’en est suivi un très fort ralentissement de l’activité économique et une mise à l’arrêt quasi-totale de certains secteurs particulièrement touchés qui ne pourront envisager une reprise, au mieux, qu’au second semestre 2020, comme le secteur du tourisme et de l’hôtellerie-restauration par exemple. Cette baisse de l’activité a évidemment eu une répercussion importante sur les marchés financiers : les différentes places boursières du globe ont enregistré des chutes significatives et, sur les marchés devenus baissiers, planent les perspectives d’une récession.
Les Français investis en Bourse au travers d’un PEA mais aussi d’un compte-titres ou encore au travers des supports en unités de compte de leur contrat assurance-vie ont donc potentiellement perdu une partie de leur capital. Néanmoins, ce confinement a aussi entraîné une épargne forcée, évaluée à 55 milliards d’euros en France. Or, ce n’est pas d’épargne dont l’économie a aujourd’hui besoin mais d’investissement comme le soulignait récemment Bruno Le Maire. Les Français abandonneront-ils pour autant les placements à capital garanti pour se tourner vers les marchés actions et alimenter compte-titres et compte PEA ?
Quels impacts sur le PEA ?
La crise liée au Covid-19 a eu un effet inattendu sur l’exposition des Français aux marchés financiers. Est-ce dû aux commentaires de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher qui début mars confiait « c’est le moment de faire de bonnes affaires en Bourse » ? Toujours est-il que plus de 150 000 investisseurs français ont fait leur entrée sur les marchés au moment de la crise du Covid-19. C’est du moins ce qui ressort d’une étude de l’AMF publiée en avril 2020 et intitulée Comportement des investisseurs particuliers pendant la crise Covid-19.
Si de nombreux investisseurs détenant un PEA depuis de nombreuses années peuvent déplorer des pertes latentes, ce n’est pas forcément le cas de nouveaux entrants qui ont investi au moment de la baisse. Du moins pour le moment !
Faut-il ouvrir un compte PEA en période de récession ?
Ouvrir un PEA en période de récession, est-ce une bonne idée ? En effet, on peut se demander s’il est judicieux d’ouvrir un PEA dès lors qu’une crise économique survient. Les Français qui ont ouvert un compte PEA au moment du plongeon des indices l’ont sans doute, pour beaucoup, fait dans l’optique d’un market timing avantageux, c’est-à-dire avec la volonté d’entrer sur des plus bas afin d’ensuite profiter de la hausse et de revendre sur des plus hauts. Cependant, ce n’est pas aussi simple que cela. En effet, le market timing est toujours hasardeux et peu fiable. On ne sait pas en effet quand les cours repartiront à la hausse et dans combien de temps ils atteindront des niveaux identiques à l’avant-crise. Mieux vaut donc avoir beaucoup de temps devant soi et vouloir investir dans la durée. Le meilleur moyen d’investir sur les marchés boursiers et de remplir son PEA ou son compte-titres est encore d’y investir une somme d’argent à intervalles réguliers (tous les mois ou tous les trimestres par exemple) et dans la durée (sur 5, 10, 15, 20 ans ou plus).
Il peut être intéressant pour le particulier d’ouvrir un compte en période de récession pour profiter du rebond. Mais attention, cela nécessite un horizon d’investissement long et une aversion au risque limitée. Il est possible en effet que les cours, soumis à une forte volatilité, fassent le yoyo pendant de longs mois, voire des années, avant de repartir à la hausse.
Y-a-t-il des actions à privilégier pour débuter ?
En période de récession, mieux vaut opter pour des valeurs sûres. Le PEA étant limité aux valeurs dont le siège social est situé dans l’Union Européenne, il pourra être opportun de se positionner sur les poids lourds du CAC 40 ou de l’Eurostoxx 50, au travers d’ETF sur ces indices par exemple.
Mais si vous avez le temps et les compétences, il est aussi possible de sélectionner vous-mêmes les titres vifs de grandes sociétés au bilan solide, peu endettées, dont la croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices s’inscrit dans la durée et qui ont quelques dizaines voire quelques centaines d’années d’existence et ont été à même de traverser des crises précédemment.
Que faut-il faire des actions qui chutent ?
Faut-il conserver sur son PEA des actions dont le cours dégringole ? Il est plus prudent en période de crise de se débarrasser des titres les plus volatils et appartenant aux secteurs d’activité les plus touchés par la crise. Toutefois, ce n’est pas parce qu’une action voit son prix divisé par deux en quelques mois qu’il faut forcément s’en débarrasser, au contraire. Si les fondamentaux sont bons, que les circonstances actuelles n’ont pas mis à mal le business model, que les avantages concurrentiels sont toujours présents, que la société est solide et a démontré les dernières années qu’elle réalisait une croissance des bénéfices et de son chiffre d’affaires dans la durée, aucune raison de se débarrasser sur titre, vous manqueriez le rebond fort probable. D’ailleurs, il peut également être judicieux d’acheter ce type de titres injustement massacrés et de le loger dans son PEA.
En revanche, il faut absolument se poser la question de conserver dans son compte PEA un titre qui dévisse car la crise a très durement touché son secteur d’activité ou mis à mal son business model.